
Ce
scénario, guère impossible sur le papier, paraît néanmoins peu
probable. Que Schalke, porté par un public en ébullition, vienne à bout
de ses adversaires du jour ne constituerait pas un exploit, mais
Hambourg, seulement vainqueur à huit reprises à domicile, semble
difficilement en mesure de se payer le Bayern. En outre, les hommes de
Pagelsdorf, malgré une saison médiocre (40 points en 33 journées), sont à
l'abri d'un risque de relégation et n'ont plus rien à gagner ni à
perdre. Dans la Ruhr, on ose croire qu'Hambourg, qui aura les yeux du
pays braqués sur lui, jouera le jeu et tirera avantage de l'absence de
pression.
Hitzfeld
aligne un onze des plus classiques pour ce match crucial, même s'il a
choisi de blinder son axe central avec le trio Linke-Kuffour-Andersson,
encadré par Sagnol et Lizarazu sur les flancs. Effenberg, Scholl et
Hargreaves, titulaires habituels au milieu, sont chargés de gratter les
ballons et d'alimenter le duo Elber-Jancker, auteur de 27 buts en
championnat. Si leur adversaire du jour n'a rien d'un monstre, il
possède dans ses rangs quelques joueurs de qualité, comme les deux
internationaux tchèques Marek Heinz, buteur face à l'Allemagne lors de
l'Euro 2004, et Tomas Ujfalusi, le remuant Iranien Mahdavikia, le
Bosnien Barbarez ou le danois Stig Töfting, toujours prêt à martyriser
les chevilles adverses. Les deux équipes disposent d'un potentiel
physique et d'une
puissance impressionnantes et ne cachent pas leur goût pour le duel et
le combat. On ne s'attend ni à un match de ballerines ni à un jeu léché à
une touche de balle sur la pelouse du Volksparkstadion, mais plutôt à
un choc de poids lourds.

A
Gelsenkirchen, les joueurs de Schalke font le boulot et s'imposent 5-3
face à Unterhaching au terme d'un match plus compliqué que prévu. Menés
2-1 à la 70ème, ils parviennent à renverser la marque dans les vingt
dernières minutes grâce à Jörg Böhme et Ebbe Sand. A la 90ème, le score
est toujours vierge à Hambourg, et le Bayern semble tenir le nul qui
suffit à son bonheur, lorsque Barbarez donne l'avantage aux locaux. Sur
le banc du Bayern, la consternation et la déception se lisent sur les
visages, tandis que les supporters de Schalke 04 se laissent aller à
l'euphorie et envahissent la pelouse. Mais le Bayern n'est pas disposé à
jouer les dindons de la farce.
A
la 94ème, il obtient un coup franc indirect dans la surface pour une
passe en retrait volontaire saisie à deux mains par le gardien Schober
qui, ironie du sort, est prêté par Schalke. C'est la dernière chance des
champions en titre, et même Oliver Kahn monte à l'assaut du but
adverse. Effenberg décale Andersson, dont la frappe traverse une forêt
de jambes avant de terminer sa course au fond des filets. Héros
improbable de ce final haletant, le Suédois permet à son équipe de
repasser définitivement en tête du classement. Tout à leur joie, les
joueurs de Schalke 04 restent incrédules à l'annonce de l'égalisation
bavaroise. Le titre qu'il croyaient acquis vient de leur passer sous le
nez. Sonnés, ils n'ont été premiers que quatre minutes.
Cette incroyable dernière journée de la saison 2000-2001 reste un des épisodes les plus marquants du football européen de ces dix dernières années et un des chapitres les plus cruels de l'histoire de Schalke 04. Le club, sacré champion pour la dernière fois en 1958 et quatre fois deuxième au cours des années 2000, a de quoi se croire victime d'une véritable malédiction et entretenir un fameux complexe d'infériorité face au Bayern, sacré à vingt-deux reprises.
Quatre jours seulement après la rencontre mémorable à Hambourg, les
Bavarois remportent la Champions League aux tirs aux buts face à Valence
et effacent en partie le cauchemar de 1999. En une semaine, ils ont été
à deux doigts de tout perdre, mais signent au bout du compte un superbe
doublé qui figure en bonne place dans la légende du club. Malgré son
historique domination, il ne faudrait pas croire que gagner le titre
relève de la formalité pour le Bayern. Depuis 2001, quatre autres
équipes (Dortmund, Brême, Stuttgart et Wolfsburg) ont remporté un
championnat qui risque fort d'échapper aux partenaires de Robben cette
saison.
19 mai 2001, Volksparkstadion, Hambourg: Hambourg SV 1 - Bayern Munich 1
Buts: Barbarez (90), Andersson (94)
Hambourg
SV: Schober - Hertzsch - Hollerbach - Hoogma - Kientz (Bester 77) -
Ujfalusi - Mahdavikia (Fischer 93) - Töfting - Präger (Yilmaz 77) -
Heinz - Barbarez
Bayern
Munich: Kahn - Lizarazu - Andersson - Kuffour - Linke - Sagnol -
Hargreaves - Effenberg - Scholl (Paulo Sergio 68) - Jancker (Zickler 77)
- Elber (Santa Cruz 88)
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