Tous les footophiles se
souviennent évidemment du fameux match du Camp Nou en 1999 et des deux
pions signés Solskjaer et Sheringham dans les arrêts de jeu contre le
Bayern. On tend à oublier que la qualification de Manchester United pour
la finale se fit dans des conditions presque aussi incroyables sur le
terrain de la Juventus. A l'aller à Old Trafford, les Mancuniens ont
concédé le nul, Giggs répondant...dans les arrêts de jeu à Conte, déjà
auteur d'un pion décisif contre l'Olympiakos au tour précédent.
L'affaire semble donc mal engagée à l'heure d'aller défier chez elle une
équipe italienne d'une impressionnante régularité sur la scène
européenne et qui souhaite effacer ses deux échecs consécutifs en finale
face à Dortmund puis au Real.
Les
Red Devils, eux, n'ont plus disputé la moindre finale de C1 depuis 1968
et la victoire à Wembley contre le Benfica d'Eusebio, une éternité pour
un club de ce standing. Multi-titré sut le plan domestique, Ferguson
n'a pas connu la même réussite en Champions League et a dû se contenter
d'une Coupe des Coupes en 1991. Pour voir Barcelone, il faudra marquer
face à une Juve aussi solide qu'expérimentée et bien décidée à conserver
son avantage acquis à l'extérieur.
La
force de la Juventus réside dans son entrejeu, où la
paire-Deschamps-Davids, à l'activité incessante, bouche les trous,
multiplie les tacles et ratisse les ballons pour les offrir à Zidane.
Auréolé de son succès en Coupe du Monde, le meneur de jeu des Bleus, qui
boucle sa troisième saison à Turin, a pris une autre dimension et s'est
définitivement
imposé comme le patron technique de la Juve. Pour le reste, c'est du
grand classique: Iuliano et Ferrara en défense centrale, entourés de
Pessotto et Birindelli, les inépuisables Di Livio et Conte sur les
flancs et l'inévitable Inzaghi devant.
Ferguson,
privé de Giggs, blessé, laisse Scholes sur le banc et fait confiance à
Blomqvist, qui complète un milieu formé de Beckham, Keane et Butt. Le
quatuor aura pour mission de contrarier la récupération turinoise et de
permettre au duo Yorke-Cole de s'exprimer au mieux. Les deux hommes, qui
s'entendent à merveille et donnent beaucoup de profondeur au jeu
mancunien, totalisent dix buts dans la compétition. Leur vitesse et
leurs appels peuvent faire très mal à la paire de centraux adverses,
costaude dans les duels et le domaine aérien mais qui ne brille pas par
sa mobilité.
Le
début de rencontre s'avère cauchemardesque pour les visiteurs.
Superbement servi au second poteau suite à un corner joué en deux temps,
Inzaghi ouvre le score dès la sixième minute, avant de doubler la mise
cinq minutes plus tard sur une frappe contrée qui lobe Scmeichel: un but
typiquement inzaghesque qui, pense-t-on, ouvre grand les portes de la
finale à la Juve. C'est sans compter sur la détermination et la rage de
vaincre de captain Keane, qui réduit la marque de la tête sur un corner
de Beckham et regonfle le moral des troupes. Revigoré, ManU parvient à
égaliser dix minutes avant la mi-temps sur une superbe action Cole-Yorke
au coeur de la défense.
On
ne saura jamais ce que la Juventus aurait fait contre le Bayern si elle
avait préservé son avantage. Ce qui est certain, en revanche, c'est que
Zidane, qui, contrairement à nombre de ses coéquipiers, n'a jamais
touché le trophée aux grandes oreilles, a dû se croire maudit ce
soir-là. Lorsqu'une équipe aussi rigoureuse tactiquement et
défensivement que la Juve de Lippi possède deux buts d'avance au quart
d'heure de jeu, on imagine mal qu'elle puisse se faire rejoindre. Même
si les Mancuniens bénéficièrent en finale d'une réussite peu commune,
ils firent surtout preuve tout au long de la compétition d'une force de
caractère à toute épreuve, qui leur a permis de renverser la marque face
à la Juve puis au Bayern.
Il
semble un brin simpliste de se contenter de dire qu'une bonne étoile
veillait sur eux et que rien ne pouvait leur arriver. Cette Champions
League, les Ferguson boys sont allés la chercher avec les tripes, en se
battant jusqu'au bout face à des adversaires à qui on ne la fait pas
d'habitude et qui n'ont pas la réputation de céder facilement. Son
enthousiasme, son envie d'aller de l'avant et de produire du jeu et sa
solidarité sans failles firent de cette équipe un réjouissant vainqueur.
21 avril 1999, Stadio delle Alpi, Turin: Juventus Turin 2- Manchester United 3
Buts: Inzaghi (6,11), Keane (24), Yorke (34), Cole (83)
Juventus Turin: Peruzzi - Birindelli - Ferrara - Iuliano - Pessotto - Di Livio - Davids - Deschamps - Conte - Zidane - Inzaghi
Manchester United: Schmeichel - Neville - Johnsen - Stam - Irwin - Beckham - Butt - Keane - Blomqvist - Cole - Yorke
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