Les médias et les essepères du
fouteballe sont toujours prompts à s'abattre sur Matudi, qui est
aussi l'une des cibles favorites des pauvres types qui n'ont rien
d'autre à foutre de leurs misérables journées que de venir cracher
leur venin sur les forums et directs. Hey les rageux, au lieu de
laisser libre à cours à vote haine gratuite sur les sites des
autres, créez donc le vôtre et essayez sans doute vainement
d'exprimer votre vision si lumineuse dans un français correct et
avec un argumentaire pertinent. Ou laissez un commentaire intelligent
sur le présent papier, que vous ne lirez sans doute pas, parce que
vous êtes trop occupés à rôder dans des lieux plus peuplés. Vous
avez le droit de ne pas être d'accord, de gueuler, de protester, de
pester, mais faites-le avec talent et humour, cela changera. Et
arrêtez de croire que Schopenhauer et Nietzsche formaient la
charnière centrale de la RFA dans les années 60, car nous avons le
regret de vous informer que vous êtes dans l'erreur. Ce n'est pas
parce qu'on aime passionnément le football qu'on est obligé d'être
inculte et illettré. Au contraire, avons-nous envie de dire (et
quand nous avons envie de dire quelque chose, nous ne nous faisons
pas prier généralement). Mais revenons à ce bon Blaisou, après
cette digression intempestive (deux définitions à consulter dans le
dictionnaire, c'est beaucoup pour un dimanche).
Essayons d'établir la liste des
reproches régulièrement adressés au joueur du PSG et des Bleus :
trop frustre techniquement, trop faiblard dans le jeu de passes et la
construction, incapable de réussir un contrôle, trop limité pour
un milieu de terrain dit « moderne ». Matuidi ne serait
qu'un marathonien, un cheval de course, une bête de somme
inépuisable capable de s'époumoner et de gratter inlassablement des
ballons aux quatre coins du terrain pour mieux les perdre ou les
filer à Verratti à cinq mètres. Il serait un récupérateur
exclusif, qui n'apporterait strictement aucune plus-value au jeu de
l'équipe en phase de possession. Certains le trouvent indignes d'une
place de titulaire en sélection (les mêmes sans doute qui
considèrent Pogba comme indispensable et un futur Ballon d'Or en
puissance) et voient en lui une sorte d'anomalie au sein de
l'entre-jeu parisien, désormais réputé pour sa faculté à
conserver la chique et briller dans l'art de l'aiguillage et du jeu
placé. Il va sans dire que tout ceci relève de la caricature pure
et simple et du jugement hâtif, et que l'accusé Matuidi mérite
qu'on le défende. Nous l' allons tenter tout à l'heure.
Il est vrai que Deschamps a un penchant
certain pour le physico-physique, mais cela ne veut pas dire que Matudi doit
ses capes en bleu uniquement à sa densité dans les duels et son
volume de jeu, même si la quantité de boulot qu'il abat devrait
déjà lui valoir un minimum de respect. Il a démontré à maintes
reprises qu'il était capable de se projeter efficacement vers
l'avant, qu'il était loin d'être maladroit devant le but (il a même
planté quelques pions absolument superbes) et qu'il pouvait
participer à l'élaboration du jeu. Le PSG de Blanc a fondé ses
succès sur la mainmise de son milieu de terrain à trois, et Matuidi
n'a jamais fait tache aux côtés de Motta et Verrratti. S'il ne pose
pas des transversales de cinquante mètres, il sait mettre une
première passe propre, et surtout, il ne cherchera jamais à en
mettre plein les mirettes à tout le monde et à tenter des gestes
qu'il ne maîtrise pas.
Il s'agit d'un joueur qui a progressé
régulièrement à force de volonté (qui aurait misé une pièce sur
lui à son arrivée à Paris ?), en appuyant sur ses points
forts et en gommant au maximum ses lacunes. Il ne casse pas toujours
la baraque, mais il fait toujours le métier et apporte des garanties
solides aussi bien sur la scène européenne en club que sous le
maillot bleu. Que ce soit face au Barça, au Real ou à l'Allemagne
et l'Espagne, nous n'avons jamais eu le sentiment qu'il n'était pas
au niveau. A l'heure qu'il est, Matuidi a prouvé plus de choses que
certains de ses pairs sur lesquels on s'extasie à longueurs de
colonnes. Les dirigeants de la Juve auraient-ils été prêts à
mettre trente millions sur un maçon ?
Rien n'a jamais été gagné d'avance
pour lui, mais il a toujours fini par convaincre entraîneurs et
sélectionneurs, parce qu'il fait le taf sans broncher, qu'il joue où
on lui dit de jouer et applique les consignes à la lettre. Depuis
le début de saison, et alors qu'il semblait au creux de la vague
après so transfert avorté, il a joué faux ailier gauche ou au sein
d'un milieu à trois classique pour Emery, et comme binôme de Pogba
dans le 4-2-3-1 de Deschamps. Il s'est toujours plutôt bien acquitté
de ses tâches, même si certains n'ont pas manqué de faire la fine
bouche.
Le problème pour ses détracteurs, c'est que Matuidi
appartient à cette catégorie de joueurs qui savent courber l'échine
et serrer les dents pour mieux revenir fort et faire fermer les
bouches. Il sait qu'il ne peut pas s'appuyer sur une classe folle ou
un talent naturel hors normes et qu'il lui faudra jusqu'au bout de sa
carrière arracher sa place à force de courage, de sueur et
d'abnégation. Alors qu'on le pensait sur le départ, il a su
s'imposer aux yeux d'Emery. Kanté reste sur une saison magnifique
avec Leicester et un bon Euro, mais c'est bien Blaisou qui a débuté
contre la Bulgarie. Que l'on aime Matuidi ou non, qu'on lui préfère
untel ou untel, qu'on lui attribue toutes les tares possibles et
imaginables, il faut lui reconnaître une qualité inestimable qui
fait la beauté de son parcours et force l'admiration : il ne
lâche pas l'affaire facilement.
tout à fait d'accord avec votre remarque concernant les haineux et frustrés de toutes sortes. Il suffit pour s'en convaincre d'aller faire un tour sur le site de L'Equipe pour constater le ton agressif, intolérant, méprisant et o combien superfétatoire des commentaires qui s'y trouvent!
RépondreSupprimer