Les Pays-Bas vont donc se coltiner le
Mexique en huitièmes, et malgré leur parcours impeccable et la forte impression qu'ils
ont laissée sur ce premier tour, on souhaite bien du courage à
Robben et compagnie. Hier soir, il n'y a pas eu photo entre El Tri et
une Croatie décevante qui a vaguement fait illusion une mi-temps
avant de partir en lambeaux une fois concédée l'ouverture du score.
Le trio Modric-Rakitic-Mandzukic, atout majeur de Nico Kovac, n'a
jamais pesé sur le scénario du match, le néo-Barcelonais se
contentant d'un bijou de passe décisive pour Perisic alors que la
messe était déjà dite. Séduisants face au Brésil, impitoyables
contre le Cameroun, les Croates ont raté la dernière marche,
simplement parce qu'ils sont tombés sur plus fort qu'eux.

Mis à part bien sûr son
parcours mémorable en 1998, la Croatie, qui a certes une histoire
sportive plus courte, ne peut se vanter d'une telle constance au plus
haut niveau (éliminations au premier tour en 2002 et 2006, pas qualifiée en 2010). Sans vouloir tomber dans le cliché sur les errements de
l'âme slave, c'est souvent le pactole ou la banqueroute pour les
Croates.
C'est avant tout sur la plan tactique
et grâce au système mis en place par Herrera (que n'entraîne-t-il
l'Argentine celui-là?) que le Mexique a bâti sa victoire: trois
défenseurs centraux, deux latéraux qui font piston, trois milieux
travailleurs et polyvalents et deux pointes rapides, simple sur le
papier mais terriblement efficace, parce que les joueurs savent
compenser, dédoubler, coulisser à merveille.
Cette équipe fait
tout collectivement et de manière cohérente, et c'est ce qui fait
sa force: attaquer, défendre, presser, se replier, pousser, se
bagarrer sur les coups de pied arrêtés. Contrairement à certaines
autres (suivez mon regard, comme dirait Jean-Paul Sartre), elle ne dépend pas d'une
individualité, même pas d'Hernandez, tout heureux de sortir du banc
pour finir le boulot.
Le pressing mexicain a fini par écœurer
les Croates, qui n'ont jamais pu permettre à Modric et Rakitic de
jouer en sénateurs et d'orchestrer la manœuvre à leur guise.
Individuellement, les joueurs de Kovac sont assurément supérieurs,
notamment dans la création et en technique pure, mais l'engagement
et la discipline mexicains ont totalement gommé cette différence.
En prime, les potes de Guardado ont nettement mieux fini le match
physiquement que leurs adversaires, et c'est tout sauf un hasard si
l'écart s'est creusé après l'heure de jeu : voilà les
Néerlandais prévenus. Même si Marquez risque de souffrir face à
la vitesse de Robben, la solidarité qu'affichent ses coéquipiers
lui garantit qu'il se retrouvera rarement seul face au bolide du
Bayern.
De manière générale, les équipes
européennes souffrent à l'occasion de ce Mondial, que ce soit à
cause des conditions climatiques, de l'usure dûe à des saisons
longues et éprouvantes en club ou tout simplement la qualité de
l'opposition: Espagne au tapis (émouvantes larmes du soldat Villa à
sa sortie contre l'Australie), Angleterre out, Portugal au bord de la
sortie, Bosnie éliminée après deux matches, Croatie cramée,
Allemagne secouée par le Ghana, en attendant peut-être
l'élimination de l'Italie, qui joue sa tête aujourd'hui dans un
match de feu contre l'Uruguay. Si jamais la Squadra prenait la lourde
à l'issue de cette rencontre aux allures de demi-finale, les deux
finalistes du dernier Euro ne verraient pas les huitièmes de finale,
ce qui constituerait une sorte de cataclysme footballistique.
Tout dépendra à quelle Nazionale la
Celeste aura affaire: celle, sûre de sa force et dominatrice qui a
battu l'Angleterre, ou celle, empruntée, lente et sans imagination
qui s'est logiquement inclinée face au Costa Rica. Encore une fois,
dans ce nouveau duel entre l'Europe et l'Amérique du Sud, la
fraîcheur physique risque d'être un facteur déterminant, surtout
si, comme on peut s'y attendre, la première heure s'avère âpre et
disputée. L'Uruguay ne dispose guère de beaucoup plus de certitudes
que le vice-champion d'Europe mais sait que son duo Cavani-Suarez
peut lui permettre de marquer sur une moitié d'occasion et
rentabiliser au maximum le moindre mouvement offensif. Nous l'avons
dit, c'est la Coupe du Monde des buteurs, et Fred s'est joint à la
fête en plantant une tête un demi-mètre hors-jeu. Attention, après
le penalty contre la Croatie et le carton jaune plus que clément
donné à Thiago Silva pour un tacle aberrant face au Mexique, cela
va finir par se voir.
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