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lundi 30 juin 2014

La loi des séries

Et si c'était enfin la bonne année pour les Pays-Bas? Menés au score jusqu'à cinq minutes de la fin par de redoutables Mexicains, les joueurs de Van Gaal sont finalement parvenus à renverser la vapeur grâce à Sneidjer, l'homme providentiel des matches couperet, et Huntelaar, buteur sur penalty suite à une faute fort discutable sur Robben. Comme la Colombie, les Oranje ont remporté tous leurs matches et affronteront le Costa Rica en quart de finale avec la pancarte de favori dans le dos et objectivement de grandes chances d'atteindre le dernier carré. Alors qu'on pouvait les considérer dépendants du rendement de Robben et Van Persie (x buts à deux en poules), ils ont su passer l'obstacle mexicain sans qu'aucun des deux ne plante, et Sneijder s'est comme à son habitude montré décisif au meilleur moment: autant de bonnes nouvelles pour Van Gaal.


Le choix du sélectionneur d'abandonner l'immuable 4-3-3 pour un 3-5-2 très pragmatique mais plus adapté aux caractéristiques de ses joueurs semble payer. Derrière, il sait qu'il ne peut pas compter sur un baron comme Stam, (Danny) Blind ou (Frank) De Boer, et dès lors l'option d'aligner trois centraux se justifie, d'autant que les latéraux se montrent plutôt performants dans le jeu (cf la passe de Blind pour l'égalisation de Van Persie contre l'Espagne). 

Au milieu, Sneijder bénéficie d'une grande liberté de mouvement et joue dans la position où il est le pus dangereux et le plus à même de faire des différences, au soutien direct des deux attaquants. Un ailier dribbleur comme Robben semble plus fait pour évoluer sur un côté au sein d'une attaque à trois, mais sa vitesse, sa faculté d'élimination et son adresse devant le but causent de sérieux dégâts dans les défenses adverses aux côtés de Van Persie.



Pour les Mexicains, le syndrome du plafond de verre a encore frappé, puisque c'est la sixième fois consécutive qu'ils se font sortir à ce stade de la compétition (ils se sont inclinés face à la Bulgarie en 1994, face aux Pays-Bas déjà en 1998, aux Etats-Unis en 2002 et face à l'Argentine en 2006 et 2010). Ils peuvent vraiment se mordre les doigts d'avoir laissé les Néerlandais revenir dans le match (et accessoirement pester contre l'arbitrage) mais Herrera a sans doute commis une énorme bourde en sortant Dos Santos, qui faisait planer une menace constante sur l'arrière-garde orange. D'une certaine façon, il a ordonné le repli des troupes et incité l'adversaire à se porter vers l'avant sans arrière-pensée et sans avoir à tenir à l’œil le buteur de Villareal. Face à des tueurs à gages comme Sneijder, Robben, Van Persie ou Huntelaar, cela ne pardonne pas.

Il aurait fallu qu'El Tri se montre aussi audacieuse, intelligente et opportuniste que lors du premier tour. Séduisants et accrocheurs contre le Brésil, impressionnants physiquement et tactiquement contre la Croatie, les coéquipiers de Marquez pouvaient raisonnablement espérer qu'il mettraient un terme à la série noire. La statistique qui tue est-elle venue polluer leurs esprits et instiller le doute à l'approche du coup de sifflet final? Impossible à dire, mais il est frappant de constater à quel point les séries ont la peau dure et mettent un point d'honneur à se poursuivre: élimination du Chili par le Brésil en huitièmes (comme en 1998 et 2010), nouvelle sortie de route précoce de la Côte d'Ivoire, quinzième pion de Klose en quatre tournois, compétition compliquée pour le détenteur du Ballon d'Or (Ronaldinho en 2006, Messi en 2010 et Ronaldo cette année). En Coupe du Monde, les statistiques, souvent survendues et surconsidérées, comptent plus qu'ailleurs.


Les Bleus basculent aujourd'hui dans la phase à élimination directe, et si le premier tour a fourni son lot de certitudes, il convient de se méfier de ces Nigérians qui, certes, n'ont jamais vu les quarts de finale (battus par l'Italie en 1994 et le Danemark en 1998, soit deux représentants européens, alors jamais deux sans trois?). Il ne faut pas perdre de vue que le match va débuter à 13h heure locale et se jouer sous le cagnard à un horaire physiologiquement inhabituel. 

Les Super Eagles sont une des sélections les plus athlétiques du tournoi et il faudra que les trois milieux français fassent preuve de répondant dans les duels avant de penser à jouer au ballon (surtout Pogba, pas de souci à se faire pour les deux autres à la baston). Les Bleus ont affiché leurs limites quand il s'agit de trouver la faille dans un bloc compact, et il y a fort à parier que le Nigeria ne vas pas se ruer à l'assaut mais plutôt choisir de défendre bas et miser sur la vitesse de ses attaquants, Emenike et Musa notamment.

Reste à savoir quel onze va aligner Deschamps et quel visage il souhaite donner à son équipe. L'absence de Sakho ne constituerait pas un handicap majeur, du moment que Koscielny évite de se bloquer une nouvelle fois un rouge dans un match à dix mille dollars. Ce serait sans doute une erreur de vouloir battre les Nigérians sur leur propre terrain et il serait dès lors judicieux de titulariser Valbuena et Griezmann autour de Benzema, tous deux capables de virevolter autour des défenseurs et de leur donner des maux de tête par leur sens du dribble, leurs provocations balle au pied et leurs permutations. 

Il faut miser sur ses points forts, et ceux de la France résident dans la polyvalence de son milieu de terrain et la vivacité de ses attaquants. Beaucoup ont vu un coup d'arrêt dans le match face à l'Equateur, alors qu'il faut sans doute parler de rappel salutaire: les Bleus ne possèdent pas la marge que certains ont bien voulu lui donner, et ils feraient bien de garder ce constat présent à l'esprit. Parce qu'on ne va pas se mentir, hein, on a tous envie de le voir ce quart de finale contre l'Allemagne.






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