
En
grande forme ces dernières semaines, le phénomène hertzien a multiplié
les sorties aberrantes, aussi bien à la radio que sur le petit écran,
puisqu'à l'instar d'un autre Jean-Michel, récemment qualifié par le site
d'un grand (par le format) journal sportif national de "subtil et
provocateur", le bonhomme donne volontiers dans l'omniprésence et tient
ses propres avis en très haute estime. A un moment donné, comme disent
les rugbymen, il faut dire halte et, puisqu'il ne semble exister aucun
moyen terrestre de claquer le baigneur au professeur de plateau, tenter
de démontrer l'énormité quasi-risible de ses propos, le caractère
volontiers archaïque de sa vision du football et sa propension à
dégommer allègrement certaines cibles faciles à longueur d'émissions
avec un acharnement qui confine au pathologique. C'est un geste de salut
public que de déboulonner cette fausse statue du Commandeur qui semble
faire autorité dans le microcosme et règne en maître depuis trop
longtemps sur les ondes.
Après
avoir doctement expliqué que Benzema n'était pas un buteur, Larqué
vient en l'espace de quelques jours d'affirmer que Gourcuff n'avait pas
le niveau pour jouer à Lyon, qu'il préférait Krychowiak à Bodmer et que
Thomas Müller n'était pas un grand footballeur: alerte à toutes les
voitures. Il n'est guère surprenant de l'entendre dézinguer Gourcuff,
lui qui n'aime rien moins que traîner plus bas que terre les joueurs en
manque de réussite et de confiance (son traitement du cas Pastore fut un
modèle du genre).

L'école Larqué consiste à asséner des absurdités avec l'air pénétré du type convaincu
de détenir la vérité absolue et qui fait preuve d'assez de magnanimité
pour s'abaisser à la partager avec ses semblables. Ainsi a-t-on pu
l'entendre critiquer très sévèrement Jérémy Ménez après un match que
l'ancien Sochalien venait de gagner quasiment à lui tout seul contre
Bastia. Il ne s'agit pas ici de défendre Ménez, dont l'attitude demeure
trop souvent décevante et individualiste, mais ce soir-là tous les
footophiles qui avaient regardé la rencontre s'accordaient à dire qu'il
venait de signer une prestation remarquable.
Et
hop apparition de monsieur contre-pied qui explique à tous les
béotiens, tous les manants incultes et malvoyants, tous les pauvres
hères confits dans leurs certitudes sclérosantes que nous sommes qu'en
fait le Ménez en question n'a pas fait un bon match du tout voyez-vous,
qu'il a trop porté le ballon latéralement, qu'il n'a pas donné de
fluidité au jeu, entre autres commentaires éclairés. Quiconque aurait
allumé son poste pendant la pseudo-analyse du sulfateur de Buzanos
aurait cru que le PSG avait paumé 4-0 au Parc et que Ménez avait bouffé
au moins cinq occasions franches, alors qu'il avait ouvert le score au
cours d'un match compliqué pour son équipe et semé la pagaille à
plusieurs reprises dans la défense adverse.
Il
ne ferait pas grand-mal s'il se contentait de disserter à l'envi sur le
niveau général du district des Pyrénées-Atlantiques. Le problème, c'est
que cela fait maintenant près de trente-cinq berges qu'il faut se
farcir son style catastrophiste et ses jugements à l'emporte-pièce et
que le tailleur de shorts favori des Français ne semble pas franchement
décidé à plier les gaules pour laisser la place aux jeunots. Intimement,
il reste probablement persuadé que le monde footballistique
s'arrêterait de tourner s'il se retirait des studios et que les gamins
qui poussent derrière n'ont pas le quart du dixième de sa justesse
d'observation. C'est aussi ça, le foot à papa: les quadras bedonnants
qui expliquent aux minots qu'ils n'ont rien à faire dans le onze.
rthrth
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