
Le choix du sélectionneur
d'abandonner l'immuable 4-3-3 pour un 3-5-2 très pragmatique mais
plus adapté aux caractéristiques de ses joueurs semble payer.
Derrière, il sait qu'il ne peut pas compter sur un baron comme Stam,
(Danny) Blind ou (Frank) De Boer, et dès lors l'option d'aligner
trois centraux se justifie, d'autant que les latéraux se montrent
plutôt performants dans le jeu (cf la passe de Blind pour
l'égalisation de Van Persie contre l'Espagne).
Au milieu, Sneijder
bénéficie d'une grande liberté de mouvement et joue dans la
position où il est le pus dangereux et le plus à même de faire des
différences, au soutien direct des deux attaquants. Un ailier
dribbleur comme Robben semble plus fait pour évoluer sur un côté
au sein d'une attaque à trois, mais sa vitesse, sa faculté
d'élimination et son adresse devant le but causent de sérieux
dégâts dans les défenses adverses aux côtés de Van Persie.

Il aurait fallu qu'El Tri se
montre aussi audacieuse, intelligente et opportuniste que lors du
premier tour. Séduisants et accrocheurs contre le Brésil,
impressionnants physiquement et tactiquement contre la Croatie, les
coéquipiers de Marquez pouvaient raisonnablement espérer qu'il
mettraient un terme à la série noire. La statistique qui tue
est-elle venue polluer leurs esprits et instiller le doute à
l'approche du coup de sifflet final? Impossible à dire, mais il est
frappant de constater à quel point les séries ont la peau dure et
mettent un point d'honneur à se poursuivre: élimination du Chili
par le Brésil en huitièmes (comme en 1998 et 2010), nouvelle sortie
de route précoce de la Côte d'Ivoire, quinzième pion de Klose en
quatre tournois, compétition compliquée pour le détenteur du
Ballon d'Or (Ronaldinho en 2006, Messi en 2010 et Ronaldo cette
année). En Coupe du Monde, les statistiques, souvent survendues et
surconsidérées, comptent plus qu'ailleurs.

Les Super Eagles
sont une des sélections les plus athlétiques du tournoi et il
faudra que les trois milieux français fassent preuve de répondant
dans les duels avant de penser à jouer au ballon (surtout Pogba, pas
de souci à se faire pour les deux autres à la baston). Les Bleus
ont affiché leurs limites quand il s'agit de trouver la faille dans
un bloc compact, et il y a fort à parier que le Nigeria ne vas pas
se ruer à l'assaut mais plutôt choisir de défendre bas et miser
sur la vitesse de ses attaquants, Emenike et Musa notamment.
Reste à savoir quel onze va
aligner Deschamps et quel visage il souhaite donner à son équipe.
L'absence de Sakho ne constituerait pas un handicap majeur, du moment
que Koscielny évite de se bloquer une nouvelle fois un rouge dans un
match à dix mille dollars. Ce serait sans doute une erreur de
vouloir battre les Nigérians sur leur propre terrain et il serait
dès lors judicieux de titulariser Valbuena et Griezmann autour de
Benzema, tous deux capables de virevolter autour des défenseurs et
de leur donner des maux de tête par leur sens du dribble, leurs
provocations balle au pied et leurs permutations.
Il faut miser sur
ses points forts, et ceux de la France résident dans la polyvalence
de son milieu de terrain et la vivacité de ses attaquants. Beaucoup
ont vu un coup d'arrêt dans le match face à l'Equateur, alors qu'il
faut sans doute parler de rappel salutaire: les Bleus ne possèdent
pas la marge que certains ont bien voulu lui donner, et ils feraient
bien de garder ce constat présent à l'esprit. Parce qu'on ne va pas
se mentir, hein, on a tous envie de le voir ce quart de finale contre
l'Allemagne.
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