post-labels {display: none}

dimanche 19 janvier 2014

Javier Pastore ou le foot romantique

On a tout lu et entendu sur le cas Javier Pastore, joueur acheté à prix d'or à l'été à l'été 2011, tête de gondole du PSG nouveau riche, auteur d'une première saison remarquable (13 pions et 7 passes décisives en championnat) et qui a quelque peu disparu des radars depuis sa performance étincelante au Camp Nou en quart de finale retour de Champions League en mars dernier. Beaucoup critiquent la nonchalance du milieu argentin, son manque d'envie et de combativité voire son je-m'en-foutisme.

Les plus virulents hurlent à l'escroquerie, affirmant tranquillement que Pastore n'est qu'un faux grand joueur et que son talent n'est pas aussi démesuré que ses premiers mois sous le maillot parisien ont pu le laisser croire. Ceux qui défendent encore El Flaco et pensent qu'il reste un élément majeur et potentiellement décisif de l'effectif du PSG se font de plus en plus rares et ont de plus en plus de mal à faire entendre leur voix.

Sans vouloir trouver à l'ancien Palermitain toutes les circonstances atténuantes du monde, il faut bien avouer que les différents schémas tactiques dans lesquels a évolué le PSG depuis l'arrivée d'Ancelotti n'ont guère favorisé son épanouissement. Sous les ordres du Mister, Pastore occupait une position fort peu naturelle de milieu excentré et passait le plus clair de son temps à défendre et bloquer son couloir. Alors que l'on pouvait penser que Blanc allait relancer l'Argentin et lui offrir une place de choix dans son système, l'homme à la touillette a instauré un 4-3-3 très joueur qui fait la part belle au complémentaire trio Motta-Matuidi-Verratti, trois milieux capables à la fois de défendre et de trouver des solutions pour jouer vers l'avant. Ne reste à Pastore que la possibilité de briller lors des fins de matches quand l'un des membres du trio commence à tirer la langue ou que Blanc sort un attaquant pour conserver la chique et le score.

La vérité (que nous autres à LPC nous targuons de détenir, et si vous n'êtes pas contents c'est le même tarif), c'est que Pastore est un numéro 10 à l'ancienne et se situe dans la même catégorie que des joueurs comme Riquelme ou Lucho Gonzalez, autre grand incompris de la Ligue 1. Même s'il est capable d'éliminer et d'accélérer balle au pied, il brille avant tout par son sens unique de la passe, sa capacité à faire jouer les autres autour de lui et une remarquable vision du jeu qui lui permet de trouver la faille quand la situation semble bloquée.

Quelque part, Pastore, génie obsolète ou anachronique, appartient à une autre époque, celle où l'on jouait au football en marchant, où l'on se souciait peu du replacement défensif et où on laissait les artistes s'exprimer à leur guise pour le bien de l'équipe. Que l'on sache, Pellegrini ne demandait pas au Riquelme époque Villareal de s'époumoner au pressing tandis que Deschamps, grand amateur de marathoniens des pelouses devant l'éternel, n'a jamais saisi l'importance de Lucho dans le collectif marseillais. Ceux qui pensent que Pastore n'a pas la carrure pour jouer les chefs d'orchestre au PSG devraient se désabonner de L'Equipe  sur-le-champ.

Il n'existe pas de demi-mesure possible avec de pareils phénomènes: soit on leur donne les clés de la boutique et on leur fait pleinement confiance, soit on ne sort pas le chéquier pour les recruter (d'où l'incompréhension de Zamparini, le fantasque président de Palerme, quant à l'utilisation de Pastore à Paris). Même si le PSG tourne à plein régime et régale depuis le début de la saison, voir un type comme Javier cirer le banc et donner sporadiquement une idée de l'étendue de ses possibilités (sa passe décisive pour Rabiot à Bordeaux en Coupe de la Ligue fut un pur régal pour les yeux) est un véritable crève-cœur pour les derniers romantiques du ballon rond, ceux qui préfèreront toujours Valderrama à Sneijder. On souhaite à Pastore, qui a mille fois plus de ballon qu'un Lucas, d'enfin faire son trou et de faire taire ses détracteurs, à l'occasion d'un grand rendez-vous européen par exemple. Si jamais les dirigeants parisiens décidaient de le laisser partir, il pourraient s'en mordre les doigts. Après tout, le garçon n'a jamais que vingt-quatre ans et, contrairement à ce que les mauvaises langues laissent régulièrement entendre, tout l'avenir devant lui.


3 commentaires:

  1. vivement qu'il aille dans un grand club

    RépondreSupprimer
  2. pastore vient de signer un très bon match contre valenciennes et s'attire de plus en plus les louanges des observateurs. Toutefois, en tant que fan de ce joueur, je ne peux malheureusement pas m'empécher de penser au fait que ses qualités soient encore sous exploitées et qu'un joueur si génial aura vraiment du mal a confirmer pleinement toute l'etendue de son incommensurable talent.

    RépondreSupprimer
  3. "On souhaite à Pastore, qui a mille fois plus de ballon qu'un Lucas, d'enfin faire son trou et de faire taire ses détracteurs, à l'occasion d'un grand rendez-vous européen par exemple. "

    Le match d'hier contre Chelsea ?

    RépondreSupprimer