Il ne servirait
strictement à rien de chercher à tirer de quelconques conclusions
de ce match face à l'Equateur, si ce n'est celle qu'il permet à la
France de terminer première de son groupe. Deschamps avait largement
remanié son équipe, jeté le bleu des Bleus Schneiderlin dans le
grand bain, mis au repos ses deux latéraux titulaires et confié le
flanc droit de l'attaque à Sissoko (alors qu'honnêtement, on aurait
préféré que Rémy débute le match). Il savait qu'un nul suffisait
à s'assurer la pôle, et c'est tout à son honneur d'avoir tout fait
tactiquement pour l'emporter en deuxième période, notamment en
faisant entrer Giroud à la place de Matuidi, sans doute autant pour
faire souffler son marathonien que forcer la décision. Ses choix
faillirent payer mais ses hommes se sont simplement montrés trop
maladroits devant le but.

Contre un adversaire
qui défend bas et en bloc comme l'a fait l'Equateur, les Bleus, dont
la patience dans la construction n'est pas vraiment le point fort,
peinent à trouver la faille (ils ne sont d'ailleurs pas les seuls
dans ce cas, les Argentins par exemple ayant connu exactement les
mêmes difficultés). Ils devraient donc trouver dans la suite de la
compétition des conditions favorables à la pleine expression de
leur football, puisque leurs futurs adversaires ne se contenteront
pas de bétonner autour de leur surface.

En dosant ses retouches, et si l'on considère que
certaines lui furent imposées par les circonstances (suspension de
Cabaye, petit souci viral pour Varane), il a avant tout cherché à
rester dans la continuité et préserver la fameuse «dynamique»
avec laquelle on nous a rabattu les oreilles avant la rencontre. Une
défaite aurait instillé le doute dans les esprits, et Deschamps ne
dispose pas de deux équipes parfaitement égales et
interchangeables.
Contre le Nigeria, un
adversaire à prendre très au sérieux, il faudra gommer certaines
imperfections et commencer par garder ses nerfs, Sakho et Giroud
s'étant rendus coupables de gestes répréhensibles qui pourraient
coûter cher lors d'un match à élimination directe. Il n'est pas
normal non plus que les Bleus aient concédé autant d'occasions et
de situations dangereuses en supériorité numérique. Peut-être
est-ce dû à l'absence de Cabaye, le libero du milieu, qui sait
toujours parfaitement compenser, anticiper les pertes de balle
possibles, se replier si ses deux compères du milieu participent à
l'attaque et ainsi tuer le danger dans l’œuf. Schneiderlin fut
loin de démériter pour sa première sélection, mais il ne possède
ni l'intelligence tactique du Parisien ni sa qualité dans le jeu
long.

Si tous les coéquipiers
de Messi jouaient à leur niveau et arrêtaient de multiplier les
erreurs techniques et les passes prévisibles, l'Argentine serait
bien plus dangereuse et séduisante. Higuain et Agüero, pourtant
tous deux auteurs d'une année pleine et habituellement efficaces
sous le maillot bleu ciel et blanc, ont traversé le premier tour
comme des fantômes, tandis que Gago semble avoir besoin de toucher
le cuir au moins cinq fois avant d'envisager de le lâcher.

Paradoxe ultime: l'Argentine joue mieux collectivement avec Lavezzi et sans Agüero (je jure devant Nietzsche que la présente chronique a été rédigée sous la simple influence stimulante de cafés matinaux et sans l'usage de substances illicites, autrement dit on recommande le Lavazza pour écrire sur Lavezzi): le Parisien se montre souvent brouillon comme à son habitude, mais au moins donne-t-il un minimum de vitesse et de largeur au jeu, tandis que Higuain et Agüero se marchent trop souvent sur les crampons dans l'axe. Messi est capable de mettre le feu dans le bloc le plus compact, mais si les défenseurs doivent aussi verrouiller les flancs et garder un oeil sur l'avant-centre dans la surface, leur tâche devient extrêmement ardue. Il faut absolument que l'Argentine parvienne à multiplier les sources de danger et faire perdre leurs repères à ses futurs adversaires pour se montrer à la hauteur de ses ambitions.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire