Plus de deux ans ont passé depuis l'incroyable deuxième place du RC Lens en championnat, à un petit point d'un PSG d'une autre époque qui comptait dans ses rangs Neymar, Messi et Mbappé. Depuis cet exploit majuscule, signé trois ans seulement après la remontée dans l'élite, le club a vu partir ses deux joyaux Seko Fofana, aujourd'hui à Rennes, et le buteur belge Loïs Openda, avant une véritable saignée voulue par Joseph Oughourlian, propriétaire et président lensois, afin d'assainir les comptes et d'assurer la pérennité financière sang et or (Khasanov, Frankowski, Medina, El-Aynaoui, Diouf, Satriano, Danso, Fulgini). Entre temps, le Racing a aussi dû tourner la page Frank Haise (qui aurait peut-être quelques raisons de regretter son choix au vu des résultats actuels de l'OGC Nice) et accueilli sur son banc le bouillant Will Still, qui voulait plus que tout entraîner en Angleterre, et ce même en Championship (et aucun club français ne ressemble plus à un club anglais que le RCL). Après avoir goûté aux délices de la Champions League, l'équipe artésienne a quelque peu payé la rançon de la gloire et est rentrée dans le rang, se contentant d'une honorable septième puis huitième place.
Les dirigeants nordistes ont très certainement pris la bonne décision en faisant venir Pierre Sage, un homme qui porte bien son nom, compétent, humble, travailleur et dont les valeurs correspondent parfaitement à l'ambiance familiale qui règne à La Gaillette (et qui accessoirement ne méritait aucunement de se faire lourder par l'OL, qu'il avait littéralement ressuscité, merci Textor une fois encore). Formateur dans l'âme et décrit par ses joueurs comme à la fois très pointu sur le plan technique et fort accessible humainement, le nouvel entraîneur nordiste n'est pas un ancien joueur de haut ou très haut niveau comme Beye, Digard ou Luis Enrique mais a modestement fait ses classes à Bourg-en-Bresse, Chambéry, Annecy, Sedan, Aix-en-Provence et au Red Star avant de revenir à Lyon pour prendre les rênes du centre de formation rhodanien. Les hommes à la tête du RCL n'ont pas oublié que le natif de Lons-le-Saunier avait fait remonter Lyon de la dernière à la sixième place, réussissant de qualifier une équipe apparemment moribonde pour l'Europe, avant de prendre la porte sous prétexte d'une élimination en Coupe alors que Textor voulait un "grand nom" sur son banc de touche.
Véritable figure locale malgré ses origines corses (c'est au passage le mythique Eric Sikora qui est responsable de la formation), Jean-Louis Leca, nommé directeur sportif en mai, a réussi quelques jolis coups lors du mercato, notamment en réussissant à convaincre le champion du monde Florian Thauvin de rallier le Nord. La greffe semble prendre avec l'ancien joueur de l'OM et de l'Udinese, auteur d'une prestation remarquable et remarquée et d'un but superbe dans le derby contre le LOSC à Bollaert. Ont également rejoint le club l'excellent Samson Baidoo, transfuge ghanéen du RB Salzbourg qui a mis Giroud sous l'éteignoir et forme un trio très performant en défense avec Gradit et un Malang Sarr transfiguré, Mamadou Sangaré, milieu bosseur et polyvalent qui risque de faire parler de lui, Matthieu Udol, révélé sous les couleurs messines, le gardien Robin Risser, épatant lors de ses premières sorties, et le pari Odsonne Edouard, attaquant brillant avec le maillot des Espoirs mais qui a quelque peu disparu des radars depuis. Dans le 3-4-3 mis en place par le technicien de 46 ans, il manque peut-être simplement un tueur dans le secteur offensif, même si Wesley Saïd n'a peut-être jamais affiché un tel niveau et que le jeune Ryan Fofana, encore trop souvent maladroit devant les cages, progresse à grandes enjambées.
Quelles ambitions peuvent légitimement nourrir les Sang et Or cette saison? Difficile à prédire. Disons simplement qu'avec Baidoo, Sangaré et Thauvin, l'équipe dispose d'un cador et d'un leader dans chaque ligne, d'un joli mélange sur le papier de fraîcheur et d'expérience (l'effectif a exactement 25 ans de moyenne d'âge), de puissance et de technique, de vitesse et de contrôle, et que Sage devrait tranquillement faire progresser son groupe à l'abri de la pression (qu'on apprécie pourtant dans le Nord). Il est sans doute prématuré d'évoquer l'Europe, mais à l'instar de l'OM la saison dernière, le Racing, privé de joutes continentales, pourra se concentrer exclusivement sur le championnat, et peut-être rivaliser avec des formations a priori mieux armées telles que Strasbourg, Rennes ou Lille. Le banc lensois n'est pas d'une qualité extraordinaire (Sylla, Edouard, Sotoca, Guilavogui, Abdulhamid, Bermont) mais la question de la profondeur de l'effectif revêt un enjeu moindre lorsqu'on ne joue qu'un match par semaine, que les organismes sont moins soumis à rude épreuve et que le risque de blessures paraît moins élevé. Sage ne pourra s'appuyer que sur une douzaine de joueurs, mais une douzaine de joueurs de qualité, fidèles au club (Gradit, Thomasson, Aguilar, Saïd), revanchards (Thauvin) ou en quête d'un nouveau défi et de reconnaissance (Baidoo, Sangaré, Udol). Après le grand ménage et le dépoussiérage du sol au plafond, c'est une nouvelle ère qui s'ouvre pour le RCL: celle de la stabilité, de l'espoir et, peut-être, du renouveau.




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