Après près d'une décennie glorieuse (huit titres de champion consécutifs entre 2012 et 2020 et deux finales de Champions League en 2015 et 2017), la Juventus de Turin était quelque peu rentrée dans le rang, surpassée sur les scène domestique et continentale par le rival intériste et ne grimpant sur le podium qu'une seule fois, en 2024. La saison dernière, après une première moitié d'exercice plus que moyenne, Tudor était parvenu à redresser quelque peu la barre et assurer l'essentiel, à savoir une place dans les quatre premiers et une qualification pour la plus belle des compétitions de club. Finalement resté sur le banc de la Vieille Dame alors qu'il avait annoncé n'être venu que pour assurer un intérim, le technicien croate est aujourd'hui à la tête d'un effectif qui peut envisager de viser haut en Serie A et de rivaliser avec l'Inter de Chivu. Le recrutement haut de gamme opéré par les dirigeants turinois et les divers retours de blessure dessinent un groupe de joueurs très compétitif qui a commencé son championnat par trois victoires en autant de rencontres (dont une mémorable dans le derby d'Italie) et aborde la Champions League avec un mélange de modestie et d'ambition.
C'est avant tout dans le secteur offensif que les patrons de la Vecchia Signora ont frappé fort, en recrutant coup sur coup Jonathan David, un des attaquants les plus sous-estimés d'Europe (87 buts en 182 matches de Ligue 1 et 12 en 22 rencontres de CL avec le LOSC), l'autre ancienne gloire de Ligue 1 et du Nord Loïs Openda (33 pions et 12 caviars en deux saisons avec le RB Leipzig) et le fantasque et créatif ailier albanais Edon Zhegrova, capable de magnifiques coups d'éclat et d'actions individuelles de grande classe. Sachant que le parfois décevant Dusan Vlahovic, sur lequel la Juve avait mis le pactole début 2022, semble enfin s'être acheté une conduite et mis la tête à l'endroit, et que le jeune prodige turc Kenan Yildiz, dont on entend moins parler que de son compatriote Arda Güler pour la bonne raison qu'il ne porte pas les couleurs du Real, a commencé la saison sur les chapeaux de roue (déjà trois caviars distribués), l'attaque turinoise ne manque vraiment pas de gueule. Il faut aussi considérer l'apport ponctuel de Francisco Conceiçao, international portugais depuis peu.
La rencontre au sommet face à l'Inter a également mis en lumière les nets progrès de Kephren Thuram, qui semble avoir trouvé ses marques après une année d'adaptation pendant laquelle il a souvent tâté du banc de touche. Aux côtés du désormais chevronné Manuel Locatelli (plus de 300 matches de Serie A et 32 sélections au compteur) et de l'épatant milieu néerlandais Teun Koopmeiners, qui semble avoir digéré son transfert en provenance de l'Atalanta Bergame (26 pions sous le maillot noir et bleu), l'international français ne devrait pas laisser sa part au clebs au sein d'un entre-jeu équilibré et complémentaire, à la fois technique et cavaleur, à l'aise balle au pied et travailleur, à l'image des grands milieux de terrain de l'histoire du club (Tardelli, Davids et Marchisio par exemple). Avec Miretti, Kostic et le tout jeune Adzic, buteur décisif contre l'Inter, Igor Tudor ne manquera pas d'options dans ce secteur. On sait que l'ancien coach de l'OM est un fervent tenant du contre-pressing, et le profil de ses milieux devrait lui permettre de mettre ses préceptes en place.
En défense, le retour du très solide et rugueux défenseur central brésilien Bremer, intimidateur en chef qui n'avait pris part qu'à huit rencontres la saison dernière, constitue un autre excellente nouvelle pour l'entraîneur croate. Puissant et dissuasif, redoutable dans le un contre un et dominateur dans les airs, l'ancien du Torino et de l'Atletico Mineiro donne un remarquable assise à l'arrière-garde bianconera aux côtés de Gatti et Kelly, sachant que Kalulu, lui aussi parfaitement acclimaté, et McKennie évoluent un cran légèrement plus haut sur les flancs de la défense au sein d'un 3-5-2 qui peut se muer en 5-3-2 en phase défensive. Là encore, avec quelques internationaux en réserve de la république (les Italiens Rugani et Cambiaso, le Colombien Cabal et le Portugais Joao Mario), Tudor aura tout loisir de pianoter sue son banc et de faire tourner si le besoin s'en faisait sentir. La Juventus attaquera sa Champions League par deux rendez-vous a priori abordables contre le Borussia Dortmund et sur la pelouse de Villareal avant de passer un véritable test à Santiago Bernabeu fin octobre. On en saura alors sans doute davantage sur le réel potentiel d'une équipe qui affiche de jolies promesses et a commencé sa saison sous les meilleurs auspices.




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