
Et
puis il y a ceux qui ont tout, qui paraissent nés pour la mettre au
fond (je vous en prie) et qu'une entité supérieure (nous ne dirons pas
"les dieux du football", expression usée jusqu'à la corde par Thierry
Roland) semble avoir destiné à marquer des pions: Gabriel Batistuta, dit
Batigol, est de ceux-là, de la race des goleadors d'exception, capables
de planter des coups de boule aberrants, de claquer des mines dans la
lucarne des trente mètres, de poser des reprises acrobatiques
impensables, de transpercer le mur le plus hermétique sur coup franc ou
de s'offrir un amour de petit ballon piqué sous le nez du gardien sorti à
la rencontre de ce tueur au sang chaud. Comparé à certains de ses
contemporains (nous ne citerons pas de nom, mais George Weah par
exemple), Batistuta souffre clairement d'un déficit de reconnaissance et
n'a pas laissé dans l'histoire du football l'empreinte qu'il méritait.
Si
les chiffres et les statistiques ne suffisent guère à rendre compte des
capacités hors normes du monsieur, elles donnent quand même une
certaine idée des dégâts que l'Argentin a occasionné dans les défenses
tout au long de sa carrière: 183 buts en 318 matches de Serie A (dont
151 en 241 rencontres avec la Fiorentina), cinq saisons à plus de 20
buts avec une pointe à 26 unités (en 32 matches seulement) en 1994-95,
58 buts en 80 sélections (meilleur réalisateur de l'histoire de
l'Albiceleste, qui a pourtant compté dans ses rangs quelques types vaguement à l'aise devant les cages, avec un ratio aberrant de 0,72 but par match), 10 buts en 12 rencontres de Coupe du Monde. Batigol reste à ce jour le meilleur buteur étranger de l'histoire de la Serie A depuis le départ d'Altafini de la Juventus en 1976 (dixième réalisateur toutes nationalités confondues) et le meilleur buteur de la Fiorentina de tous les temps devant le Suédois Kurt Hamrin, qui empilait les pions dans les années soixante.
En
2000, après neuf saisons passées sous le maillot de la Viola aux côtés
des Rui Costa, Edmundo, Torricelli, Toldo ou Mijatovic, Batistuta n'a
remporté en tout et pour tout qu'une Coupe d'Italie et pris part une
seule fois à la Champions League en 1999-2000. A trente-et-un ans,
comprenant que le temps lui est désormais compté, il décide de quitter
Florence, où il a atteint le statut d'icône suprême, pour signer à la
Roma et tenter de remporter enfin ce Scudetto qui lui échappe depuis
toujours. Son choix s'avère payant: en 2001, les Giallorossi de Totti,
Emerson et Montella sont sacrés champions devant la Juve et la Lazio,
une première pour le club depuis 1983.
Comme
nous l'avons vu (suivez un peu dans le fond), Batistuta fut prolifique
en Coupe du Monde, mais ne dépassa jamais le stade des huitièmes de
finale avec la sélection argentine. En 1994, il claque un hat-trick
contre la Grèce et un autre but contre la Roumanie, qui élimine
l'Alibiceleste au terme d'un match superbe. Quatre ans plus tard, en
France, il termine la phase de poules avec quatre buts au compteur (il
demeure le seul jouer de l'histoire à avoir signé deux hat-tricks dans
deux différentes éditions de la Coupe du Monde) mais subit la loi des
Anglais au cours d'une rencontre qui, une fois encore, restera parmi les
plus belles de la compétition. Enfin, en 2002, malgré un pion d'entrée
contre le Nigeria, il ne peut éviter le naufrage collectif argentin au
cours d'un premier tout meurtrier qui voit également disparaître du
tournoi la France, le Portugal et la Croatie.
Malheureux
dans la plus prestigieuse des épreuves, Batigol se console avec deux
triomphes successifs en Copa America en 1991 (meilleur buteur avec six
réalisations) et 1993. En 1995, il plante face à la Bolivie et au Chili
(un petit doublé pour la route) en poule, puis à nouveau contre le
Brésil, qui se qualifiera aux tirs aux buts, en quart. Au total,
Batistuta a participé à seize rencontres de Copa America et marqué
treize fois: pas le moindre exploit d'un attaquant extraordinaire au
sens premier du terme, pour qui l'appellation de "buteur" semble avoir
été inventée.
Faute impardonable!!!!
RépondreSupprimerl'Argentine en 98 sort l'Angleterre aux penos puis se fait sortir par les Pays-Bas en quart (Batistuta touche le poteau a 1-1). Faute d'autant plus impardonnable qu'ils se font éliminer sur le but (d'anthologie) de Bergkamp qui vous sert d'image d'accueil du site!!!