Cette Coupe du Monde est décidément partie pour être celle des grands attaquants: Müller a claqué un triplé pour son entrée dans le tournoi, Neymar et Benzema un doublé, Robben et Van Persie en sont à trois buts chacun, James Rodriguez a planté son deuxième but en deux matches, Balotelli inscrit le pion de la gagne contre l'Angleterre et hier soir le revenant Luis Suarez a joué un bien vilain tour à ses coéquipiers de Liverpool. Attendu comme le messie par tout un peuple, le phénomène n'a pas déçu et a replacé son équipe dans la course à la qualification, tandis que les Anglais, battus deux fois sur le même score, peuvent déjà préparer les valoches.
Sans doute éliminés pour la deuxième fois consécutive au premier tour, les Three Lions ont cependant laissé une bien meilleure impression qu'il y a quatre ans en Afrique du Sud, où leur fond de jeu tutoya le néant. Il faut surtout retenir quelques éléments de bon augure pour l'avenir proche, notamment dans le secteur offensif, avec la confirmation de Sturridge à la pointe de l'attaque, l'émergence de Sterling et les jolies promesses affichées par Barkley. Gerrard et Lampard vont quitter la scène internationale et il va falloir que la sélection se trouve des tauliers, puisque Rooney n'assume manifestement pas le leadership, et qu'un joueur comme Wilshere prenne une autre dimension (dommage que Ramsey soit gallois). Gros casse-tête en vue pour le prochain sélectionneur: le chantier de la défense, dans laquelle personne ne s'est imposé de manière incontestable depuis le retrait des Terry, Cole et Ferdinand (please don't mention Phil Jones).

Dans ce domaine, la première pensée va forcément vers l'Italie, pays de la bruschetta, du Vespa et du bel canto mais aussi de Gentile, de Sacchi et du catenaccio (please don't mention Vierchowood). Depuis l'arrivée du signore Prandelli aux affaires, la Squadra produit beaucoup plus de jeu et a fait de Pirlo son roi, parfois au détriment de son efficacité défensive. Si l'on se réfère à la phase éliminatoire, il apparaît que l'équipe qui a concédé le moins de pions dans la zone Europe est ...l'Espagne, devant ...l'Angleterre, la Belgique, les Pays-Bas et la Russie. Deux de ces équipes sont déjà sorties et les trois autres ont toutes encaissé au moins un but (trois en deux matches pour les Pays-Bas).
Côté sud-américain, cela ne respire pas non plus la grande sérénité dans les lignes arrières. Le Brésil, présenté comme l'ogre défensif de la compétition (on rappelle que l'on parle bien du Brésil, merci de prendre des notes), a pris un but contre son camp dès la dixième minute contre les Croates et la charnière Thiago Silva-David Luiz ne dégage pas l'assurance attendue (une pensée pour Laurent Blanc), le capitaine ayant même dû se voir expulser face au Mexique. Sabella, le sélectionneur argentin, semble hésiter entre une défense à trois et à cinq, et Mascherano se farcit tout le boulot à la récupération. L'Uruguay a déjà quatre buts dans le cornet. Quand à la Colombie, elle joue avec Mario Yepes, ce qui n'appelle a priori aucune autre forme de commentaire.
Et les Bleus, me direz-vous avec un sens patriotique digne du service des sports de France Télévisions et qui vous honore? Ils n'ont pas cédé face au Honduriens, pour la bonne raison que ces derniers n'ont jamais rien tenté. Varane, titulaire lors de la finale de Champions League, possède déjà un vécu hors du commun pour son âge, tout comme Sakho, capitaine du PSG à dix-sept ans mais toujours capable de redoutables moments d'absence. Evra et Debuchy participent activement aux attaques et, miracle, produisent des centres de qualité (on avait plus vu ça depuis Sagnol), mais leur position souvent haute ouvre des espaces dans leur dos, ce dont il faudra se méfier face à des adversaires habiles en contre. Premier vrai test ce soir face à la Suisse, pas franchement réputée pour la fulgurance de ses attaques mais plutôt adroite sur phases arrêtées (normal pour des Suisses) et qui possède avec Seferovic une sorte de Griezmann helvète.
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