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vendredi 22 mars 2013

Alessandro Nesta, le fuoriclasse

nesta.jpegAlors que le football italien traîne une réputation de rugosité et de vice, il a su produire des défenseurs incroyablement classieux et élégants, parmi lesquels Scirea, Baresi, Maldini, Costacurta et le surdoué des pelouses que fut Alessandro Nesta. Comme son aîné et mentor Paolo Maldini, Nesta fait partie de ces joueurs qui ont dès le départ quelques longueurs d'avance sur les autres: belle gueule, allure impeccable, physique d'Apollon, charisme naturel.


Redoutable en un contre un (n'est-ce pas Lionel?), formidable joueur de tête, relanceur de premier ordre, il a gagné sa place parmi les tout meilleurs défenseurs de tous les temps au fur et à mesure d'une carrière pourtant émaillée de nombreuses et lourdes blessures qui l'ont privé de certains grands rendez-vous. Pour rester au sommet, il a dû non seulement se coltiner les Ronaldo, Trézéguet, Totti et autres goleadors de la Serie A mais aussi se battre constamment contre un corps qui ne lui accordait que de rares phases de plénitude. Lorsqu'il évoluait dans les meilleures conditions et se trouvait en pleine possession de ses moyens, il représentait un gage inestimable de sécurité et l'assurance que les attaquants adverses n'auraient pas la partie facile. En toutes circonstances, il dégageait un calme et un sang-froid de patron et faisait preuve d'une remarquable intelligence dans le placement et la lecture des trajectoires.

Formé à la Lazio, qu'il rejoint dès l'âge de treize ans, Nesta explose au plus haut niveau en 1995-96 et s'impose rapidement comme un titulaire à part entière. Il fait partie des hommes de base de la formidable Lazio de Zeman, qui remporte le Scudetto en 2000 au nez et à la barbe de la Juve lors d'une dernière journée de folie (après avoir terminé sur la deuxième marche en 1995 et 1999) et s'adjuge la Coupe UEFA en 1999. Aux côtés de vieux routiers du championnat italien comme Mihajlovic, Pancaro ou Sensini, Nesta bluffe son monde par sa maturité et l'aisance qui émane de ses interventions.

nesta2.jpegFacile et sûr de lui, il donne l'impression de dominer le jeu de la tête et des épaules et de toujours tout anticiper, replace ses partenaires, joue le menton relevé, tacle à bon escient en faisant faute une fois sur dix: nul besoin d'être titulaire d'un doctorat en liberologie pour comprendre que l'Italie tient un fuoriclasse en Nesta, autrement dit un cador autour duquel on peut construire une équipe pour remplir la vitrine à trophées. Le Milan AC, qui voit à juste titre en lui le digne héritier de ses grognards bardés de médailles, signe un gros chèque pour l'arracher à la Lazio en 2002, et n'aura jamais l'occasion de le regretter, tant il se montrera décisif dans les conquêtes ultérieures des rossoneri.

     En dix saisons au Milan, Nesta gagne deux fois la Champions League (dont une au terme de sa première année au club) et s'offre deux nouveaux Scudetti en 2004 et 2011. En 2006-2007, une blessure à l'épaule le tient longuement éloigné des terrains mais il revient à temps pour disputer la finale de la revanche contre Liverpool. En 2008-2009, c'est un grave problème de dos qui fait craindre une possible fin de carrière et le contraint à l'inactivité une saison entière. Beaucoup évoquent alors le crépuscule de l'idole et affirment que Nesta ne retrouvera jamais son meilleur niveau, mais à trente-cinq berges, il démontre une nouvelle fois qu'il ne faut jamais enterrer les barons trop tôt: avec Thiago Silva, il forme une charnière de rêve qui ne concède que 24 buts en championnat en 2010-11 et contribue largement à offrir le titre au Milan.

Le monsieur peut s'envoler vers Montréal avec le sentiment du boulot bien fait: plus de 400 rencontres de Serie A et cent matches de Champions League disputés, trois Scudetti, trois trophées européens et quatre titres consécutifs de meilleur défenseur de Serie A entre 2000 et 2003. Exemplaire et combatif dans l'adversité, il a su faire taire beaucoup de critiques, notamment vers la fin de son long bail avec le Milan, prouvant aux plus sceptiques qu'il pouvait toujours poser de sérieux soucis aux meilleurs attaquants du continent.

C'est surtout lors des tournois internationaux que les pépins physiques s'avèrent particulièrement cruels pour Nesta. En 1998, il déclare forfait pour le quart contre la France. En 2002, après avoir pris part à tous les matches du premier tour, il doit renoncer à affronter les Coréens du Sud. Enfin, en 2006, il se blesse lors du dernier match de poule face aux Tchèques et doit assister du banc au sacre mondial de la Squadra, avec son remplaçant Materazzi dans le rôle du héros médiatique. Si l'on ajoute que la seule compétition que Nesta put disputer dans son intégralité fut l'Euro 2000, perdu par l'Italie dans les circonstances que l'on sait, on pige aisément que le sort ne l'a pas épargné tout au long de son parcours avec la Nazionale (78 sélections entre 1996 et 2006).

Nesta honore sa dernière sélection lors de la campagne de qualifications pour l'Euro 2008 et ne reviendra jamais sur sa décision de ne plus porter le maillot de l'équipe nationale, malgré les sollicitations insistantes et répétées de Donadoni et Lippi. Il avait sans doute largement sa place dans le groupe sélectionné pour le Mondial sud-africain, mais au contraire de Cannavaro, totalement à la rue, il n'a pas voulu faire le tournoi de trop. Il occupe à coup sûr une place bien plus importante dans l'histoire du jeu que le lauréat du Ballon d'Or, aussi bien par son niveau de performance que son état d'esprit toujours irréprochable.

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