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vendredi 6 juin 2014

Joachim et le plafond de verre

Voilà maintenant huit ans, depuis sa très honorable troisième place lors du Mondial 2006 organisé au pays, que la Mannschaft atteint régulièrement le dernier carré des tournois internationaux sans parvenir à conquérir un septième trophée. Piteusement éliminée en poules à l'Euro 2004, l'Allemagne a, au contraire de Mao, réussi sa révolution culturelle sous l'impulsion de Klinsmann puis de Löw. 

Grâce à l'exceptionnelle qualité de sa formation, sur laquelle la fédération a mis le paquet depuis la fin des années 90, elle est devenue l'une des sélections les plus plaisantes et excitantes à voir évoluer, à tel point qu'une forme de hype autour de la Mannschaft est apparue. Qui eût cru la chose possible à l'époque honnie des Linke, Ramelow (le joueur favori de Jean-Charles Sabatier) et autres Tarnat?

Le sélectionneur allemand dispose de ressources exceptionnelles en termes d'individualités, notamment au milieu et en attaque (Schweini, Kroos, Özil, Götze, Müller, Reus). Sur le papier, la Mannschaft paraît mieux armée que le Brésil, l'Italie et l'Argentine, et on ne voit à vrai dire que l'Espagne pour rivaliser. Sous la houlette du technicien favori de ces dames, elle a su se forger une véritable identité de jeu, résolument offensive, faite de patience et de fulgurances, fondée sur la qualité des échanges au sol et la participation des latéraux aux mouvements offensifs. Lors du dernier Mondial, elle avait livré quelques prestations enthousiasmantes, notamment contre l'Angleterre et l'Argentine, réduites en poudre Müller et compagnie. Certains esthètes aimeraient la voir enfin récompensée de sa régularité et de la qualité de son football par un sacre brésilien.

Ni le contexte présent ni le passé récent ne plaident pourtant en faveur de l'Allemagne, minée par les blessures (Lahm, Neuer) ou la méforme (Schweini, Khedira, Boateng, Klose) de certains de ses cadres. Des éléments de grande valeur comme Gündogan, Gomez ou Bender ne feront pas le voyage pour cause de pépins physiques ou de saison quasi-blanche.

En quelque sorte, il semble que cette Coupe du Monde arrive un an trop tard pour une nation dont les clubs dansaient sur le ventre de l'Europe au printemps dernier. La claque infligée par le Real au Bayern en demi-finale de Champions League a également contribué à mettre fin à l'euphorie et instiller le doute dans les esprits.

Deux paramètres essentiels plombent a priori les chances allemandes d'en finir avec une période de disette longue de dix-huit ans, soit une éternité pour une sélection à l'histoire si riche: la faiblesse de la charnière centrale Hummels-Boateng et la friabilité mentale du groupe (une preuve supplémentaire que le légendaire «réalisme allemand» est bien mort et enterré).

Face aux meilleures équipes de la planète, l'axe défensif offre trop peu de garanties, et un joueur comme Hummels, par ailleurs très élégant et classieux (comme Vitorino Hilton, le plus beau port altier de notre championnat, les connaisseurs apprécieront) ne traversera sans doute pas le tournoi sans commettre quelque boulette irréparable. Par ailleurs, la demi-finale du dernier Euro, pourtant plus que jouable et ce même face à un Balotelli en état de grâce, a mis en lumière la propension de cette Mannschaft à craquer psychologiquement lorsqu'elle est attendue au tournant. A elle de prouver qu'elle a non seulement du talent mais également des tripes, pour ne pas dire autre chose.

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