Avec 148
buts inscrits en 311 matches, Claudio Pizarro est tout simplement le
meilleur réalisateur étranger de l'histoire de la Bundesliga, devant
Giovane Elber, Ailton et Stéphane Chapuisat, qui ont tous franchi la
barre des cent pions en championnat d'Allemagne. En onze saisons
outre-Rhin, l'attaquant péruvien n'a porté que deux maillots, ceux du
Werder et du Bayern, et a marqué au moins dix buts à neuf reprises,
passant même cinq fois la barre des quinze buts: une régularité
exceptionnelle pour un joueur dont on entend rarement parler, très
attaché à son club et qui estime à juste titre que la Bundesliga est
sous-estimée.
Quand
Chicharito, par ailleurs excellent, claque un doublé avec MU contre
Wolverhampton, il faut se couper du monde pour ne pas être au courant.
En revanche, que Pizarro aligne les buts comme des perles semaine après
semaine depuis dix piges dans un championnat qui n'à rien à envier à son
homologue anglais, personne n'en à rien à cirer. Sauf nous donc (et
peut-être vous, désormais, c'est le but de la manoeuvre), qui avons
choisi de rendre hommage à ce remarquable joueur de surface, très adroit
devant les cages et redoutable dans le domaine aérien, qui participe de
manière hebdomadaire à l'excellente moyenne de buts en Bundesliga.
Lorsqu'il
déboule en Allemagne en provenance de l'Alianza Lima, Pizarro ne met
pas longtemps à trouver ses marques et plante 30 buts en 55 matches de
championnat avec le Werder entre 1999 et 2001. Fatalement, de telles
statistiques ne peuvent laisser indifférent le Bayern Munich, qui vient
de remporter la Champions League et fait signer le phénomène. Il ne lui
faut que quatre minutes pour ouvrir son compteur contre Schalke 04. En
cinq saisons avec le club bavarois, le Péruvien plante 70 pions et
remporte trois titres de champion en 2003, 2005 et 2006, son efficacité
lui valant l'improbable surnom de "Bomber des Andes", en référence au
grand Gerd Müller et à ses origines.
Malheureusement pour lui, l'équipe ne brille guère sur le plan
européen, n'atteignant que deux fois les quarts de finale de Champions
League entre 2002 et 2007, autant dire
une misère pour un des géants historiques du vieux continent. Le
déficit de popularité de Pizarro s'explique en partie par ce manque de
réussite dans la plus médiatisée des compétitions, même s'il inscrit
tout de même sa quinzaine de buts en une cinquantaine de rencontres. Il
manquera toujours à son parcours le grand exploit qui marque les
esprits, comme avait pu le faire le doublé de Milito contre...le Bayern
en 2010.
Outre
ce manque d'exposition, le manque de renommée de Pizarro hors des
frontières germaines tient aussi à son relatif échec à Chelsea lors la
saison 2007-2008. Avec l'inoubliable Avram Grant, les Blues évoluent
dans un système à une seule pointe, et la nouvelle recrue souffre de la
concurrence de Drogba, Shevchenko et Anelka. Il n'est titulaire que
quatre fois et son compteur reste bloqué à deux réalisations.
Franchement, acheter un tel joueur pour faire régulièrement débuter un
Sheva hors de forme à sa place, cela tient du crime contre le football.
Définitivement dégoûté de la Premier League, Pizarro revient à ses
premières amours allemandes et retrouve le Werder, tout heureux de
récupérer son buteur.
Résultat:
aux cotés des Diego, Hugo Almeida, Rosenberg et Özil, il marque 17 buts
en 26 matches de Bundesliga et remporte la Coupe d'Allemagne 2009 aux
dépens du Bayer Leverkusen. L'année suivante, rebelote: 16 buts et une
troisième place synonyme de participation à la Champions League.
Willkommen zurück. Le 23 octobre 2010, en marquant contre le Borussia
Mönchengladbach, Pizarro bat le record de 133 buts détenu par Elber et
devient le joueur étranger le plus prolifique de tous les temps en
Allemagne. Il n'est plus très loin de faire son entrée dans le Top 10
toutes nationalités confondues et d'égaler les 162 buts de Rumenigge.
La
saison dernière, Pizarro n'avait disputé qu'une vingtaine de matches et
l'année avait été longue et difficile pour le club. Comme par hasard,
le retour en forme du joueur coïncide avec d'excellents résultats.
L'extraordinaire bilan du goleador sous le maillot du Werder en dit long
sur son influence considérable et la cote dont il bénéficie dans le
nord de l'Allemagne: 77 buts en 111 matches de Bundesliga, 21 buts en 40
matches de Coupe d'Allemagne, 29 buts en 44 rencontres européennes pour
un ébouriffant ratio de 127 pions en 195 apparitions. Et à trente-trois
ans tout rond (il les a célébrés hier), le bonhomme est loin d'être
fini.
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