mardi 6 septembre 2016

Le Borussia tourne la page

Une nouvelle ère s'ouvre pour le Borussia Dortmund, club admirable et respectable sur bien des plans, mais qui semble condamné à perdre régulièrement ses meilleurs éléments, au profit du tout-puissant Bayern ou des grosses fortunes de Premier League. Après Lewandowski, ce sont Hummels, Gündogan et Mkhitaryan qui se sont fait la malle : un gros joueur par ligne, rien que ça. Avec ces trois départs, le Borussia perd son patron de défense, son meilleur créateur-régulateur-relayeur au milieu et l'un des ses principales armes offensives (25 pions et autant de passes décisives toutes compétitions confondues en 2015-2016). Après un magnifique dernier exercice (Dortmund fut le meilleur deuxième de l'histoire de la Bundesliga), l'équipe se relance à l'assaut du titre et du Bayern avec sans doute moins de certitudes et moins d'atouts, et une question en tête qui hante sans doute l'entraîneur et les dirigeants : n'est-elle pas malheureusement programmée d'avance à faire un très beau deuxième ? Gageons qu'une vaste majorité des footophiles (et même des footophobes) répondraient par l'affirmative à cette question.


Le Bayern reste sur quatre titres consécutifs et a démarré sa saison en en collant six au Werder, toujours prêt à prendre une raclée contre les Bavarois. Sous la houlette d'Ancelotti, le style du Bayern va évoluer pour s'appuyer davantage vers la contre-attaque, se faire peut-être plus pragmatique et efficace. Avec le trio Neuer-Boateng-Hummels, l'équipe peut se permettre de laisser venir et de lancer son impressionnante armada offensive à l'assaut des buts adverses : Douglas Costa, Ribéry, Robben, Lewandowski, Müller, Coman,... La première confrontation entre les deux grands favoris pour le titre aura lieu à l'occasion de la onzième journée, le 19 novembre 2016, au Westfalenstadion. D'ici là, le Borussia aura dû affronter Wolfsburg, Leverkusen et Schalke 04 en Bundesliga, ainsi que le Real et le Sporting Portugal en Champions League. Si le Bayern dispose de six points ou plus d'avance après le choc de novembre, les espoirs de titre de Dortmund auront déjà du plomb dans l'aile.


Trois problèmes principaux se posent au Borussia dans l'optique de sa rivalité avec le Bayern : le manque de talent à certains postes, le peu de profondeur du banc et la relative jeunesse de l'effectif. En défense centrale, Sokratis peut tenir la boutique, mais le recrutement de Marc Bartra suscite des interrogations. Un joueur qui ne s'est jamais imposé au Barça et que le club catalan a laissé partir peut-il réellement remplacer Hummels ? Les deux joueurs ont un style similaire (élégance, goût de la relance propre, aisance technique) mais le néo-Bavarois offre davantage de garanties dans le duel d'homme à homme. La saison de Dortmund dépendra en grande partie des performances de Bartra et de sa complémentarité avec Sokratis. De même, le niveau général des latéraux est plutôt bon, mais entre Piszczek, Park, Durm et Guerreiro, personne ne sort véritablement du lot. En attaque, l'équipe a de la gueule sur le papier, mais ni Schürrle ni Götze n'ont confirmé les espoirs placés en eux, Dembélé débarque et Reus est souvent blessé. Par conséquent, le risque d'une Aubameyang-dépendance est très élevé, et un pépin pour le Gabonais serait une catastrophe.


Titulaire au milieu de terrain, Julian Weigl, bien que très talentueux et précoce, n'a que vingt ans, et Ginter, qui prétendra à une place en défense centrale, 22 ans. Une vingtaine de joueurs ont entre 18 et 25 ans, parmi lesquels Dembélé, le gardien Bürki, Sarr, Emre Mor, ou l'Américain Pulisic. Les cadres se nomment Piszczek, Schmelzer, Sokratis, Bender et Kagawa, qui ont tous moins de 28 ans, alors que le Bayern peut s'appuyer sur des tauliers nommés Neuer, Xabi Alonso, Ribéry, Lahm ou Robben, qui ont tous passé la trentaine. L'équation semble insoluble pour Dortmund, contraint à s'appuyer sur des jeunes et à se faire invariablement piller par le Bayern une fois les produits maison arrivés à maturité. Il s'agit d'une lutte forcément inégale, comme si l'AJA époque Guy Roux cherchait à titiller le PSG d'aujourd'hui. Néanmoins, cette équipe du Borussia ne manque pas d'arguments et devrait une nouvelle fois proposer un football tourné vers l'offensive, rapide, à la fois ambitieux, intense et spectaculaire. Bayern ou pas, le BVB sera toujours une équipe intéressante et agréable à suivre, et nous lui souhaitons le meilleur.

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