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dimanche 24 février 2013

Larqué, le foot à papa

lar5.jpgNous avons déjà eu l'occasion sur la présente gazette de dénoncer (eh oui attention on dénonce ici, c'est comme chez Bourdin mais moi aussi je paie mes impôts monsieur) les prises de position pour le moins farfelues du sieur Jean-Michel Larqué, notamment lorsqu'il s'en était pris à Karim Benzema, sans doute pas l'unique responsable de la misère offensive des Bleus.


En grande forme ces dernières semaines, le phénomène hertzien a multiplié les sorties aberrantes, aussi bien à la radio que sur le petit écran, puisqu'à l'instar d'un autre Jean-Michel, récemment qualifié par le site d'un grand (par le format) journal sportif national de "subtil et provocateur", le bonhomme donne volontiers dans l'omniprésence et tient ses propres avis en très haute estime. A un moment donné, comme disent les rugbymen, il faut dire halte et, puisqu'il ne semble exister aucun moyen terrestre de claquer le baigneur au professeur de plateau, tenter de démontrer l'énormité quasi-risible de ses propos, le caractère volontiers archaïque de sa vision du football et sa propension à dégommer allègrement certaines cibles faciles à longueur d'émissions avec un acharnement qui confine au pathologique. C'est un geste de salut public que de déboulonner cette fausse statue du Commandeur qui semble faire autorité dans le microcosme et règne en maître depuis trop longtemps sur les ondes.

Après avoir doctement expliqué que Benzema n'était pas un buteur, Larqué vient en l'espace de quelques jours d'affirmer que Gourcuff n'avait pas le niveau pour jouer à Lyon, qu'il préférait Krychowiak à Bodmer et que Thomas Müller n'était pas un grand footballeur: alerte à toutes les voitures. Il n'est guère surprenant de l'entendre dézinguer Gourcuff, lui qui n'aime rien moins que traîner plus bas que terre les joueurs en manque de réussite et de confiance (son traitement du cas Pastore fut un modèle du genre).

lar2.jpgPour tirer à feu nourri sur les ambulances, on peut toujours compter sur Larqué, qui comme beaucoup de ses compatriotes préfèrera toujours un bourrin qui mouille le maillot à un type qui respire la classe à trois cent bornes mais joue en marchant, d'où le tacle par derrière sur Bodmer: des critères de jugement très proches de ceux de nombre d'entraîneurs de coupe du dimanche matin, qui eux ont moins ont la décence de ne pas nous faire partager leurs considérations technico-tactiques. Toujours à la limite de l'aigreur, Larqué ne supporte pas les types trop talentueux qui dégagent une agaçante aisance naturelle et n'ont pas besoin de cavaler aux quatre coins du terrain en ahanant pour faire la différence. Résultat: il prend un malin plaisir à se payer le scalp de tout ce qui ressemble de près ou de loin à un joueur de classe (Benzema, Pastore, Lucho, Ménez, Bodmer, Gourcuff, Payet) et à vanter les mérites des marathoniens des pelouses.

L'école Larqué consiste à asséner des absurdités avec l'air pénétré du type convaincu de détenir la vérité absolue et qui fait preuve d'assez de magnanimité pour s'abaisser à la partager avec ses semblables. Ainsi a-t-on pu l'entendre critiquer très sévèrement Jérémy Ménez après un match que l'ancien Sochalien venait de gagner quasiment à lui tout seul contre Bastia. Il ne s'agit pas ici de défendre Ménez, dont l'attitude demeure trop souvent décevante et individualiste, mais ce soir-là tous les footophiles qui avaient regardé la rencontre s'accordaient à dire qu'il venait de signer une prestation remarquable.

Et hop apparition de monsieur contre-pied qui explique à tous les béotiens, tous les manants incultes et malvoyants, tous les pauvres hères confits dans leurs certitudes sclérosantes que nous sommes qu'en fait le Ménez en question n'a pas fait un bon match du tout voyez-vous, qu'il a trop porté le ballon latéralement, qu'il n'a pas donné de fluidité au jeu, entre autres commentaires éclairés. Quiconque aurait allumé son poste pendant la pseudo-analyse du sulfateur de Buzanos aurait cru que le PSG avait paumé 4-0 au Parc et que Ménez avait bouffé au moins cinq occasions franches, alors qu'il avait ouvert le score au cours d'un match compliqué pour son équipe et semé la pagaille à plusieurs reprises dans la défense adverse.

Réactionnaire à souhait et tourné vers un passé forcément meilleur, Larqué est un peu le Jean-Pierre Pernaut du commentaire footballistique, ce qui au passage explique sans doute en grande partie sa popularité: il incarne ce qu'il est convenu d'appeler les "valeurs du terroir", le bon sens près de chez vous, le pragmatisme lucide face au strass et aux paillettes (et aux Payet aussi), la reconnaissance du mérite et de l'effort (vous l'avez déjà entendu critiquer Deschamps, sorte d'archétype absolu du joueur larquéen?), le football de clocher qui sent bon le camphre et la sueur et où on gagne sa place le dimanche en rentrant dans le lard des copains à l'entraînement.

Il ne ferait pas grand-mal s'il se contentait de disserter à l'envi sur le niveau général du district des Pyrénées-Atlantiques. Le problème, c'est que cela fait maintenant près de trente-cinq berges qu'il faut se farcir son style catastrophiste et ses jugements à l'emporte-pièce et que le tailleur de shorts favori des Français ne semble pas franchement décidé à plier les gaules pour laisser la place aux jeunots. Intimement, il reste probablement persuadé que le monde footballistique s'arrêterait de tourner s'il se retirait des studios et que les gamins qui poussent derrière n'ont pas le quart du dixième de sa justesse d'observation. C'est aussi ça, le foot à papa: les quadras bedonnants qui expliquent aux minots qu'ils n'ont rien à faire dans le onze.



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