Et si c'était enfin la bonne
année pour les Pays-Bas? Menés au score jusqu'à cinq minutes de la
fin par de redoutables Mexicains, les joueurs de Van Gaal sont
finalement parvenus à renverser la vapeur grâce à Sneidjer,
l'homme providentiel des matches couperet, et Huntelaar, buteur sur
penalty suite à une faute fort discutable sur Robben. Comme la
Colombie, les Oranje ont remporté tous leurs matches et affronteront
le Costa Rica en quart de finale avec la pancarte de favori dans le
dos et objectivement de grandes chances d'atteindre le dernier carré.
Alors qu'on pouvait les considérer dépendants du rendement de
Robben et Van Persie (x buts à deux en poules), ils ont su passer
l'obstacle mexicain sans qu'aucun des deux ne plante, et Sneijder
s'est comme à son habitude montré décisif au meilleur moment:
autant de bonnes nouvelles pour Van Gaal.
Le choix du sélectionneur
d'abandonner l'immuable 4-3-3 pour un 3-5-2 très pragmatique mais
plus adapté aux caractéristiques de ses joueurs semble payer.
Derrière, il sait qu'il ne peut pas compter sur un baron comme Stam,
(Danny) Blind ou (Frank) De Boer, et dès lors l'option d'aligner
trois centraux se justifie, d'autant que les latéraux se montrent
plutôt performants dans le jeu (cf la passe de Blind pour
l'égalisation de Van Persie contre l'Espagne).
Au milieu, Sneijder
bénéficie d'une grande liberté de mouvement et joue dans la
position où il est le pus dangereux et le plus à même de faire des
différences, au soutien direct des deux attaquants. Un ailier
dribbleur comme Robben semble plus fait pour évoluer sur un côté
au sein d'une attaque à trois, mais sa vitesse, sa faculté
d'élimination et son adresse devant le but causent de sérieux
dégâts dans les défenses adverses aux côtés de Van Persie.
Pour les Mexicains, le syndrome du
plafond de verre a encore frappé, puisque c'est la sixième fois
consécutive qu'ils se font sortir à ce stade de la compétition
(ils se sont inclinés face à la Bulgarie en 1994, face aux Pays-Bas
déjà en 1998, aux Etats-Unis en 2002 et face à l'Argentine en 2006
et 2010). Ils peuvent vraiment se mordre les doigts d'avoir laissé
les Néerlandais revenir dans le match (et accessoirement pester
contre l'arbitrage) mais Herrera a sans doute commis une énorme
bourde en sortant Dos Santos, qui faisait planer une menace constante
sur l'arrière-garde orange. D'une certaine façon, il a ordonné le
repli des troupes et incité l'adversaire à se porter vers l'avant
sans arrière-pensée et sans avoir à tenir à l’œil le buteur de
Villareal. Face à des tueurs à gages comme Sneijder, Robben, Van
Persie ou Huntelaar, cela ne pardonne pas.
Il aurait fallu qu'El Tri se
montre aussi audacieuse, intelligente et opportuniste que lors du
premier tour. Séduisants et accrocheurs contre le Brésil,
impressionnants physiquement et tactiquement contre la Croatie, les
coéquipiers de Marquez pouvaient raisonnablement espérer qu'il
mettraient un terme à la série noire. La statistique qui tue
est-elle venue polluer leurs esprits et instiller le doute à
l'approche du coup de sifflet final? Impossible à dire, mais il est
frappant de constater à quel point les séries ont la peau dure et
mettent un point d'honneur à se poursuivre: élimination du Chili
par le Brésil en huitièmes (comme en 1998 et 2010), nouvelle sortie
de route précoce de la Côte d'Ivoire, quinzième pion de Klose en
quatre tournois, compétition compliquée pour le détenteur du
Ballon d'Or (Ronaldinho en 2006, Messi en 2010 et Ronaldo cette
année). En Coupe du Monde, les statistiques, souvent survendues et
surconsidérées, comptent plus qu'ailleurs.
Les Bleus basculent aujourd'hui
dans la phase à élimination directe, et si le premier tour a fourni
son lot de certitudes, il convient de se méfier de ces Nigérians
qui, certes, n'ont jamais vu les quarts de finale (battus par
l'Italie en 1994 et le Danemark en 1998, soit deux représentants
européens, alors jamais deux sans trois?). Il ne faut pas perdre de
vue que le match va débuter à 13h heure locale et se jouer sous le
cagnard à un horaire physiologiquement inhabituel.
Les Super Eagles
sont une des sélections les plus athlétiques du tournoi et il
faudra que les trois milieux français fassent preuve de répondant
dans les duels avant de penser à jouer au ballon (surtout Pogba, pas
de souci à se faire pour les deux autres à la baston). Les Bleus
ont affiché leurs limites quand il s'agit de trouver la faille dans
un bloc compact, et il y a fort à parier que le Nigeria ne vas pas
se ruer à l'assaut mais plutôt choisir de défendre bas et miser
sur la vitesse de ses attaquants, Emenike et Musa notamment.
Reste à savoir quel onze va
aligner Deschamps et quel visage il souhaite donner à son équipe.
L'absence de Sakho ne constituerait pas un handicap majeur, du moment
que Koscielny évite de se bloquer une nouvelle fois un rouge dans un
match à dix mille dollars. Ce serait sans doute une erreur de
vouloir battre les Nigérians sur leur propre terrain et il serait
dès lors judicieux de titulariser Valbuena et Griezmann autour de
Benzema, tous deux capables de virevolter autour des défenseurs et
de leur donner des maux de tête par leur sens du dribble, leurs
provocations balle au pied et leurs permutations.
Il faut miser sur
ses points forts, et ceux de la France résident dans la polyvalence
de son milieu de terrain et la vivacité de ses attaquants. Beaucoup
ont vu un coup d'arrêt dans le match face à l'Equateur, alors qu'il
faut sans doute parler de rappel salutaire: les Bleus ne possèdent
pas la marge que certains ont bien voulu lui donner, et ils feraient
bien de garder ce constat présent à l'esprit. Parce qu'on ne va pas
se mentir, hein, on a tous envie de le voir ce quart de finale contre
l'Allemagne.


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