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vendredi 15 février 2013

Rai, le Brésil sobre

raibre.jpg Le 4 décembre 2011, la planète football pleurait la mort de Socrates, à la fois l'un des plus beaux joueurs à avoir jamais porté le maillot auriverde et un meneur d'hommes doté d'un charisme et d'une intelligence rares. Ce jour-là, un homme éprouvait sans doute plus de peine que tous les Brésiliens réunis: Rai Souza Vieira de Oliveira, demi-frère cadet de l'ancien capitaine de la Seleçao, qui a moins marqué l'histoire du jeu que son exceptionnel aîné mais connut une carrière exemplaire sous les couleurs de Sao Paulo et du PSG. 


Grand et athlétique, Rai en imposait déjà par son gabarit hors normes pour un milieu offensif (1,89m, 87kg) qui lui permettait de souvent s'imposer dans le domaine aérien. Sur le terrain, il dégageait toujours une impression d'aisance et un calme olympien en toutes circonstances, une tranquillité à toute épreuve qui rassurait ses coéquipiers dans les moments difficiles. Comme son illustre demi-frère, il possédait des aptitudes au leadership, qu'il exerçait davantage par l'exemplarité (le fair-play et la classe du monsieur sur et en dehors du terrain sont restés dans toutes les mémoires) que par la prise de parole. Elu par les internautes en 1998 meilleur joueur de l'histoire du PSG devant Pauleta, Fernandez et Susic, Rai a laissé une trace indélébile dans l'histoire du club de la capitale, auquel il montra un attachement sans faille.

Dans le jeu, Rai n'avait rien d'un phénomène de foire à la Denilson ou Robinho, plus à l'aise pour faire des jongles sur le sable que créer des différences sur le rectangle vert. S'il était capable de gestes spectaculaires (sa fameuse talonnade de volée contre Lens ou son lob parfait à Cannes), il ne donnait jamais dans la frime gratuite ou l'humiliation fanfaronne. Dépouillé et limpide, le jeu de Rai respirait la simplicité et la justesse, ce qui reste la marque des véritables grands joueurs, quoi qu'en pensent les amateurs d'arabesques et de passements de jambes, qui généralement ne pensent pas beaucoup d'ailleurs. 

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Décisif dans la zone de vérité, il n'évoluait pas dans un pur registre de meneur de jeu mais se montrait à son avantage au soutien d'un attaquant de pointe, de par ses facultés de buteur et la qualité de son jeu de tête. Par bien des aspects, le numéro 10 du PSG, vrai-faux chef d'orchestre, présentait un profil atypique pour un produit made in Brésil: plutôt lent, costaud dans les duels, pas franchement fait pour l'élimination et le un contre un, il apportait au collectif son extraordinaire couverture de balle, sa technique impeccable et son efficacité dès qu'il se projetait vers les cages adverses. D'abord objet d'incompréhension lors de ses premiers mois en Europe, il sut imposer un style tout personnel, aussi agréable à l'oeil qu'utile.

Lorsqu'il pose ses valises à Paris en 1993, à 27 ans, pour sa première expérience européenne, Rai est précédé d'une réputation de cador du football sud-américain: en tant que capitaine du FC Sao Paulo, il vient de remporter deux Copa Libertadores consécutives et une Coupe Intercontinentale contre le Barça de Cruyff. Les dirigeants parisiens comptent sur leur nouvelle recrue pour faire franchir un palier supplémentaire à un club qui reste sur une deuxième place en championnat et une demi-finale de Coupe UEFA et compte déjà dans ses rangs quelques éléments de grande valeur, dont les Brésiliens Ricardo et Valdo. 

Malheureusement, Rai éprouve les pires difficultés d'adaptation et enchaîne les prestations en demi-teinte, subissant des railleries et des critiques parfois honteuses. L'histoire de Rai en France, c'est avant tout celle d'un joueur aussi doué qu'irréprochable dans l'attitude qu'on a traîné dans la boue et traité comme un vulgaire tocard, et qui s'est accroché pour claquer le baigneur à tous les pseudo-experts et autres commentateurs de café du commerce et mettre tout le monde d'accord au final. Comme Aimé Jacquet, Rai a créé un précédent qui oblige les observateurs à réfléchir à deux fois avant d'assassiner un joueur, même si certains parasites de plateaux (suivez mon regard) n'attendent jamais longtemps pour se payer un artiste en mal de réussite.

Progressivement, Rai prend ses marques au sein de l'équipe, dont il devient dès 1994 l'un des atouts offensifs majeurs, au même titre que Ginola et Weah. La saison 1994-95 marque un tournant pour le Brésilien: en championnat, il marque 12 buts en 28 rencontres (insuffisant cependant pour contrarier la domination nantaise) et participe grandement au superbe parcours parisien en Champions League, égalisant notamment face au Barça en quart de finale au Parc. Après les départs simultanés de Weah et Ginola à l'été 1995, Rai s'impose comme le taulier du club et se voit confier le brassard de capitaine comme à Sao Paulo. 

Entre 1995 et 1998, année où il décide de rentrer au pays, il empile une grosse vingtaine de buts en Division 1 (51 en 147 matches au total), dispute deux finales de Coupe des Coupes consécutives dont une victorieuse en 1996, remporte deux fois la Coupe de France en 1995 et 1998 (il ouvre le score de la tête lors de la première finale au Stade de France contre Lens) mais ne parvient pas à s'adjuger un nouveau titre de champion. Malgré cette fausse note, c'est une idole émue aux larmes qui fait ses adieux au Parc des Princes en mai 1998, un seigneur des pelouses qui a su gagner le respect et l'admiration de tous. Dommage simplement qu'il n'ait jamais connu une grande réussite en équipe nationale, lui qui compte tout de même une cinquantaine de sélections mais assista depuis le banc au sacre américain de la Seleçao en 1994.

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