
Quand
on a dit que le nom de complet du club est SS Lazio, on a à peu près
tout dit. Dans les travées de la Curva Nord du Stade Olympique, il est
de bon ton d'insulter les joueurs de couleur de l'équipe adverse, de
brandir des pancartes aux slogans antisémites ou des drapeaux à
l'effigie du Duce. Comme toutes ces charmantes activités ne sont
bizarrement guère à notre goût, nous préférons soutenir la grande rivale
de la Lazio, la Roma de capitaine Totti, ou la Fiorentina de Cesare
Prandelli. Actuellement, la Lazio occupe une désastreuse 16ème place au
classement, cinq malheureux points devant l'Atalanta Bergame, premier
relégable. Pourtant, il y a dix ans, elle remportait le Scudetto avec
une incroyable équipe.
L'effectif
de la Lazio championne d'Italie en 2000 est plus qu'impressionnant: il
est effrayant. Il totalise pas moins de 975 sélections pour 22
internationaux (et pas exactement en moins de 21 ans du Luxembourg)
issus de sept grandes nations du football: Italie (Marchegiani 9, Nesta
78, Pancaro 19, Favalli 8, Negro 8, Lombardo 8, Pinzi 1, Ravanelli 22,
Mancini 36, Simone Inzaghi 3), Argentine (Sensini 59, Veron 65, Almeyda
39, Simeone 106), Portugal (Couto 110, Sergio Conceiçao 56), Yougoslavie
(Mihajlovic 63, Stankovic 85), Croatie (Boksic 40), République Tchèque
(Nedved 91) et Chili (Salas 70). Le nombre de grands noms réunis sous le
maillot bleu ciel cette saison-là a de quoi faire halluciner, même à
l'heure du Real Madrid des Ronaldo, Kaka, Higuain et compagnie qui
plante trois pions par match sauf quand il faut le faire, c'est-à-dire
contre l'OL évidemment.

Dirigée
par Sven Goran Eriksson, la Lazio se retrouve après une défaite contre
Vérone à neuf longueurs de la Juventus avec seulement huit matches à
jouer. Mais après une victoire dans le derby et un coup de tronche
vainqueur de l'inévitable Simeone à Turin, l'équipe revient à trois
points en un rien de temps. A l'heure de la dernière journée, la Juve
est toujours deux points devant. La Lazio bat facilement la Reggina à la
maison mais le match de la Vieille Dame à Pérouse, qui aurait dû être
reporté, se joue sur un terrain gorgé d'eau.
Prise
dans un improbable traquenard, la Juve s'incline 1-0 et laisse filer le
Scudetto. La Lazio est sacrée avec 72 points en 34 journées, 64 buts
marqués pour 33 encaissés, et son meilleur buteur s'appelle Marcelo
Salas, au sein d'une équipe à la marque remarquablement répartie avec
six joueurs à cinq pions ou plus (Salas 11, Veron 8, Inzaghi 7,
Mihajlovic 6, Nedved 5, Simeone 5).
Les
barons de la Lazio cuvée 2000, qui ont attisé toutes les convoitises,
s'éparpilleront bientôt dans les plus grands clubs aux quatre coins de
l'Italie et de l'Europe: Nedved signera à la Juve en 2001 (tout comme
Salas, malheureux chez les Bianconeri) et y gagnera deux autres
Scudetti, Veron et Conceiçao s'engageront respectivement avec Manchester
et l'Inter cette même année, et Nesta rejoindra le Milan AC en 2002
pour y glaner deux Champions League. Mihajlovic et Simeone resteront au
club jusqu'en 2003 et Stankovic jusqu'en 2004: les derniers rescapés
d'une des meilleures formations du début de siècle.
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