mardi 11 juin 2024

Portugal, l'embarras du choix

Vainqueur de l'Euro 2016 en France malgré la blessure de Cristiano Ronaldo en finale, éliminé par la Belgique en 2021 en huitièmes, sorti en quart de finale du Mondial 2022 par le Maroc, le Portugal, équipe très complète et armée dans toutes les lignes, se présente parmi les favoris du prochain Euro après un parcours immaculé en éliminatoires (10 victoires en 10 matches, 36 buts marqués pour 2 encaissés). Remarquables produits d'exportation, les joueurs portugais font le bonheur des plus grands clubs européens (City, United, PSG, Barcelone, Liverpool, Milan AC) et forment une sélection très compétitive où prédomine une grande qualité technique d'ensemble. De la charnière centrale au poste d'avant-centre, la formation portugaise ne présente pas de point faible notable sur le papier et possède à la fois une impressionnante force de frappe offensive et une solide assise défensive. Malgré la défaite concédée en match amical à domicile contre la Croatie, qui a pu semer le doute dans les esprits (en groupe de qualifications, les partenaires de CR7 ne s'étaient frottés qu'à la Slovaquie, l'Islande, la Bosnie-Herzégovine, le Liechtenstein et le Luxembourg), tout laisse à penser que le Portugal devrait aisément s'extraire d'un groupe relativement tranquille composé de la Slovaquie, de la Géorgie et de la République Tchèque. Il devrait ensuite croiser la route de la Serbie ou du Danemark avant d'affronter les Pays-Bas en quarts et éventuellement l'Allemagne en demi-finale. Lors de la dernière compétition disputée en Allemagne, la Coupe du Monde 2006, les Portugais s'étaient hissés jusqu'en demi-finale, seulement battus sur un penalty de Zidane.

 

Aux côtés de l'inamovible Ruben Dias, au sommet de son art à 27 ans et qui vient de glaner son quatrième titre de champion consécutif avec City, Roberto Martinez peut choisir d'aligner Gonçalo Ignacio, champion du Portugal avec le Sporting et convoité par Manchester United ou le vétéran Pepe, auteur d'une saison pleine avec Porto à 41 ans, voire Danilo Pereira, qui peut aussi rendre des services au milieu, ou encore la pépite Antonio Silva, sur qui lorgne notamment le PSG. Sur les côtés de la défense, le sélectionneur portugais a l'embarras du choix avec Diogo Dalot et Nelson Semedo à droite et le remarquable binôme Nuno Mendes-Joao Cancelo à gauche. Alors que d'autres sélections, comme la France avec Koundé ou la Croatie avec Gvardiol, doivent se contenter d'aligner des défenseurs centraux contrariés sur les flancs de la défense, le Portugal possède dans ses rangs de véritables spécialistes du poste, qui un peu à la manière des arrières latéraux brésiliens brillent souvent davantage par leur qualités de percussion et de contre-attaquant que par leur solidité défensive. Doté d'un véritable instinct offensif, Dalot peut évoluer aussi bien à droite qu'à gauche, tandis que Nuno Mendes, parfois en difficulté sur les situations de un contre un, est un véritable dragster et que Cancelo peut très bien s'insérer au cœur du jeu et faire parler sa grande qualité de passe et de centre. Comme le Portugal aime plutôt maîtriser la possession, le dédoublement des latéraux peut s'avérer une arme redoutable.

 

Au milieu de terrain, Vitinha, auteur d'une saison de toute beauté avec le PSG (il est d'ailleurs le seul joueur parisien à figurer dans l'équipe-type de l'année en Champions League), a pris de l'épaisseur et postule à une place de titulaire, d'autant que son principal concurrent Otavio a dû déclarer forfait pour le tournoi. Au sein de son 4-3-3, Martinez place l'ancien joueur du FC Porto sur le côté gauche du milieu et confie le rôle de récupérateur à Joao Palhinha, milieu de terrain de Fulham dont la valeur marchande est estimée à 60 millions d'euros et qu'on dit en passe de rejoindre le Bayern Munich. Le dernier membre du trio du milieu, Bruno Fernandes, est le véritable playmaker et le dépositaire du jeu de l'équipe. Auteur de 10 buts et 8 passes décisives avec United en Premier League, le milieu de terrain a signé l'une des meilleures saisons de sa carrière et joue le rôle de gare de triage dans l'entre-jeu portugais, dirigeant la manœuvre, dictant le tempo, trouvant ses attaquants dans les pieds ou dans la profondeur, se montrant aussi à l'aise dans le jeu court que dans les échanges longs et accessoirement remarquablement à l'aise dans l'exercice du penalty. Ces trois-là devraient accumuler les minutes et ne laisser que des miettes aux remplaçants Joao Neves, Matheus Nunes et Ruben Neves.

 

Les options à la disposition de Martinez s'avèrent également nombreuses en attaque, puisque tous les postes sont doublés voire triplés. A droite, le titulaire probable se nomme Bernardo Silva, qui fêtera très probablement sa 90ème sélection face à la Tchéquie le 18 juin, mais il ne faut pas négliger la concurrence de Francisco Conceiçao, fils de Sergio et grande révélation portugaise de la saison avec le FC Porto, qui a été appelé pour la première fois en sélection fin mars. A gauche, l'explosif Rafael Leao, véritable machine à dribbler et centrer, auteur de 9 buts et 9 passes décisives en Serie A avec le Milan AC, tient clairement la corde devant Joao Felix, qui devrait être utilisé dans un rôle de supersub, lui qui tend à se chercher depuis son énorme transfert à l'Atletico Madrid en 2019. Enfin, reste à savoir qui Martinez titularisera dans l'axe, entre Cristiano Ronaldo, figure emblématique de la sélection mais qui commence à faire son âge à 39 ans, Gonçalo Ramos, qui sort d'une saison frustrante avec le PSG mais qui avait signé un triplé face à la Suisse au Qatar et possède de solides statistiques en équipe nationale (8 buts en 13 sélections), et Diogo Jota, qui a claqué 13 buts en 26 rencontres avec Liverpool. Il s'agit d'un problème de riche dont beaucoup de sélectionneurs s'accommoderaient et le Portugal s'annonce assurément comme l'une des formations les plus intimidantes de la compétition.


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