dimanche 9 octobre 2016

Matuidi, le retour en grâce

Les médias et les essepères du fouteballe sont toujours prompts à s'abattre sur Matudi, qui est aussi l'une des cibles favorites des pauvres types qui n'ont rien d'autre à foutre de leurs misérables journées que de venir cracher leur venin sur les forums et directs. Hey les rageux, au lieu de laisser libre à cours à vote haine gratuite sur les sites des autres, créez donc le vôtre et essayez sans doute vainement d'exprimer votre vision si lumineuse dans un français correct et avec un argumentaire pertinent. Ou laissez un commentaire intelligent sur le présent papier, que vous ne lirez sans doute pas, parce que vous êtes trop occupés à rôder dans des lieux plus peuplés. Vous avez le droit de ne pas être d'accord, de gueuler, de protester, de pester, mais faites-le avec talent et humour, cela changera. Et arrêtez de croire que Schopenhauer et Nietzsche formaient la charnière centrale de la RFA dans les années 60, car nous avons le regret de vous informer que vous êtes dans l'erreur. Ce n'est pas parce qu'on aime passionnément le football qu'on est obligé d'être inculte et illettré. Au contraire, avons-nous envie de dire (et quand nous avons envie de dire quelque chose, nous ne nous faisons pas prier généralement). Mais revenons à ce bon Blaisou, après cette digression intempestive (deux définitions à consulter dans le dictionnaire, c'est beaucoup pour un dimanche). 




Essayons d'établir la liste des reproches régulièrement adressés au joueur du PSG et des Bleus : trop frustre techniquement, trop faiblard dans le jeu de passes et la construction, incapable de réussir un contrôle, trop limité pour un milieu de terrain dit « moderne ». Matuidi ne serait qu'un marathonien, un cheval de course, une bête de somme inépuisable capable de s'époumoner et de gratter inlassablement des ballons aux quatre coins du terrain pour mieux les perdre ou les filer à Verratti à cinq mètres. Il serait un récupérateur exclusif, qui n'apporterait strictement aucune plus-value au jeu de l'équipe en phase de possession. Certains le trouvent indignes d'une place de titulaire en sélection (les mêmes sans doute qui considèrent Pogba comme indispensable et un futur Ballon d'Or en puissance) et voient en lui une sorte d'anomalie au sein de l'entre-jeu parisien, désormais réputé pour sa faculté à conserver la chique et briller dans l'art de l'aiguillage et du jeu placé. Il va sans dire que tout ceci relève de la caricature pure et simple et du jugement hâtif, et que l'accusé Matuidi mérite qu'on le défende. Nous l' allons tenter tout à l'heure.




Il est vrai que Deschamps a un penchant certain pour le physico-physique, mais cela ne veut pas dire que Matudi doit ses capes en bleu uniquement à sa densité dans les duels et son volume de jeu, même si la quantité de boulot qu'il abat devrait déjà lui valoir un minimum de respect. Il a démontré à maintes reprises qu'il était capable de se projeter efficacement vers l'avant, qu'il était loin d'être maladroit devant le but (il a même planté quelques pions absolument superbes) et qu'il pouvait participer à l'élaboration du jeu. Le PSG de Blanc a fondé ses succès sur la mainmise de son milieu de terrain à trois, et Matuidi n'a jamais fait tache aux côtés de Motta et Verrratti. S'il ne pose pas des transversales de cinquante mètres, il sait mettre une première passe propre, et surtout, il ne cherchera jamais à en mettre plein les mirettes à tout le monde et à tenter des gestes qu'il ne maîtrise pas.

Il s'agit d'un joueur qui a progressé régulièrement à force de volonté (qui aurait misé une pièce sur lui à son arrivée à Paris ?), en appuyant sur ses points forts et en gommant au maximum ses lacunes. Il ne casse pas toujours la baraque, mais il fait toujours le métier et apporte des garanties solides aussi bien sur la scène européenne en club que sous le maillot bleu. Que ce soit face au Barça, au Real ou à l'Allemagne et l'Espagne, nous n'avons jamais eu le sentiment qu'il n'était pas au niveau. A l'heure qu'il est, Matuidi a prouvé plus de choses que certains de ses pairs sur lesquels on s'extasie à longueurs de colonnes. Les dirigeants de la Juve auraient-ils été prêts à mettre trente millions sur un maçon ?




Rien n'a jamais été gagné d'avance pour lui, mais il a toujours fini par convaincre entraîneurs et sélectionneurs, parce qu'il fait le taf sans broncher, qu'il joue où on lui dit de jouer et applique les consignes à la lettre. Depuis le début de saison, et alors qu'il semblait au creux de la vague après so transfert avorté, il a joué faux ailier gauche ou au sein d'un milieu à trois classique pour Emery, et comme binôme de Pogba dans le 4-2-3-1 de Deschamps. Il s'est toujours plutôt bien acquitté de ses tâches, même si certains n'ont pas manqué de faire la fine bouche. 

Le problème pour ses détracteurs, c'est que Matuidi appartient à cette catégorie de joueurs qui savent courber l'échine et serrer les dents pour mieux revenir fort et faire fermer les bouches. Il sait qu'il ne peut pas s'appuyer sur une classe folle ou un talent naturel hors normes et qu'il lui faudra jusqu'au bout de sa carrière arracher sa place à force de courage, de sueur et d'abnégation. Alors qu'on le pensait sur le départ, il a su s'imposer aux yeux d'Emery. Kanté reste sur une saison magnifique avec Leicester et un bon Euro, mais c'est bien Blaisou qui a débuté contre la Bulgarie. Que l'on aime Matuidi ou non, qu'on lui préfère untel ou untel, qu'on lui attribue toutes les tares possibles et imaginables, il faut lui reconnaître une qualité inestimable qui fait la beauté de son parcours et force l'admiration : il ne lâche pas l'affaire facilement.


1 commentaire:

  1. tout à fait d'accord avec votre remarque concernant les haineux et frustrés de toutes sortes. Il suffit pour s'en convaincre d'aller faire un tour sur le site de L'Equipe pour constater le ton agressif, intolérant, méprisant et o combien superfétatoire des commentaires qui s'y trouvent!

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