
Redoutable
en un contre un (n'est-ce pas Lionel?), formidable joueur de tête,
relanceur de premier ordre, il a gagné sa place parmi les tout meilleurs
défenseurs de tous les temps au fur et à mesure d'une carrière pourtant
émaillée de nombreuses et lourdes blessures qui l'ont privé de certains
grands rendez-vous. Pour rester au sommet, il a dû non seulement se
coltiner les Ronaldo, Trézéguet, Totti et autres goleadors de la Serie A
mais aussi se battre constamment contre un corps qui ne lui accordait
que de rares phases de plénitude. Lorsqu'il évoluait dans les meilleures
conditions et se trouvait en pleine possession de ses moyens, il
représentait un gage inestimable de sécurité et l'assurance que les
attaquants adverses n'auraient pas la partie facile. En toutes
circonstances, il dégageait un calme et un sang-froid de patron et
faisait preuve d'une remarquable intelligence dans le placement et la
lecture des trajectoires.
Formé
à la Lazio, qu'il rejoint dès l'âge de treize ans, Nesta explose au
plus haut niveau en 1995-96 et s'impose rapidement comme un titulaire à
part entière. Il fait partie des hommes de base de la formidable Lazio
de Zeman, qui remporte le Scudetto en 2000 au nez et à la barbe de la
Juve lors d'une dernière journée de folie (après avoir terminé sur la
deuxième marche en 1995 et 1999) et s'adjuge la Coupe UEFA en 1999. Aux
côtés de vieux routiers du championnat italien comme Mihajlovic, Pancaro
ou Sensini, Nesta bluffe son monde par sa maturité et l'aisance qui
émane de ses interventions.

En dix saisons au Milan, Nesta gagne deux fois la Champions League
(dont une au terme de sa première année au club) et s'offre deux
nouveaux Scudetti en 2004 et 2011. En 2006-2007, une blessure à l'épaule
le tient longuement éloigné des terrains mais il revient à temps pour
disputer la finale de la revanche contre Liverpool. En 2008-2009, c'est
un grave problème de dos qui fait craindre une possible fin de carrière
et le contraint à l'inactivité une saison entière. Beaucoup évoquent
alors le crépuscule de l'idole et affirment que Nesta ne retrouvera
jamais son meilleur niveau, mais à trente-cinq berges, il démontre une
nouvelle fois qu'il ne faut jamais enterrer les barons trop tôt: avec
Thiago Silva, il forme une charnière de rêve qui ne concède que 24 buts
en championnat en 2010-11 et contribue largement à offrir le titre au
Milan.
C'est
surtout lors des tournois internationaux que les pépins physiques
s'avèrent particulièrement cruels pour Nesta. En 1998, il déclare
forfait pour le quart contre la France. En 2002, après avoir pris part à
tous les matches du premier tour, il doit renoncer à affronter les
Coréens du Sud. Enfin, en 2006, il se blesse lors du dernier match de
poule face aux Tchèques et doit assister du banc au sacre mondial de la
Squadra, avec son remplaçant Materazzi dans le rôle du héros médiatique.
Si l'on ajoute que la seule compétition que Nesta put disputer dans son
intégralité fut l'Euro 2000, perdu par l'Italie dans les circonstances
que l'on sait, on pige aisément que le sort ne l'a pas épargné tout au
long de son parcours avec la Nazionale (78 sélections entre 1996 et
2006).
Nesta
honore sa dernière sélection lors de la campagne de qualifications pour
l'Euro 2008 et ne reviendra jamais sur sa décision de ne plus porter le
maillot de l'équipe nationale, malgré les sollicitations insistantes et
répétées de Donadoni et Lippi. Il avait sans doute largement sa place
dans le groupe sélectionné pour le Mondial sud-africain, mais au
contraire de Cannavaro, totalement à la rue, il n'a pas voulu faire le
tournoi de trop. Il occupe à coup sûr une place bien plus importante
dans l'histoire du jeu que le lauréat du Ballon d'Or, aussi bien par son
niveau de performance que son état d'esprit toujours irréprochable.
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