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mardi 24 juin 2014

Tripes, tactique et cagnard

Les Pays-Bas vont donc se coltiner le Mexique en huitièmes, et malgré leur parcours impeccable et la forte impression qu'ils ont laissée sur ce premier tour, on souhaite bien du courage à Robben et compagnie. Hier soir, il n'y a pas eu photo entre El Tri et une Croatie décevante qui a vaguement fait illusion une mi-temps avant de partir en lambeaux une fois concédée l'ouverture du score. 

Le trio Modric-Rakitic-Mandzukic, atout majeur de Nico Kovac, n'a jamais pesé sur le scénario du match, le néo-Barcelonais se contentant d'un bijou de passe décisive pour Perisic alors que la messe était déjà dite. Séduisants face au Brésil, impitoyables contre le Cameroun, les Croates ont raté la dernière marche, simplement parce qu'ils sont tombés sur plus fort qu'eux.


On a sans doute eu tendance à sous-estimer quelque peu les chances du Mexique dans ce groupe et à les placer derrière les Croates parce qu'ils sortaient d'éliminatoires laborieux. C'était oublier un peu vite que cette nation s'est toujours montrée compétitive en phase finale et qu'El Tri fait régulièrement partie des équipes qui parviennent à sortir de leur poule (le Mexique disputera contre les Oranje son ... huitième huitième de finale de Coupe du Monde, sa meilleure performance à ce jour restant un quart de finale à la maison en 1970 et 1986). 

Mis à part bien sûr son parcours mémorable en 1998, la Croatie, qui a certes une histoire sportive plus courte, ne peut se vanter d'une telle constance au plus haut niveau (éliminations au premier tour en 2002 et 2006, pas qualifiée en 2010). Sans vouloir tomber dans le cliché sur les errements de l'âme slave, c'est souvent le pactole ou la banqueroute pour les Croates.


C'est avant tout sur la plan tactique et grâce au système mis en place par Herrera (que n'entraîne-t-il l'Argentine celui-là?) que le Mexique a bâti sa victoire: trois défenseurs centraux, deux latéraux qui font piston, trois milieux travailleurs et polyvalents et deux pointes rapides, simple sur le papier mais terriblement efficace, parce que les joueurs savent compenser, dédoubler, coulisser à merveille. 

Cette équipe fait tout collectivement et de manière cohérente, et c'est ce qui fait sa force: attaquer, défendre, presser, se replier, pousser, se bagarrer sur les coups de pied arrêtés. Contrairement à certaines autres (suivez mon regard, comme dirait Jean-Paul Sartre), elle ne dépend pas d'une individualité, même pas d'Hernandez, tout heureux de sortir du banc pour finir le boulot.

Le pressing mexicain a fini par écœurer les Croates, qui n'ont jamais pu permettre à Modric et Rakitic de jouer en sénateurs et d'orchestrer la manœuvre à leur guise. Individuellement, les joueurs de Kovac sont assurément supérieurs, notamment dans la création et en technique pure, mais l'engagement et la discipline mexicains ont totalement gommé cette différence. En prime, les potes de Guardado ont nettement mieux fini le match physiquement que leurs adversaires, et c'est tout sauf un hasard si l'écart s'est creusé après l'heure de jeu : voilà les Néerlandais prévenus. Même si Marquez risque de souffrir face à la vitesse de Robben, la solidarité qu'affichent ses coéquipiers lui garantit qu'il se retrouvera rarement seul face au bolide du Bayern.


De manière générale, les équipes européennes souffrent à l'occasion de ce Mondial, que ce soit à cause des conditions climatiques, de l'usure dûe à des saisons longues et éprouvantes en club ou tout simplement la qualité de l'opposition: Espagne au tapis (émouvantes larmes du soldat Villa à sa sortie contre l'Australie), Angleterre out, Portugal au bord de la sortie, Bosnie éliminée après deux matches, Croatie cramée, Allemagne secouée par le Ghana, en attendant peut-être l'élimination de l'Italie, qui joue sa tête aujourd'hui dans un match de feu contre l'Uruguay. Si jamais la Squadra prenait la lourde à l'issue de cette rencontre aux allures de demi-finale, les deux finalistes du dernier Euro ne verraient pas les huitièmes de finale, ce qui constituerait une sorte de cataclysme footballistique.

Tout dépendra à quelle Nazionale la Celeste aura affaire: celle, sûre de sa force et dominatrice qui a battu l'Angleterre, ou celle, empruntée, lente et sans imagination qui s'est logiquement inclinée face au Costa Rica. Encore une fois, dans ce nouveau duel entre l'Europe et l'Amérique du Sud, la fraîcheur physique risque d'être un facteur déterminant, surtout si, comme on peut s'y attendre, la première heure s'avère âpre et disputée. L'Uruguay ne dispose guère de beaucoup plus de certitudes que le vice-champion d'Europe mais sait que son duo Cavani-Suarez peut lui permettre de marquer sur une moitié d'occasion et rentabiliser au maximum le moindre mouvement offensif. Nous l'avons dit, c'est la Coupe du Monde des buteurs, et Fred s'est joint à la fête en plantant une tête un demi-mètre hors-jeu. Attention, après le penalty contre la Croatie et le carton jaune plus que clément donné à Thiago Silva pour un tacle aberrant face au Mexique, cela va finir par se voir.




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