La rencontre très attendue entre
l'Italie et l'Angleterre a donné lieu à une opposition de styles de
haute tenue, entre une Squadra Azzurra patiente et joueuse et une
équipe anglaise au jeu très offensif et direct. Avec un trio De
Rossi-Pirlo-Verratti qui joue en marchant (stratégie adaptée au
climat local, et ce n'est pas l'entrée de Thiago Motta qui a
contribué à accélérer le tempo), la sélection de Prandelli est
bâtie pour la possession. Elle peut en outre compter sur l'apport
offensif de Marchisio, polyvalent à souhait et auteur d'un but
superbe hier, la justesse technique de Candreva et la présence
toujours intimidante de Balotelli.
L'Angleterre a montré un visage séduisant, notamment grâce à la vitesse et aux inspirations des deux lévriers Sturridge et Sterling, bluffants de culot et de talent. Hodgson a joué la carte jeunes jusqu'au bout, faisant notamment entrer Barkley, sans complexes également. Malheureusement pour les Three Lions, Rooney n'a toujours pas trouvé le chemin des filets en Coupe du Monde, lui qui hérita d'une balle d'égalisation suite à une mauvaise relance italienne et une passe subtile de l'excellent Leighton Baines. On imagine les cris de déception et autres noms d'oiseaux qui emplirent tout les pubs du royaume de Sa Gracieuse à cet instant.
Les tabloïds, qui auraient sans doute
annoncé le futur sacre des leurs en cas de succès, vont se faire un
plaisir d'ironiser sur le manque de réussite de leur supposé buteur
et sur une possible élimination précoce. Pourtant, sur ce qu'ils
ont montré face aux vice-champions d'Europe et étant donné le
pauvre état de forme de l'Uruguay, les Anglais peuvent croire en
leurs chances dans ce groupe de la muerte.
Cela faisait longtemps
qu'ils n'avaient pas proposé un football aussi attractif, à des
années-lumière de l'ultra-sécuritarisme de Capello et des schémas
très restrictifs entrevus lors du dernier Euro. Ils possèdent deux
bons latéraux, des joueurs de ballon au milieu et une vraie force de
frappe devant. Si Rooney redevient Rooney et que Welbeck se met au
niveau, tout est envisageable contre la Celeste.
L'Italie dégage beaucoup de confiance
et de sérénité et il est essentiel pour elle que Balotelli se soit
montré décisif dès le premier match, même si Immobile représente
davantage qu'une solution de secours. La charnière centrale
Barzagli-Paletta n'est certes pas la meilleure de l'histoire de la
Squadra mais Chiellini peut toujours revenir dans l'axe au besoin et
le travail de De Rossi devant la défense donne une sacrée assise à
l'ensemble. Toujours aussi audacieux et pertinent, Prandelli n'a pas
hésité à titulariser Verratti, ce qui fait encore remonter sa cote
auprès des esthètes, et à faire confiance au jeune Darmian sur le
côté droit. Il continue brillamment son travail de renouvellement
et maintient tout son groupe impliqué, point essentiel sur la durée
d'un tournoi.
Décidément, il ne fait pas bon mener
au score à la mi-temps grâce à un penalty dans ce Mondial. De la
même manière que la Roja, l'Uruguay a pris l'eau en seconde période
après un premier acte insipide mais globalement maîtrisé.
L'absence de Suarez n'explique pas tout, et surtout pas la
titularisation de Lugano, toujours au bord du ridicule avec le PSG et
actuellement sans club. Aux côtés de Diego les bons tuyaux, même
un défenseur du calibre de Godin, héroïque tout au long de la
saison avec l'Atletico, semble perdre ses repères. A lui seul, Joel
Campbell, qui portait il n'y a pas si longtemps les couleurs de
Lorient, a semé la panique dans une défense uruguayenne qui fit
souvent peine à voir.
Tabarez avait opté pour un 4-4-2
classique (le 4-4-2 est toujours classique) avec Rodriguez et Stuani sur les flancs, Gargano et Arevalo Rios dans l'axe et Forlan au soutien de Cavani. Dans cette
configuration, la Celeste manque cruellement de créateurs et
s'appuie presque exclusivement sur les débordements de Rodriguez et
de long ballons souvent injouables pour Cavani. Comme Forlan n'a plus
les cannes d'il y a quatre ans, défendre contre cette équipe au
final très prévisible ne relève pas franchement du casse-tête. A
la mi-temps, l'Uruguay, qui ne s'était procuré aucune occasion
franche, pouvait d'ailleurs remercier le dénommé Diaz d'avoir
stupidement ceinturé Lugano, qui n'aurait sans doute pas pu sauter
assez haut pour couper le coup franc de Forlan.
La victoire méritée du Costa Rica change totalement la donne dans un groupe encore plus dense qu'on ne pouvait le penser, puisque ce sont désormais deux gros calibres qui risquent de rester sur le carreau, à moins, et c'est tout à fait possible, que les Ticos ne perdent leurs deux autres matches. Le rendez-vous du 19 juin entre l'Angleterre et l'Uruguay à Sao Paulo va valoir son pesant de cacahuètes, surtout si Suarez, ennemi public numéro un de la presse anglaise de caniveau, devait effectuer son retour. On saura alors si le Brésil s'est subitement transformée en terre maudite pour la Celeste.

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