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lundi 9 juin 2014

Tevez, une étrange absence

Avec Messi, Di Maria et Aguero, l'Argentine possède sans doute la meilleure triplette offensive du Mondial. Ultra-rapides et techniquement exceptionnels, los tres hermanos peuvent semer le bronx dans la plus organisée des défenses. On ne présente plus Messi, pour qui, comme pour Nadal sur la terre battue parisienne, les superlatifs ne suffisent plus. Di Maria, qui a peut-être signé la meilleure saison de sa carrière, fut souvent époustouflant avec le Real en Champions League et assurément le meilleur Madrilène en finale, bien au-dessus de ses compères d'attaque.

 Quant à ces féroces soldats, c'est pas pour cafter, mais ils font rien qu'à mugir dans nos campagnes. Pardon, c'est l'attente qui devient quasiment insupportable. Quant à Aguero, son rendement avec City fut une nouvelle fois ahurissant (17 pions en 23 matches de championnat), malgré les pépins physiques qui ont émaillé sa saison. Si la présence des trois phénomènes ne souffre aucune contestation, on peut en revanche s'interroger sur l'absence de Tevez, appelé à plus de soixantes reprises sous le maillot argentin et deux tournoi mondiaux au compteur.


L'Apache, qui avait quitté Manchester fâché avec Mancini (remember la fameuse scène de bouderie en Champions League), a fait le bonheur de la Juventus pour sa première année en Serie A: 19 pions dont quelques-uns particulièrement importants dans la course au Scudetto, une complicité aussi manifeste que fructueuse avec Llorente et évidemment un engagement de lâche-rien et de tous les instants, la marque de fabrique du bonhomme.

Avec l'Argentin, la Juve et Conte ont trouvé un attaquant qui leur ressemble et reflète les valeurs du club: dur au mal, industrieux, toujours prêt à transpirer, multiplier les appels et accumuler les bornes au pressing. Se coltiner Tevez, son agressivité, son côté presque bestial sur le pré, ne relève pas franchement de la partie de plaisir pour une défense. Disons, avec toute l'admiration que l'on porte à l'aristocrate bulgare, que c'est n'est pas exactement la même mayonnaise que de surveiller Berbatov.


L'équipe mise en place par le sélectionneur Sabella semble éminemment joueuse et déterminée à assumer la possession dans la grande tradition argentine, ce dont on ne peut que se réjouir. Simplement, l'Albiceleste, en dehors de joyaux offensifs qui ont fait sa légende, a toujours pu compter sur quelques morts de faim à la combativité et la grinta communicatives, tels que Simeone ou Almeyda. Seul Mascherano correspond véritablement à ce profil dans la liste, Gago, un des hommes de base de Sabella, devant plutôt jouer les chefs d'orchestre que les ratisseurs.

En dehors de ses pures capacités footballistiques, en elles-mêmes considérables, c'est peut-être la hargne et la rage de vaincre de Tevez qui pourraient faire défaut à l'équipe quand arriveront les matches qui comptent. L'Argentine fait peur parce qu'elle compte dans ses rangs un quadruple Ballon d'Or et quelques individualités particulièrement remarquables, mais on ne gagne pas une Coupe du Monde seulement avec des artistes. En 1986, année du dernier sacre argentin, tout le monde était allé au charbon pour permettre à Maradona de faire la différence.


A vrai dire on ne comprend pas vraiment pourquoi Sabella a choisi de se priver d'un attaquant qui brille autant par son sens du but que par les services précieux qu'il rend au collectif. Si Tevez a un dossier chargé et s'est embrouillé à plusieurs reprises avec ses entraîneurs successifs, son attitude sur le terrain a toujours été irréprochable. Au passage, c'est tout de même lui avait ouvert le score face au Mexique lors des huitièmes de finale en Afrique du Sud, un but certes entaché d'une position de hors-jeu mais qui permit aux siens de prendre le match par le bon bout.

Le choix d'Higuain, pur avant-centre capable de peser dans la surface adverse, de servir de point d'appui et de faire parler son jeu de tête, ne se discute pas, mais Lavezzi et Palacio méritent-ils tellement plus que Tevez de voir le Brésil? Le premier a alterné le (très) brouillon et (plus rarement) l'excellent avec le PSG, et si le second est assurément un superbe attaquant, l'Apache lui semble supérieur dans un registre similaire. A eux deux, Lavezzi et Palacio n'ont inscrit que six buts en soixante sélections cumulées. Il ne reste plus qu'à espérer qu'ils fassent oublier ce qui ressemble fort à une erreur et que Sabella n'ait pas à se mordre les doigts d'avoir laissé de côté un joueur que beaucoup de ses confrères auraient aimé pouvoir inclure dans leur liste.




1 commentaire:

  1. L'Argentine a un coup à jouer dans cette CdM que je trouve très ouverte.

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