On s'attendait à ce que, avec le recrutement de joueurs confirmés comme Simon et Lees-Melou et les moyens indécents de la famille Arnault, le Paris FC ne soit pas tout à fait un promu comme les autres. Qu'il se maintienne aisément, finisse dans le ventre mou du classement pour sa première saison dans l'élite avant de sortir l'artillerie lourde lors du mercato estival suivant pour jouer les premiers rôles dans l'hexagone. Or, à mi-saison, les pensionnaires de Jean Bouin n'occupent que la quatorzième place du classement avec seulement une unité d'avance sur le HAC et trois sur le barragiste auxerrois, deux formations qui n'ont pas encore joué à l'occasion de la seizième journée. Les hommes de Stéphane Gili n'ont pris que deux malheureux points sur les cinq dernières journées et viennent de prendre une véritable rouste contre le TFC à domicile, une contre-performance qui donne une toute autre couleur à leur première moitié d'exercice. Les voilà désormais engagés dans une lutte pour leur survie, alors que le club s'appuie sur le quatrième budget de Ligue 1(130 millions d'euros, soit quatre à cinq fois plus que des équipes comme Auxerre, Le Havre, Angers ou Metz).
Le premier souci majeur réside dans le fait que les recrues déçoivent dans les grandes largeurs. Moses Simon, fort d'une quarantaine de buts et autant de passes décisives avec le FC Nantes, n'a pour l'instant été décisif qu'à cinq petites reprises et reste trop branché sur courant alternatif. Pierre Lees-Melou, capitaine courage exemplaire avec le Stade Brestois, n'a participé qu'à une douzaine de rencontres. Wilfried Geubbles, éternel grand espoir du football français, n'a planté que deux pions en quatorze apparitions. Quant à Otavio, débauché à prix d'or au FC Porto et censé stabiliser l'arrière-garde parisienne, il ressemble furieusement à une catastrophe industrielle et à la plus grosse escroquerie du dernier mercato (avec, convenons-en comme le chantait Coluche, Zabarnyi qui fait davantage penser à Diego Lugano qu'à Thiago Silva). Le jeune Brésilien enchaîne les bourdes et les erreurs de placement, contribue largement à fragiliser l'équipe et collectionne les 3 dans L'Equipe. Seul Kevin Trapp, en balance avec Nkambadio, donne vraiment satisfaction et apporte son expérience internationale et sa mentalité impeccable au groupe.
Dans le secteur offensif, le petit génie Ilan Kebbal, auteur de quelques réalisations de toute beauté, est trop souvent l'arbre qui cache le bois de Boulogne. On a trop souvent l'impression que si le petit diable des Néréides ne sort pas de sa boîte, il ne se passera strictement rien devant les cages adverses. Ikoné, ancien international qui a passé trois ans en Serie A, n'a toujours pas trouvé le chemin des filets. L'ancien Stéphanois Krasso, à la tête d'un joli capital de 17 buts en Ligue 2 la saison dernière, n'a marqué qu'à deux reprises dont une fois sur penalty. Dicko, Gory, Gueye et Hamel totalisent deux pions à eux quatre. A lui tout seul, Kebbal a davantage planté que Ikoné, Krasso et Geubbels réunis. Avec l'ancien joueur du LOSC et l'ex-pensionnaire de la Fiorentina, la cellule recrutement a tenté deux paris qui s'avèrent pour l'instant deux échecs patentés. Trop isolé, le cador du seizième ne peut pas sauver le club à lui tout seul et encore moins empêcher le naufrage défensif d'une formation qui a déjà encaissé la bagatelle de 29 buts en 16 journées (seul Metz fait pire dans ce domaine).
Il va falloir que les milliardaires à la tête du club, à défaut de payer des impôts à la hauteur de leurs modestes revenus, crachent sérieusement au bassinet lors du mercato hivernal s'ils veulent que leur fameux projet reste viable. Grosso modo, le onze parisien a besoin d'une grosse recrue par ligne: un vrai patron de défense expérimenté, un milieu polyvalent à même de soulager Lopez et Marchetti et un buteur régulier et fiable pour former une jolie association avec Kebbal. Le chantier est donc immense, mais à défaut de réagir et de redresser la barre dans les semaines à venir, les ambitions démesurées des patrons du PFC pourraient bien se voir sérieusement revues à la baisse, et l'éventualité d'une relégation n'est pas à exclure, même si l'on peut toujours compter sur un FC Nantes cataclysmique pour faire pire. Après la claque reçue contre Toulouse, Kebbal a fait part de son ras-le-bol devant les micros, ne pouvant que constater que ses partenaires répétaient les mêmes erreurs journée après journée. Et on ne sait que trop bien ce qui arrive souvent aux équipes incapables de corriger le tir.




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