L'inénarrable Waldemar Kita avait déclaré avant le coup d'envoi de la saison qu'il serait criminel de ne pas laisser de temps à Luis Castro et qu'il allait falloir se montrer patient avec le technicien portugais. Recruté pour ses bons résultats obtenus avec Dunkerque et la qualité du football pratiquée par son équipe en Ligue 2, le natif de Guimaraes a pris la lourde après à peine quatre mois et payé le bilan catastrophique du FC Nantes (onze points en seize journées et deux petits succès seulement). C'est le même refrain désormais bien connu tous les ans: on installe un technicien prometteur aux manettes (Gourvennec, Aristouy, Gourcuff, Conceiçao), on panique au haut lieu devant la situation au classement et on fait appel à Kombouré ou Der Zakarian pour jouer les pompiers de service et assurer le maintien de justesse. Il n'existe aucun projet, aucune cohérence sportive, aucune vision à long terme. Cette fois-ci, c'est Ahmed Kantari, ancien international marocain et ex-adjoint de Kombouaré, qui s'y colle. Et nous lui souhaitons bien du courage.
Car il faut bien le dire, le meilleur joueur nantais s'appelle trop souvent Anthony Lopes, héroïque et bombardé à longueurs de matches, régulièrement abandonné par une défense qui prend l'eau de toutes parts (28 buts encaissés). Quand les défenseurs devant vous se nomment Awaziem (passé par des clubs aussi mythiques que Boavista ou Alanyaspor), Tati (pas Jacques mais Tylel), Kwon (huit matches sous les couleurs de St Mirren), Cozza ou Amian, les rencontres doivent sembler très longues. Les Canaris (méritent-ils d'ailleurs encore ce surnom historique?) n'ont signé que deux clean sheets en championnat, face à Brest lors d'un match sponsorisé par Prozac et contre Auxerre. Au milieu, Lepenant cavale dans tous les sens pour boucher les trous et les espaces mais ressemble à un passager du Titanic écopant avec un seau d'eau. Les Nantais sont purement incapables de tenir la chique et d'imposer de longues phases de possession et encaissent aussi bien en contre que sur attaque placée, faute d'une organisation collective valable. En un mot, ils ne savent ni attaquer ni défendre et s'en remettent à on ne sait quel entité supérieure du football pour glaner quelques points par ci par là.
Faut-il rappeler que le meilleur buteur d'une formation qui reste en deçà de la moyenne d'un but par match n'est autre que Youssef El-Arabi, ancienne gloire du Stade Malherbe de Caen et du Grenade CF âgée de 38 balais? Pas moins de trente joueurs ont marqué davantage que le meilleur réalisateur nantais. Mostafa Mohamed, l'homme qui est étrangement blessé chaque fois qu'il faut porter le maillot frappé du blason de la lutte contre l'homophobie, n'a planté qu'à deux reprises, tout comme la star locale Mathis Abline, sans doute perturbée par les rumeurs de son vrai-faux transfert estival et qui n'est que l'ombre du joueur de la saison dernière. Le FCNA a en outre perdu Moses Simon, présent au club depuis 2019 et qui était le principal pourvoyeur des attaquants en bons ballons et en centres de qualité. Le Nigérian n'a pas été remplacé et Kantari va devoir composer avec le dribbleur fou Guirassy, le Suédois Lahdo (huit buts en trois saisons avec l'AZ Alkmaar) ou Benhattab, élu meilleur joueur de National mais qui peine à s'adapter aux rigueurs de l'élite.
On va nous rétorquer que nous tirons allègrement sur l'ambulance mais il convient de préciser que Nantes possède un budget deux fois supérieur à celui du SCO d'Angers, un club qui occupe la dixième place du classement, regarde davantage devant que derrière et propose un football ambitieux et attractif: comme quoi il est possible de bien faire avec peu de moyens (même Metz, malgré sa place de lanterne rouge, a signé trois succès consécutifs et gagné plus de rencontres). A force d'organiser sciemment le chaos, de mener des campagnes de recrutement sans queue ni tête et de faire valser les entraîneurs, les dirigeants du FCNA vont finir par mener le club tout droit à la relégation, une sentence qui leur pend au nez depuis trop longtemps. Les fidèles supporters de la Beaujoire, toujours présents pour soutenir les leurs malgré un spectacle affligeant et sans doute conscients à la fois de l'importance historique de leur club et de la nature bien réelle du danger, méritent bien mieux qu'une triste bande de bras cassés aux manettes, incapables de redonner à Nantes son lustre d'antan et qui semblent se soucier comme de leur première liquette de l'héritage laissé par Arribas, Suaudeau et Denoueix.




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