post-labels {display: none}

lundi 20 janvier 2014

Yaya Touré, milieu hors normes

Chaque footophile a sa petite idée personnelle quant à l'identité du meilleur joueur du monde, comme l'a prouvé le récent et très franchouillard débat autour de l'élection du Ballon d'Or. S'il fallait désigner le meilleur milieu de terrain de la planète à l'heure actuelle (ou du moins le plus complet et polyvalent), LPC donnerait sans trop hésiter le trophée à Yaya Touré, intouchable ces dernières semaines. Dans un registre similaire, on ne voit guère qu'Arturo Vidal, monstrueux sous le maillot de la Juve, pour rivaliser.

Il existe aujourd'hui une flopée de créateurs de génie (Iniesta, Pirlo, Özil, Modric, David Silva), d'excellents milieux relayeurs (Xavi, Schweinsteiger, Xabi Alonso, Cabaye, Thiago Motta) et d'énormes travailleurs (Matuidi, Busquets, Javi Martinez) mais aucun ne présente un profil aussi dévastateur que le triple Ballon d'Or africain, à qui il s'avère bien difficile de trouver le moindre point faible, sinon une légère et généralement trompeuse nonchalance.

L'Ivoirien possède un physique de déménageur (1,87m pour 80kg), une technique irréprochable et une caisse de coureur des hauts plateaux. Il se montre aussi utile à la récupération que dans l'utilisation du ballon, à tel point qu'il est devenu le régulateur et organisateur en chef du jeu de City, meilleure attaque du continent et véritable terreur à domicile. Capable d'éliminer dans des espaces réduits et de faire parler sa puissance lorsqu'il se projette vers l'avant, il s'appuie sur un bagage digne d'un véritable numéro 10 et, aussi à l'aise dans le jeu court que les ouvertures longue distance, gave ses partenaires de bons ballons. Ajoutez au tableau une jolie frappe de balle, un sens du placement impeccable et une santé de fer (il n'a raté qu'une dizaine de matches de championnat depuis sa signature à City en 2010) et vous obtenez un joueur hors normes que tout entraîneur rêverait de compter dans son effectif.

A trente ans, Yaya Touré est au sommet de son art et réalise sans doute la meilleure saison de sa carrière: il a déjà signé onze buts (troisième buteur de Premier League à égalité avec Rémy et Sturridge, deux attaquants de métier) et trois passes décisives, nettoyant au passage quelques lucarnes sur coups francs. Dans le système mis en place par Pellegrini, Touré, plaque tournante de l'entrejeu, exerce une influence énorme, et son entente avec son nouveau compère Fernandinho fait des ravages chaque semaine.

Déjà très bon sous le maillot du Barça et excellent depuis son arrivée en Angleterre, il a franchi à nouveau palier et postule très logiquement au titre de meilleur joueur de Premier League, distinction que seul un attaquant (Suarez, Aguero, Hazard, Rooney) semble en mesure de lui ravir. Si jamais il parvenait à atteindre la barre des vingt réalisations en championnat, ce qui n'est guère impensable vu son rendement et la puissance de feu collective de City, il serait le premier milieu de terrain à réussir cet exploit depuis Lampard en 2009-2010.

2014 est l'année de tous les défis pour le phénomène, aussi bien en club qu'en sélection. Avec City, il peut décrocher un deuxième titre de champion (que beaucoup lui promettent) après celui de 2012 et va se frotter au Barça, son ancienne équipe, pour la première participation du club aux huitièmes de Champions League. En juin, il participera à sa troisième Coupe du Monde, pour laquelle la Côte d'Ivoire, toujours séduisante sur le papier (Gervinho, Eboué, Tioté, Kalou, Romaric et compagnie) a pour une fois hérité d'un groupe tout à fait jouable composé de la Colombie, de la Grèce et du Japon. Yaya Touré a déjà presque tout gagné dans sa carrière en club (une Champions League, deux titres en Espagne et un en Angleterre) et passer le premier tour d'un Mondial après deux tentatives ratées constituerait une jolie cerise sur le gâteau. D'ici là, on n'a guère fini d'entendre parler de lui.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire