samedi 27 septembre 2025

Lyon, la naissance d'un groupe

Qui aurait pu prédire avant le coup d'envoi de la saison que l'Olympique Lyonnais compterait quatre succès après cinq journées (sa seule défaite ayant été concédée en infériorité numérique à Rennes après l'expulsion de Morton) et une victoire à l'extérieur en Ligue Europa sur la pelouse d'Utrecht? Ebranlés par les secousses créées par John Textor, le cow-boy venu expliquer le football au vieux continent et semer la mauvaise graine de la multipropriété, les dirigeants lyonnais se sont vus pendant l'été et sous la menace brandie par la DNCG d'une rétrogradation administrative céder leurs meilleurs éléments à des puissances étrangères au portefeuille bien garni (Mikautatdze à Villareal, Almada à l'Atletico, Lacazette à Neom, Cherki à City). On prévoyait le pire pour l'OL au vu de cette saignée, une saison galère, une épreuve de survie, un déclassement express et une incapacité certaine à lutter avec les gros bras du championnat. Et voilà que, pour le moment, les coéquipiers de Tolisso déjouent tous les pronostics et font honneur à leur maillot sur tous les terrains de France et de Navarre.

 

Il est à peu près certain que les épreuves qu'à traversées le club l'été dernier et les sanctions terribles qui ont pesé pendant des semaines sur la tête de l'effectif telle une épée de Damoclès ont contribué à resserrer les liens au sein du groupe. Sur le pré, le onze lyonnais fait preuve d'une solidarité à toute épreuve et tout le monde accepte sans broncher de faire les efforts pour le partenaire. Les joueurs ont compris que, face à l'adversité et la fuite des talents, il fallait mettre l'accent sur la sueur et les valeurs collectives. A ce titre, l'exemple admirable donné par Corentin Tolisso, qui a accepté de rester pour encadrer les jeunes et considère même sa mission de capitaine comme un honneur que lui fait son club de cœur, a pesé lourd dans la balance. Le discours de l'ancien joueur du Bayern, dont on se demande ce qu'il a bien pu faire à Deschamps, fait plaisir à entendre à une époque ou le respect voire l'amour du maillot ne signifient plus grand-chose. Car on imagine qu'après la saison de baron qu'il venait de signer, les offres n'ont pas dû manquer d'affluer sur le bureau des têtes pensantes du club. Il en va de même pour le champion du monde argentin Tagliafico, très attaché au club, qui a prolongé son contrat de deux saisons supplémentaires.

 

Avec une enveloppe limitée, la cellule de recrutement rhodanienne a effectué un boulot remarquable et cohérent en faisant venir Tyler Morton, qui s'est déjà imposé comme le dépositaire du jeu et a réussi à faire oublier Matic, Pavel Sulc, international tchèque qui restait sur 33 buts et 15 caviars en deux exercices sous les couleurs de Viktoria Plzen, le portier slovaque Dominik Greif, transfuge de Majorque recruté essentiellement pour son envergure et sa qualité de relance, le jeune ailier Afonso Moreira qui a affiché des jolies promesses à Utrecht, le milieu offensif Adam Karabec ou encore Martin Satriano, vieille connaissance de la Ligue 1 qui ne brille pas forcément sur le plan statistique mais aura le mérite de faire le nombre et de mobiliser les défenses. Si l'on ajoute à ces recrues l'émergence de jeunes pousses maison comme Merah ou De Carvalho et le retour au bercail de Ghezzal, force est de constater que Fonseca dispose de davantage d'options que beaucoup de techniciens hexagonaux. Le mélange d'expérience (Mata 32 ans, Tagliafico 33 ans, Ghezzal 33 ans, Tolisso 31 ans) et de jeunesse (De Carvalho 20 ans, Karabec 22 ans, Morton 22 ans, Fofana 20 ans, Moreira 20 ans, Merah 18 ans, Nuamah 21 ans) lui offre une effectif complet, équilibré, compétitif et sain.

 

La bonne surprise de ce début de saison est venue du secteur défensif, qui n'a encaissé que trois buts en cinq matches (tous concédés à Rennes à dix contre onze) et donne de sérieuses garanties. La paire Niakhaté-Mata fonctionne à merveille en charnière centrale et les latéraux (le surprenant Abner et Tagliafico à gauche, Maitland-Niles à droite) font plus que correctement le boulot. Dans l'entre-jeu, le trio Tessmann-Morton-Tolisso offre une grande complémentarité et une intéressante polyvalence, l'Américain, que le prenait au départ pour le cheval de Troie de Textor et un simple produit marketing, se montrant tout simplement épatant dans un rôle de sentinelle et premier relanceur. En attaque, les possibilités s'avèrent certes plus limitées, mais Fofana fait peser un danger constant et quatre joueurs de l'effectif restant ont marqué (Tolisso par deux fois, Tessmann, Karabec et Fofana). La question subsidiaire consiste évidemment à savoir si Lyon pourra mener plusieurs compétitions de front avec un turnover aussi limité et si la fatigue et les blessures ne viendront pas ternir le tableau presque idyllique de ce début se saison. Mais l'on peut d'ores et déjà affirmer une chose: autant et peut-être davantage que ses qualités footballistiques, l'état d'esprit exemplaire affiché par le groupe pourrait le mener loin et redonner le sourire aux habitués des travées du Groupama Stadium. 

 

 

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