Le
moins que l'on puisse dire, c'est que le football allemand est associé à
un certain nombres de stéréotypes à la dent particulièrement dure:
austérité, rigueur tactique, réalisme, discipline, organisation,
solidité, puissance, tels sont les termes qui viennent généralement à
l'esprit lorsqu'on évoque le Fussbal germanique. Les clichés contiennent
toujours une part de vérité, et il faut bien avouer que les Allemands
doivent nombre de leurs succès internationaux aux principes susnommés.
Qu'on songe par exemple aux succès de la Mannschaft à la Coupe du Monde
1990 et à l'Euro 1996, ou au sacre européen de la bande à Effenberg en
2001. Pour les grandes envolées collectives et les mouvements d'attaque
chatoyants, vous repasserez, circulez il n'y a rien à voir.

Ce
qui rend le Werder Brême particulièrement attachant, c'est qu'il fait
voler en éclats toutes les idées préconçues sur les équipes
d'outre-Rhin. En d'autres termes, le Werder n'a rien d'un club allemand.
Capables de planter six buts et d'en prendre autant le lendemain, Brême
est la seule équipe de calibre continental à ne toujours pas savoir
jouer correctement le hors-jeu. A se demander même si ses défenseurs
connaissent la règle. Le Werder est régulièrement l'un des deux
protagonistes de rencontres totalement débridées où les schémas
tactiques explosent et qui aboutissent à d'improbables scores fleuve.
Par son souci de toujours jouer vers l'avant et son peu de considération
pour toute notion de bloc-équipe, le Werder mérite amplement le label
d'équipe de gauche.
Sur les dix dernières saisons de Bundesliga, le Werder a marqué 664 buts, soit une moyenne toute proche des deux buts par match, et en a encaissé 405 (1,2 par match). Par comparaison, sur la même période le Bayern n' a planté que neuf buts de plus, mais en a pris 83 de moins. La liste des matches où le Werder a passé la barre des cinq buts à l'extérieur est aussi longue que le dernier Resnais: 5-1 à Hanovre (13/02/2010), 5-0 à Francfort (13/05/2009), 2-5 à Wolfsburg (3/04/2009), 5-2 à Munich (20/09/2008), 6-0 à Fribourg (21/11/2009) par exemple.
Le 27 septembre 2008, Brême a battu Hoffenheim 5-4 en marquant quatre
buts en première mi-temps et le dernier par Ozil à la dernière minute
alors que le score était de 4-4. Mais les joueurs des bords de la Weser
sont tout aussi capables de prend
re
6-3 sur le terrain de Stuttgart (8/03/2008), 6-2 à la maison face au
Bayer Leverkusen (15/04/2004) ou d'essuyer un surréaliste 10-2 sur
l'ensemble des deux matches en huitièmes de finale de la Champions
League 2004-2005 (7-2 à Gerland).

Emmenée
par un superbe Johan Micoud (46 buts en quatre saisons), sans doute un
des joueurs les plus sous-estimés de l'histoire du football français, un
remarquable Valérien Ismaêl, le taulier Tim Borowski et une escouade
offensive impressionnante (Ailton 28 buts, Klasnic 13, Charisteas 4) le
Werder remporte la Bundesliga en 2004 pour la quatrième fois et la
première depuis 1992-93 et les années Klaus Allofs. L'équipe terminera les quatre saisons suivantes sur le podium avant de rétrograder à une décevante dixième place la saison dernière et de céder son meneur de jeu Diego à la Juventus.
Sur
le plan européen, le Werder n'a jamais véritablement brillé en
Champions League mais semble trouver la C3 particulièrement à son goût,
puisqu'après avoir échoué en demies-finales face à l'Espanyol Barcelone
en 2006-2007, le club ne s'est incliné en finale la saison dernière face
au Chakthar Donetsk.
Entraîné par Thomas Schaaf, en poste depuis 1999, le Werder occupe actuellement la sixiè
me
place du classement à bonne distance du trio de tête, mais après avoir
sorti le Milan AC en 2009, fait à nouveau parler de lui en Ligue Europa.
Après avoir terminé en tête d'un groupe facile, il a éliminé aisément
le FC Twente et est peut-être en passe de se qualifier face à un des
favoris de la compétition, le FC Valence, tenu en échec 1-1 sur sa
pelouse de Mestalla.
S'il
passe, il ne fera pas bon croiser la route de ce Werder remarquablement
armé dans toutes les lignes, avec une solide charnière centrale
Naldo-Mertesacker, un milieu costaud autour des chevronnés Borowski et
Frings, le nouveau prodige Ozil à la baguette et un Claudio Pizarro dans
la forme de sa vie devant (huit buts en Ligue Europa, meilleur buteur
de l'épreuve). Il faut s'attendre à tout avec cette équipe
déconcertante, capable d'alterner le meilleur et le pire, mais dont les
performances sinusoïdales provoquent rarement l'ennui.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire