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mercredi 23 janvier 2013

Gabriel Batistuta, l'homme-but

bati.jpegCertains attaquants, comme Pippo Inzaghi, Gerd Müller ou David Trézéguet, brillent par leur capacité à finir le boulot dans la surface de réparation, dans toutes les positions et situations imaginables. D'autres, comme Lionel Messi, Thierry Henry ou Ronaldo, possèdent un coup de rein et un pouvoir d'accélération hors du commun qui font exploser les défenses adverses. Une autre catégorie concerne celle des artistes absolus qui peuvent faire basculer un match sur un coup de patte génial (Bergkamp, Romario, Del Piero par exemple), contrairement aux déménageurs qui misent avant tout sur leur puissance physique et leur aptitudes dans le domaine aérien (Vieri, Jardel, Bierhoff).


Et puis il y a ceux qui ont tout,  qui paraissent nés pour la mettre au fond (je vous en prie) et qu'une entité supérieure (nous ne dirons pas "les dieux du football", expression usée jusqu'à la corde par Thierry Roland) semble avoir destiné à marquer des pions: Gabriel Batistuta, dit Batigol, est de ceux-là, de la race des goleadors d'exception, capables de planter des coups de boule aberrants, de claquer des mines dans la lucarne des trente mètres, de poser des reprises acrobatiques impensables, de transpercer le mur le plus hermétique sur coup franc ou de s'offrir un amour de petit ballon piqué sous le nez du gardien sorti à la rencontre de ce tueur au sang chaud. Comparé à certains de ses contemporains (nous ne citerons pas de nom, mais George Weah par exemple), Batistuta souffre clairement d'un déficit de reconnaissance et n'a pas laissé dans l'histoire du football l'empreinte qu'il méritait.

Si les chiffres et les statistiques ne suffisent guère à rendre compte des capacités hors normes du monsieur, elles donnent quand même une certaine idée des dégâts que l'Argentin a occasionné dans les défenses tout au long de sa carrière: 183 buts en 318 matches de Serie A (dont 151 en 241 rencontres avec la Fiorentina), cinq saisons à plus de 20 buts avec une pointe à 26 unités (en 32 matches seulement) en 1994-95, 58 buts en 80 sélections (meilleur réalisateur de l'histoire de l'Albiceleste, qui a pourtant compté dans ses rangs quelques types vaguement à l'aise devant les cages, avec un ratio aberrant de 0,72 but par match), 10 buts en 12 rencontres de Coupe du Monde. Batigol reste à ce jour le meilleur buteur étranger de l'histoire de la Serie A depuis le départ d'Altafini de la Juventus en 1976 (dixième réalisateur toutes nationalités confondues) et le meilleur buteur de la Fiorentina de tous les temps devant le Suédois Kurt Hamrin, qui empilait les pions dans les années soixante.


Malheureusement, à la différence de légendes comme Mario Kempes (nous ne reviendrons pas sur les circonstances honteuses du Mondial 1978, connues de tous les footophiles depuis un moment) ou Diego Maradona, en attendant peut-être Messi, qui ont réussi à offrir le titre mondial à leur pays, Batigol a échoué par trois fois à ramener le trophée suprême à la maison, et quelques grands titres (Coupe du Monde et Champions League notamment) manquent à son palmarès: deux victoires en Copa America et un championnat d'Italie, cela satisferait sans doute beaucoup de monde mais reste plutôt maigre pour un joueur de cette envergure.

En 2000, après neuf saisons passées sous le maillot de la Viola aux côtés des Rui Costa, Edmundo, Torricelli, Toldo ou Mijatovic, Batistuta n'a remporté en tout et pour tout qu'une Coupe d'Italie et pris part une seule fois à la Champions League en 1999-2000. A trente-et-un ans, comprenant que le temps lui est désormais compté, il décide de quitter Florence, où il a atteint le statut d'icône suprême, pour signer à la Roma et tenter de remporter enfin ce Scudetto qui lui échappe depuis toujours. Son choix s'avère payant: en 2001, les Giallorossi de Totti, Emerson et Montella sont sacrés champions devant la Juve et la Lazio, une première pour le club depuis 1983.

Plus motivé et déterminé que jamais, Batistuta joue un rôle décisif dans la réussite de son équipe, marquant vingt buts en vingt-huit apparitions en Serie A et participant au festival offensif des jaune et rouge (treize buts chacun pour Montella et Totti). Soulagé, il passe deux nouvelles saisons sous le maillot de la Roma et dispute quelques matches avec l'Inter, où Moratti a toujours rêvé de l'associer à Ronaldo (qui s'est déjà envolé pour Madrid), puis se paie une pré-retraite dorée au Qatar avant de raccrocher les crampons, miné par les blessures et les soucis physiques à répétition, en 2005.

Comme nous l'avons vu (suivez un peu dans le fond), Batistuta fut prolifique en Coupe du Monde, mais ne dépassa jamais le stade des huitièmes de finale avec la sélection argentine. En 1994, il claque un hat-trick contre la Grèce et un autre but contre la Roumanie, qui élimine l'Alibiceleste au terme d'un match superbe. Quatre ans plus tard, en France, il termine la phase de poules avec quatre buts au compteur (il demeure le seul jouer de l'histoire à avoir signé deux hat-tricks dans deux différentes éditions de la Coupe du Monde) mais subit la loi des Anglais au cours d'une rencontre qui, une fois encore, restera parmi les plus belles de la compétition. Enfin, en 2002, malgré un pion d'entrée contre le Nigeria, il ne peut éviter le naufrage collectif argentin au cours d'un premier tout meurtrier qui voit également disparaître du tournoi la France, le Portugal et la Croatie.

Malheureux dans la plus prestigieuse des épreuves, Batigol se console avec deux triomphes successifs en Copa America en 1991 (meilleur buteur avec six réalisations) et 1993. En 1995, il plante face à la Bolivie et au Chili (un petit doublé pour la route) en poule, puis à nouveau contre le Brésil, qui se qualifiera aux tirs aux buts, en quart. Au total, Batistuta a participé à seize rencontres de Copa America et marqué treize fois: pas le moindre exploit d'un attaquant extraordinaire au sens premier du terme, pour qui l'appellation de "buteur" semble avoir été inventée.

1 commentaire:

  1. Faute impardonable!!!!
    l'Argentine en 98 sort l'Angleterre aux penos puis se fait sortir par les Pays-Bas en quart (Batistuta touche le poteau a 1-1). Faute d'autant plus impardonnable qu'ils se font éliminer sur le but (d'anthologie) de Bergkamp qui vous sert d'image d'accueil du site!!!

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