Apparemment, il faut attendre
vingt-quatre ans pour mettre une quatrième étoile sur le maillot: c'est le même
laps de temps qui sépare les troisième et quatrième sacres du
Brésil (1970-1994), de l'Italie (1982-2006) et désormais de
l'Allemagne (1990-2014). En ce qui concerne la Mannschaft, ces
vingt-quatre années furent un long chemin vers le renouveau et la
victoire, un parcours de réinvention d'elle-même, une quête d'une
identité nouvelle. Personne ne mérite le titre davantage que cette
Allemagne qui a su tourner le dos à un passé pourtant glorieux pour
renouer avec la gloire. Ce triomphe n'est pas seulement celui de Löw
et de Klinsmann (ne l'oublions pas dans l'affaire, le père Jürgen)
mais de tout un système qui fonctionne merveilleusement bien, à tel
point que le football allemand est souvent à juste titre présenté
comme un modèle. Assurément, ce n'est pas cette Coupe du Monde qui
risque de ternir son image.
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lundi 14 juillet 2014
samedi 12 juillet 2014
Plaidoyer pour l'Argentine
Honnêtement, qui aurait dit que l'Argentine disputerait la finale après sa prestation affligeante contre l'Iran en poule? Une nouvelle fois, l'Albiceleste semblait partie pour se ramasser en beauté au mieux en quart de finale: pas de fond de jeu, aucune inspiration, friabilité défensive inquiétante, tout semblait réuni pour que le scénario moisi de 2010 se répète.
Il s'agit là d'une première bonne raison de se méfier pour les Allemands: l'Argentine s'est hissée en finale au forceps et sans faire trop de bruit (façon de parler, si l'on considère le bordel monstrueux dans le pays après la demi-finale), un peu à la manière de l'Italie en 2006, qui avait sorti l'Australie puis l'Ukraine pour accéder au dernier carré. Elle a bénéficié d'un tirage au sort favorable (une poule faiblarde, Suisse et Belgique pour arriver dans le dernier carré, on a vu nettement pire) et de l'indispensable coup de pouce du destin lors de la série de tirs aux buts face aux Oranje. Dans ces conditions, comment ne pourrait-elle pas croire en son étoile, et ce même face à une Allemagne plus qu'impressionnante?
mercredi 9 juillet 2014
De la justice divine
Nous en avions rêvé, les Allemands l'ont fait: danke schön messieurs, les esthètes en l'air et les derniers mohicans à croire encore à une forme de justice sportive vous remercient. Nous aurions même signé pour un vieux 1-0 bien moche avec un but du genou d'Höwedes sur corner, du moment que ce faux Brésil en bois ne voie pas la finale. Le festival teuton est venue confirmer que cette Seleçao était bien la plus laide de toute l'histoire, une escroquerie, un néant, une mauvaise blague, une imposture. Ces sept buts (non mais sept pions qu'ils ont pris dans le cornet quoi ma petite dame) pour l'éternité effacent à eux seuls tant de mauvais moments où l'on a pu croire que ce sport pervers récompensait toujours ceux-là mêmes qui œuvrent à sa destruction et punissait cruellement ses bienfaiteurs. Cette fois, il n'en sera pas ainsi, et le football moche ne l'emportera pas au paradis.
lundi 7 juillet 2014
Espoirs et absences
Plutôt que les considérations tactiques ou l'évaluation du rendement des uns et des autres, ce sont les blessures et suspensions qui occupent l'espace médiatique à la veille des demi-finales: Neymar ne jouera plus, Thiago Silva devra attendre une éventuelle finale (à moins que la requête des dirigeants brésiliens pour faire sauter son carton n'aboutisse, ce qui ne nous surprendrait qu'à moitié) et Di Maria a quitté ses partenaires après une demi-heure face à la Belgique. Après le placenta de cheval pour Diego Costa, on évoque un traitement à base de cellules souches pour le lieutenant de Messi, mais les chances de le revoir d'ici la fin du tournoi semblent bien minces.
samedi 5 juillet 2014
Retours sur terre
Ce sont trois buts inscrits sur coups de
pieds arrêtés par des défenseurs centraux (Hummels, Thiago Silva et
David Luiz) qui ont permis à l'Allemagne et au Brésil d'éliminer
respectivement la France et la Colombie. A l'heure où les pions
comptent double, les matches se ferment, les intentions offensives se
font moins nettes, les blocs se resserrent et ce qu'il est convenu
d'appeler le «réalisme», aussi floue soit la définition de ce
terme, reprend le dessus.
On ne peut pas dire que les éliminés du
jour aient particulièrement bien joué à l'occasion de leur quart
de finale (la Colombie a plutôt déjoué en fait) mais ils sont
tombés face à deux adversaires solides, bien organisés et
opportunistes à souhait: la recette pour aller au bout en somme,
dans le football dit moderne, et ce n'est pas ce bon Aimé Jacquet
qui dira le contraire.
jeudi 3 juillet 2014
Pays-Bas, enfin la bonne?
Parmi les huit équipes encore en lice
(si vous voulez connaître l'origine de cette expression, relisez
Ivanhoe), quatre n'ont jamais remporté la Coupe du Monde, et parmi
elles, seuls les Pays-Bas ont déjà atteint la finale. Après les
sacres de la France en 1998 et de l'Espagne en 2010, il restent la
seule nation majeure du football mondial à ne pas figurer au
palmarès de la plus prestigieuse des compétitions.
Les Pays-Bas ont
remporté l'Euro 88 grâce à la génération Rijkaard-Gullit-Van
Basten, joué et perdu trois finales mondiales en 1974, 1978 et 2010
et régulièrement atteint le dernier carré des grands tournois
internationaux. Ses trois clubs les plus réputés (Ajax Amsterdam,
PSV Eindhoven et Feyenoord Rotterdam) ont compilé onze trophées
européens. Quelque part, le fait que les Oranje ne fasse pas partie
du club des vainqueurs de Coupe du Monde constitue une forme
d'injustice sportive. Question à cent mille balles: est-ce enfin la
bonne année pour eux?
mercredi 2 juillet 2014
Logique malgré tout
Dans cette Coupe du Monde
qui marche sur la tête, on aura au moins assisté à un événement
logique, puisque tous les premiers de groupe ont remporté leur
huitième de finale: à défaut de refléter la hiérarchie qui
semblait s'être mise en place ces dernières années, ce tournoi
affiche une forme de cohérence interne (le Costa Rica, par exemple,
ne s'est pas effondré contre la Grèce).
Il faudrait être aveugle
ou en charge des notes individuelles à L'Equipe pour
affirmer que les équipes qui ont dominé la phase de poules soient
montées en puissance et aient renforcé leurs certitudes à
l'occasion des ces huitièmes de finale, puisque cinq d'entre elles
(Allemagne, Argentine, Belgique, Brésil et Costa Rica) ont dû jouer
les prolongations. Les Bleus ont souffert face a Nigeria et les
Pays-Bas sont passés tout près de la sortie contre le Mexique.
Seule la Colombie, finalement, s'est qualifiée sans souci face à
l'Uruguay.
mardi 1 juillet 2014
Premières chaleurs
Il aura bel et bien lieu,
ce quart de finale entre la France et l'Allemagne que (presque) tout
le monde attendait, mais le cap des huitièmes s'est avéré très
compliqué à franchir pour les deux meilleurs ennemis du football
européen. Comme le Brésil et les Pays-Bas, les deux équipes ont
souffert mille morts pour se qualifier et ont dû puiser dans leurs
ressources physiques et et mentales, comme on dit en Suisse, pour
sortir du piège tendu par des adversaires surmotivés et sans
complexes. Une fois encore, la loi des séries, à laquelle on se
raccroche quand tout semble aller mal, s'est appliquée dans cette
Coupe du Monde: c'est la troisième élimination du Nigeria à ce
stade de la compétition contre un représentant du vieux continent,
et l'Allemagne n'a jamais perdu en huitièmes de finale de son
histoire.
lundi 30 juin 2014
La loi des séries

dimanche 29 juin 2014
Dieu est brésilien
Décidément, ce Brésil a tout pour lui. Quand il ne bénéficie pas d'un coup de pouce arbitral (Howard Webb a même refusé un but à Hulk qui semblait valable), il peut compter sur une réussite à toute épreuve: à croire qu'à force de regarder là-haut et de pointer le doigt vers le ciel en mondovision, les évangélistes de la balle ronde finissent par attirer l'attention du vénérable barbu (car Dieu est brésilien et barbu, comme Socrates).
Les auriverde passèrent tout près de la catastrophe dans les derniers instants de la prolongation, lorsque la frappe terrible de Pinilla vint s'écraser avec fracas sur la barre de Julio Cesar. On se dit alors, avec raison, que la baraka veillait sur la Seleçao. Premier tireur chilien, ce même Pinilla manqua évidemment son tir au but: classique, vu et revu, presque prévisible, mais toujours aussi cruel.
samedi 28 juin 2014
Manichéen mais vrai
Le sort a voulu que
quatre des cinq équipes sud-américaines encore en lice se
retrouvent dans la même partie de tableau et que les deux premiers
huitièmes de finale opposent le Brésil au Chili et la Colombie à
l'Uruguay. Dans l'autre moitié de l'arbre, l'Argentine doit se
sentir bien seule, elle qui ne pourra affronter l'un des membres du
club des quatre qu'à l'occasion d'une très éventuelle finale,
après avoir au préalable franchi l'obstacle suisse, maté de très
ambitieux Belges et s'être offert un remake de la triste finale de
1978 contre les Pays-Bas: une formalité, en somme.
Mais n'anticipons
pas, comme aime à le répéter François Hollande, et évitons de
faire des plans sur la comète, comme disait Haley (Haley les Bleus
bien évidemment), puisque cette Coupe du Monde réserve encore sans
doute son lot de surprises (pour les pronos, allez voir Marcel, vous
n'êtes pas sur le bon site).
vendredi 27 juin 2014
Dynamiques de groupes
Même novices, même attendus au
tournant, il aurait vraiment fallu que les Belges se montrent
en-dessous de tout pour ne pas sortir de leur groupe, sans doute le
moins dense de ce Mondial avec celui de la France. On pouvait penser
que les Russes constitueraient une menace et au minimum un candidat
sérieux à la qualification, mais les hommes de Capello furent d'une
faiblesse insigne sur leurs trois matches: surpris par la Corée du
Sud, atones face aux Belges et incapables de préserver leur avantage
contre l'Algérie.
Pour Capello, qu'il faudra désormais s'abstenir
d'appeler «maître», il s'agit de la deuxième élimination au
premier tour consécutive après le fiasco de 2010. Entre 2010 et
2014, les deux sélections qu'il a dirigées ont planté le total
mirifique de cinq buts en sept rencontres: champagne.
jeudi 26 juin 2014
En attendant la suite
Il ne servirait
strictement à rien de chercher à tirer de quelconques conclusions
de ce match face à l'Equateur, si ce n'est celle qu'il permet à la
France de terminer première de son groupe. Deschamps avait largement
remanié son équipe, jeté le bleu des Bleus Schneiderlin dans le
grand bain, mis au repos ses deux latéraux titulaires et confié le
flanc droit de l'attaque à Sissoko (alors qu'honnêtement, on aurait
préféré que Rémy débute le match). Il savait qu'un nul suffisait
à s'assurer la pôle, et c'est tout à son honneur d'avoir tout fait
tactiquement pour l'emporter en deuxième période, notamment en
faisant entrer Giroud à la place de Matuidi, sans doute autant pour
faire souffler son marathonien que forcer la décision. Ses choix
faillirent payer mais ses hommes se sont simplement montrés trop
maladroits devant le but.
mercredi 25 juin 2014
Chronique d'un cauchemar annoncé
On s'attendait à un match âpre et
tendu entre l'Italie et l'Uruguay, et le moins que l'on puisse dire
est que les deux équipes n'ont pas déçu. Entre une Celeste qui ne
songerait vaguement à attaquer qu'avec trois pions dans le cornet et
dix minutes à jouer et une Squadra Azzurra le fessier entre deux
chaises parce que qualifiée en cas de match nul, les occasions
furent plus que rares et les attaquants pas franchement à la fête.
D'habitude, ce sont les Italiens qui gagnent au jeu de dupes et
passent à l'arrache, mais cette fois ils sont tombés, en quelque
sorte, sur plus italiens qu'eux: plus truqueurs, plus roublards, plus
accrocheurs, plus réalistes. Le but de Godin du dos, c'est Tassotti
ou Costacurta qui l'aurait planté dans les années 90: les temps
changent.
mardi 24 juin 2014
Tripes, tactique et cagnard
Les Pays-Bas vont donc se coltiner le
Mexique en huitièmes, et malgré leur parcours impeccable et la forte impression qu'ils
ont laissée sur ce premier tour, on souhaite bien du courage à
Robben et compagnie. Hier soir, il n'y a pas eu photo entre El Tri et
une Croatie décevante qui a vaguement fait illusion une mi-temps
avant de partir en lambeaux une fois concédée l'ouverture du score.
Le trio Modric-Rakitic-Mandzukic, atout majeur de Nico Kovac, n'a
jamais pesé sur le scénario du match, le néo-Barcelonais se
contentant d'un bijou de passe décisive pour Perisic alors que la
messe était déjà dite. Séduisants face au Brésil, impitoyables
contre le Cameroun, les Croates ont raté la dernière marche,
simplement parce qu'ils sont tombés sur plus fort qu'eux.
lundi 23 juin 2014
Les portes de la gloire
Les Belges étaient attendus au
tournant, et contrairement à certaines équipes qui par le passé
payèrent cher leur statut d'outsider, ils ont déjà fait une belle
partie du boulot en se qualifiant pour les huitièmes. Dans la
manière, les Diables Rouges n'auront guère plus convaincu contre la
Russie que face à l'Algérie, mais à l'instar de l'Argentine (nous
n'évoquerons pas le cas portugais et un certain capitaine courage
par pure décence) et toutes proportions gardées, ils comptent dans
leurs rangs un petit génie capable de débloquer les situations les
plus figées. Quand on pense qu'avant la nomination de Wilmots,
Leekens n'hésitait pas à mettre Hazard sur le banc, on se dit que
l'Argentine et le Brésil ne sont pas les seuls à pâtir de
l'incompétence de leurs sélectionneurs.
dimanche 22 juin 2014
La bouteille à l'encre
Les certitudes ont la vie dure dans ce tournoi, et les vérités ne durent pas. Alors qu'on semblait pouvoir placer l'Allemagne un cran au-dessus de la concurrence après son entrée en matière fort convaincante, la Mannschaft n'est pas passée loin de la défaite contre le Ghana. Le sauveur s'appelle évidemment Miroslav Klose, auteur de son quinzième but en vingt matches de Coupe du Monde et qui a donc marqué lors de quatre rendez-vous mondiaux consécutifs, exploit que seuls Uwe Seeler et un certain Edson Arantes do Nascimento avait accompli avant lui. On ne sait plus trop quoi dire au sujet de Klose, véritable génie de surface, qui a planté sur son premier ballon un but digne de Gerd Müller sur une déviation de la tête d'Höwedes.
samedi 21 juin 2014
La cinquième dimension
Cette Coupe du Monde est complètement
dingue. En l'espace de quelques heures, on a vu l'Italie se faire
taper fort logiquement d'ailleurs par le Costa Rica, avant d'assister
à un festival offensif des Bleus, auteurs de cinq buts dans un
tournoi mondial pour la première fois depuis 1958, c'est-à-dire une autre époque, un
autre football, celui des Kopa, Piantoni, Fontaine. Même la bande à
Platoche s'était arrêté à quatre pions contre l'Irlande du Nord en 1982. Pour ajouter à l'extraordinaire, ce sont
cinq buteurs différents qui se sont illustrés face à la Suisse,
même si Benzema peut en vouloir à l'arbitre de n'avoir pas accordé
le sixième (que les hommes au sifflet puissent encore s'étonner de
leur impopularité ne manque précisément pas de surprendre).
vendredi 20 juin 2014
Parole à la défense
Cette Coupe du Monde est décidément partie pour être celle des grands attaquants: Müller a claqué un triplé pour son entrée dans le tournoi, Neymar et Benzema un doublé, Robben et Van Persie en sont à trois buts chacun, James Rodriguez a planté son deuxième but en deux matches, Balotelli inscrit le pion de la gagne contre l'Angleterre et hier soir le revenant Luis Suarez a joué un bien vilain tour à ses coéquipiers de Liverpool. Attendu comme le messie par tout un peuple, le phénomène n'a pas déçu et a replacé son équipe dans la course à la qualification, tandis que les Anglais, battus deux fois sur le même score, peuvent déjà préparer les valoches.
jeudi 19 juin 2014
Sic transit gloria mundi
L'élimination de l'Espagne constitue assurément un des faits majeurs de ce Mondial, mais aussi un épisode marquant de l'histoire du football. Beaucoup se demandaient quand l'hégémonie ibérique s'arrêterait, et à vrai dire pressentaient plus ou moins nettement que le rendez-vous brésilien était celui de tous les dangers pour la Roja. De là à l'imaginer sortie dès le deuxième match, humiliée par les Pays-Bas, surclassée par le Chili, complètement perdue et sans réaction après sept buts encaissés en trois mi-temps, il y avait un gouffre. Au sens premier du terme, cette Coupe du Monde est un désastre pour l'Espagne, qui laisse donc son trône vacant et contribue à rendre l'issue du tournoi plus incertaine encore.
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