Le tournoi
olympique d'Atlanta, qui met aux prises seize équipes nationales de
moins de 23 ans renforcées de trois joueurs supplémentaires, donne lieu à
un spectacle souvent enthousiasmant, malgré la chaleur accablante.
C'est sans doute la première fois que le football suscite un tel intérêt
et une telle ferveur lors d'une olympiade. Alors que la première
demie-finale voit la victoire de l'Argentine d'Ayala, Zanetti et Ortega
sur le Portugal grâce à un doublé de Crespo, la seconde oppose le
Nigeria, tombeur du Mexique en quart de finale, au Brésil, qui s'est
difficilement débarrassé du Ghana.
Il va sans dire que le Brésil part nettement favori et que tout le
monde s'attend à un alléchant classique sud-américain en finale. Après
une surprenante défaite initiale contre le Japon, la Seleçao a remporté
tous ses matches, battant notamment le Nigeria en poule. Les Super
Eagles, quant à eux, ont péniblement battu le Japon et la Hongrie lors
du tour préliminaire avant de disposer assez tranquillement d'un faible
Mexique. On les voit mal s'offrir le scalp d'un des grands favoris de la
compétition.
Le
casting présent sur la pelouse est de très haut de gamme. En attaque,
le Brésil aligne un duo d'attaque Bebeto-Ronaldo en grande forme qui a
déjà frappé à six reprises en trois matches, soutenu par Juninho
Paulista, qui évolue alors à Middlesborough. Flavio Conceiçao, futur
joueur du Real Madrid, a enfilé le costume du taulier au milieu, tandis
que le patron de la défense n'est autre qu'Aldaïr, champion du monde
deux ans auparavant avec la Seleçao aux Etats-Unis. Avec les deux
latéraux Roberto Carlos et Ze Maria, l'équipe est remarquablement
pourvue sur les flancs.
L'équipe nigériane regorge de talents offensifs: le surpuissant
Amokachi, Nwankwo Kanu, le géant de l'Ajax, le génial et imprévisible
Okocha, l'insaisissable Babangida. Taribo West, le chouchou de
l'Abbé-Deschamps, tient la baraque en défense centrale aux côtés de Uche
et les excellents Lawal et Amunike, qui seront du Mondial français,
entourent
Okocha dans l'entrejeu. A l'exception du gardien Dosu et de Lawal
(Espérance Tunis), tous les joueurs du onze nigérian évoluent dans des
clubs européens: Anderlecht, Sporting Portugal, Everton, Ajax ou encore
Eintracht Francfort.
Dès
la première minute, le Brésil ouvre le score sur un coup franc de
Conceiçao détourné par le mur, mais Roberto Carlos égalise contre son
camp vingt minutes plus tard suite à un joli travail de Babayaro côté
droit. La Seleçao marque deux nouveaux buts avant la pause par Bebeto,
qui profite d'une belle frappe croisée de Ronaldo repoussée par Dosu, et
Conceiçao, au terme d'une superbe action collective. A douze minutes de
la fin, le Brésil mène encore par deux buts d'avance quant le
Monégasque VIctor Ikpeba, rentré en jeu à la place d'Amunike à la pause,
réduit le score d'une frappe puissante des vingt mètres. C'est alors
que commence le festival Nwankwo Kanu.
Dans
les arrêts de jeu, l'attaquant de l'Ajax réussit un superbe
enchaînement dans une forêt de jambes pour égaliser de près et décrocher
une prolongation. Alors que celle-ci n'a commencé que depuis trois
minutes, il hérite d'un ballon dans l'axe aux vingt-cinq mètres,
met dans le vent la charnière centrale adverse et trompe Dida d'une
belle frappe croisée. Grâce à ce but en or qui ponctue un retour de
folie, le Nigeria tape le favori brésilien et se qualifie pour la finale
du tournoi olympique.
En
finale, devant plus de 80 000 spectateurs, les Super Eagles prennent le
meilleur sur l'Argentine au terme d'un nouvelle rencontre de toute
beauté. Par deux fois, l'Albiceleste mène au score, et par deux fois, le
Nigeria égalise par Babayaro et Amokachi. Dans les arrêts de jeu,
Amunike profite d'une mauvaise montée de la défense argentine sur un
coup franc frappé de la gauche pour battre Cavallero de près et offrir
le titre au Nigeria. L'entraîneur néerlandais Jo Bonfrere a effectué
trois changements par rapport à la demie-finale et choisi de titulariser
Okechukwu, Ikpeba et Oliseh. Entre la 60ème et la 70ème, alors que son
équipe est menée au score, il fait rentrer Lawal, Oruma et Amunike, qui
apportent fraîcheur et technique et font basculer la rencontre.
Etrangement, alors qu'il dispose d'un banc de grande qualité (Gallardo,
Pineda), Passarella n'effectue qu'un seul changement en remplaçant
Morales par SImeone à la 58ème. Si le Nigeria, emmené par ses artistes, a
pratiqué un jeu offensif et attrayant, il doit aussi son succès à un
entraîneur qui a su gagner la bataille tactique et prendre des risques
au bon moment.31 juillet 1996, Sanford Stadium, Athens: Nigeria 4 - Brésil 3
Buts: Flavio Conceiçao (1, 38), Bebeto (28), Roberto Carlos (20, csc), Ikpeba (78), Kanu (90, 94)
Brésil:
Dida - Ze Maria - Aldaîr - Guiaro - Roberto Carlos - Amaral - Ze Elias -
Conceiçao - Juninho Paulista (Rivaldo 67) - Bebeto - Ronaldo
Nigeria:
Dosu - Oparaku (Oruma 82) - Uche - West - Babayaro - Lawal - Amunike
'(Ikpeba 45) - Okocha - Kanu - Babangida (Fatusi 67) - Amokachi
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