La Coupe
du Monde 2002, disputée au Japon et en Corée du Sud, fut le cimetière
des illusions de nombreux favoris (France, Argentine, Portugal) qui
sortirent dès le premier tour. A l'heure d'attaquer les huitièmes de
finale, cinq équipes rescapées de l'hécatombe (Brésil, Angleterre,
Allemagne, Espagne et Italie) semblent devoir se disputer le titre.
Comme à son habitude, la Squadra Azzurra s'est qualifiée d'extrême
justesse pour le second tour: battue par la Croatie lors du deuxième
match, elle n'arrache le point du salut face au Mexique qu'à cinq
minutes de la fin par Del Piero, chipant ainsi au bout du suspense la
deuxième place de la poule aux coéquipiers de Jarni.
Pinturicchio
a bel et bien évité l'affront d'une élimination précoce et sauvé la
tête du sélectionneur Trapattoni, mais rien ne dit que la Nazionale a
fait le plus dur en s'extirpant de son groupe: portée par tout un peuple
et irrésistible depuis le début du tournoi, la Corée du Sud de Guus
Hiddink, tombeuse du Portugal, se dresse maintenant sur la route des
triples champions du monde. Pour une équipe en quête de certitudes,
affronter les marathoniens sud-coréens devant un public déchaîné et dans
des conditions météorologiques étouffantes ne constitue pas une
perspective très rassurante. Le match sent le traquenard à plein nez
pour les Italiens, qui devront user de toute leur expérience pour se
sortir du piège.
Fidèle
à ses principes rigoristes, le Trap aligne cinq défenseurs sur la
feuille de match: Zambrotta, Iuliano, Maldini, Coco et Panucci. Il doit
se passer pour cette rencontre des services de ses deux habituels
indiscutables titulaires en défense centrale: Alessandro Nesta, victime
d'une blessure contre la Croatie, et Fabio Cannavaro, suspendu pour deux
cartons jaunes reçus en poules. L'Intériste Cristiano Zanetti et le Romain
Damiano Tommasi occupent l'entrejeu derrière le redoutable trident
Totti-Del Piero-Vieri. Si Del Piero a sauvé la patrie en danger au tour
précédent, Vieri, auteur de 22 buts en 25 matches de Serie A avec
l'Inter, s'est montré plus qu'à son avantage, trouvant les filets à
trois reprises.
Dans
son duel tactique face à Trapattoni, Hiddink peut compter sur
l'incroyable discipline collective et l'endurance de ses joueurs, ainsi
que sur une poignée de pièces maîtresses: Hong Myung-Bo,
capitaine-libero aux 135 sélections, Park Ji-Sung, futur joueur du PSV
et de Manchester United, Seol Ki-Hyeon, milieu de terrain d'Anderlecht
présent en sélection depuis 1995, et l'attaquant Ahn Jung Hwan, très
actif et mobile, adroit techniquement, et buteur contre les Etats-Unis.
Depuis son arrivée aux affaires, Hiddink a bâti un système de jeu
efficace et rationnel et ne doute pas une seule seconde de la capacité
de son équipe à poser d'énormes problèmes aux Italiens.
Dès
la quatrième minute, l'arbitre équatorien Byron Moreno siffle un
penalty indiscutable pour une faute grossière de Panucci sur Seol
Ki-Hyeon sur un coup franc frappé de la droite. Ahn Jung Hwan s'élance
mais Buffon se détend superbement sur sa droite et repousse la frappe.
Un quart d'heure plus tard, l'inévitable Vieri reprend au premier poteau
un corner de Totti et marque son quatrième but en quatre matches.
Malgré le danger constant que représente Ahn et la détermination de ses
coéquipiers, l'Italie croit tenir son billet pour les quarts, quand
Panucci, auteur d'un match cauchemardesque, remet le ballon dans les
pieds de Seol Ki-Hyeon, qui crucifie Buffon à deux minutes de la fin du
temps réglementaire. Dans la foulée, Vieri, impeccablement servi au
deuxième poteau par Tommasi, rate la balle de la qualification seul face
au but, et les deux équipes doivent disputer la prolongation.
A
la 103ème, l'arbitre adresse un deuxième carton jaune très sévère à
Totti, coupable selon lui d'une simulation dans la surface adverse,
alors qu'il semble bel et bien y avoir contact entre le Romain et le
défenseur sud-coréen. Réduits à dix, les Italiens croient malgré tout
prendre l'avantage quand Tommasi, lancé par Vieiri, se retrouve seul face à Lee Woon Jae, mais M. Moreno siffle un hors-jeu inexistant. Trois minutes après, c'est Gattuso qui bute sur le portier asiatique. Alors qu'on semble se diriger vers les tirs aux buts, Ahn Jung Hwan prend le meilleur de la tête sur la défense transalpine et qualifie son équipe sur but en or dans une ambiance indescriptible.
Pour
la deuxième fois consécutive après le pion de Trézéguet à Rotterdam en
finale de l'Euro 2000, l'Italie se fait sortir sur un but en or. Face à
une Corée du Sud surmotivée, les partenaires de Maldini ont manqué de
réussite et souffert de l'arbitrage à sens unique de M. Moreno, qui fit
couler beaucoup d'encre. Les accusations de favoritisme fleurirent et se
virent malheureusement confirmées par l'arbitrage scandaleux lors du
quart de finale entre la Corée du Sud et l'Espagne, au cours duquel
Morientes se vit notamment refuser un but parfaitement valable. Le
parcours du pays organisateur s'arrêta en demi-finale, lorsque Ballack
mit fin aux rêves de tout un peuple, au grand soulagement de nombreux
footophiles. Quelque part, la farce avait assez duré. Quant aux
Italiens, ils prirent une éclatante revanche quatre ans plus tard en
Allemagne en s'adjugeant un quatrième sacre mondial, dans les
circonstances que l'on sait. La Corée du Sud ne passa même pas le
premier tour, terminant troisième de sa poule derrière la Suisse et la
France.
18 juin 2002, Daejeon World Cup Stadium, Daejeon, Corée du Sud: Corée du Sud 2 - Italie 1 (b.e.o.)
Buts: Vieri (18), Seol Ki Hyeon (88), Ahn Jung Hwan (117)
Italie:
Buffon - Zambrotta (Di Livio 72) - Iuliano - Coco - Maldini - Panucci -
Zanetti - Tommasi - Totti - Del Piero (Gattuso 61) - Vieri
Corée
du Sud: Lee Woon Jae - Choi Jin Cheul - Hog Myung Bo (Cha Du Ri 83) -
Kim Nam Il (Lee Chun Soo 68)- Yoo Sang Chul - Kim Tae Young (Hwang Sun
Hong 63) - Lee Young Pyo - Park Ji Sung - Ahn Jung Hwan - Seol Ki Hyeon

Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire