
Grand et athlétique, Rai en
imposait déjà par son gabarit hors normes pour un milieu offensif
(1,89m, 87kg) qui lui permettait de souvent s'imposer dans le domaine
aérien. Sur le terrain, il dégageait toujours une impression d'aisance
et un calme olympien en toutes circonstances, une tranquillité à toute
épreuve qui rassurait ses coéquipiers dans les moments difficiles. Comme
son illustre demi-frère, il possédait des aptitudes au leadership,
qu'il exerçait davantage par l'exemplarité (le fair-play et la classe du
monsieur sur et en dehors du terrain sont restés dans toutes les
mémoires) que par la prise de parole. Elu par les internautes en 1998
meilleur joueur de l'histoire du PSG devant Pauleta, Fernandez et Susic,
Rai a laissé une trace indélébile dans l'histoire du club de la
capitale, auquel il montra un attachement sans faille.
Dans
le jeu, Rai n'avait rien d'un phénomène de foire à la Denilson ou
Robinho, plus à l'aise pour faire des jongles sur le sable que créer des
différences sur le rectangle vert. S'il était capable de gestes
spectaculaires (sa fameuse talonnade de volée contre Lens ou son lob
parfait à Cannes), il ne donnait jamais dans la frime gratuite ou
l'humiliation fanfaronne. Dépouillé et limpide, le jeu de Rai respirait
la simplicité et la justesse, ce qui reste la marque des véritables
grands joueurs, quoi qu'en pensent les amateurs d'arabesques et de
passements de jambes, qui généralement ne pensent pas beaucoup
d'ailleurs.
Décisif dans la zone de vérité, il n'évoluait pas dans un
pur registre de meneur de jeu mais se montrait à son avantage au soutien
d'un attaquant de pointe, de par ses facultés de buteur et la qualité
de son jeu de tête. Par bien des aspects, le numéro 10 du PSG, vrai-faux
chef d'orchestre, présentait un profil atypique pour un produit made in
Brésil: plutôt lent, costaud dans les duels, pas franchement fait pour
l'élimination et le un contre un, il apportait au collectif son
extraordinaire couverture de balle, sa technique
impeccable et son efficacité dès qu'il se projetait vers les cages
adverses. D'abord objet d'incompréhension lors de ses premiers mois en
Europe, il sut imposer un style tout personnel, aussi agréable à l'oeil
qu'utile.
Lorsqu'il pose ses valises à Paris en 1993, à 27 ans, pour sa première
expérience européenne, Rai est précédé d'une réputation de cador du
football sud-américain: en tant que capitaine du FC Sao Paulo, il vient
de remporter deux Copa Libertadores consécutives et une Coupe
Intercontinentale contre le Barça de Cruyff. Les dirigeants parisiens
comptent sur leur nouvelle recrue pour faire franchir un palier
supplémentaire à un club qui reste sur une deuxième place en championnat
et une demi-finale de Coupe UEFA et compte déjà dans ses rangs quelques
éléments de grande valeur, dont les Brésiliens Ricardo et Valdo.
Malheureusement, Rai éprouve les pires difficultés d'adaptation et
enchaîne les prestations en demi-teinte, subissant des railleries et des
critiques parfois honteuses. L'histoire de Rai en France, c'est avant
tout celle d'un joueur aussi doué qu'irréprochable dans l'attitude qu'on
a traîné dans la boue et traité comme un vulgaire tocard, et qui s'est
accroché pour claquer le baigneur à tous les pseudo-experts et autres
commentateurs de café du commerce et mettre tout le monde d'accord au
final. Comme Aimé Jacquet, Rai a créé un précédent qui oblige les
observateurs à réfléchir à deux fois avant d'assassiner un
joueur, même si certains parasites de plateaux (suivez mon regard)
n'attendent jamais longtemps pour se payer un artiste en mal de
réussite.
Entre 1995 et 1998, année où il
décide de rentrer au pays, il empile une grosse vingtaine de buts en
Division 1 (51 en 147 matches au total), dispute deux finales de Coupe
des Coupes consécutives dont une victorieuse en 1996, remporte deux fois
la Coupe de France en 1995 et 1998 (il ouvre le score de la tête lors
de la première finale au Stade de France contre Lens) mais ne parvient
pas à s'adjuger un nouveau titre de champion. Malgré cette fausse note,
c'est une idole émue aux larmes qui fait ses adieux au Parc des Princes
en mai 1998, un seigneur des pelouses qui a su gagner le respect et
l'admiration de tous. Dommage simplement qu'il n'ait jamais connu une
grande réussite en équipe nationale, lui qui compte tout de même une
cinquantaine de sélections mais assista depuis le banc au sacre
américain de la Seleçao en 1994.
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