Décidément, ce Brésil a tout pour lui. Quand il ne bénéficie pas d'un coup de pouce arbitral (Howard Webb a même refusé un but à Hulk qui semblait valable), il peut compter sur une réussite à toute épreuve: à croire qu'à force de regarder là-haut et de pointer le doigt vers le ciel en mondovision, les évangélistes de la balle ronde finissent par attirer l'attention du vénérable barbu (car Dieu est brésilien et barbu, comme Socrates).
Les auriverde passèrent tout près de la catastrophe dans les derniers instants de la prolongation, lorsque la frappe terrible de Pinilla vint s'écraser avec fracas sur la barre de Julio Cesar. On se dit alors, avec raison, que la baraka veillait sur la Seleçao. Premier tireur chilien, ce même Pinilla manqua évidemment son tir au but: classique, vu et revu, presque prévisible, mais toujours aussi cruel.

Le plus impressionnant dans la performance de la Roja est que l'ouverture du score adverse n'a pas perturbé leur plan de jeu: elle a su rester patiente, poser tranquillement son football et profiter d'une bévue ahurissante de Hulk et de l'inattention de David Luiz (qui est tout sauf un défenseur central, bien que les dirigeants parisiens ne semblent pas l'avoir remarqué) pour égaliser.
Que peut-on dire de plus sur ce Brésil désespérant? Pas grand-chose, ma bonne dame, si ce n'est qu'on a désormais acquis la certitude absolue que Scolari ne s'écartera jamais de son système et que son équipe gagnera moche ou ne gagnera pas. Reste à savoir s'il l'emportera au paradis et si son équipe peut encore remporter trois autres matches non seulement en proposant un jeu d'une telle pauvreté (un hommage au petit peuple des favelas?) mais également en faisant preuve de si peu de sérénité et de solidité.
La pression populaire n'explique pas tout. Certes, elle ne contribue pas à libérer les joueurs, mais ce sont avant tout les options tactiques de Scolari qui expliquent l'absence totale de construction et de maîtrise: il n'est pas étonnant de voir David Luiz balancer des grands ballons devant quand le milieu de terrain se compose de Luiz Gustavo (quelle engeance ce type), Fernandinho et Ramires. La qualité de relance et de la première passe? Non merci, on va se débrouiller sans, c'est ça le football moderne, faut vivre avec son temps hein.

Attention Simone nous allons maintenant jouer à "Questao pour un Campeao". Cherchez l'intrus dans la liste suivante: Tostao, Careca, Romario, Bebeto, Jô (non ce n'est pas Careca qui finit avec un "a"). Deuxième liste: Didi, Falcao, Socrates, Rivaldo, Oscar (non ce n'est pas Falcao qui est colombien Simone). Et maintenant la dernière liste pour gagner un poster dédicacé de Sepp Blatter: Michels, Hidalgo, Santana, Zeman, Scolari. Une réponse Simone?
Fort heureusement, le deuxième huitième de finale entre la Colombie et l'Uruguay vint à point nommé pour réconcilier le footophile avec l'objet chéri de son obsession quotidienne (il faudrait qu'un quelconque psychopathe se lance un jour dans une thèse de doctorat sur la notion d'injustice dans le football parce que de Hongrie-Allemagne 1954 à France-Allemagne 1982 en passant Milan-Barcelone 1994 et Chelsea-Bayern 2012 il y a matière à disserter).
James Rodriguez, désormais meilleur buteur du tournoi (cinq pions, auxquels il faut ajouter deux caviars), a éclaboussé le match de toute sa classe, signant un premier but ahurissant avant de conclure dans une position de chasseur une action collective remarquable. Le second but colombien constitue un parfait exemple de ce que le Brésil s'avère incapable de montrer: action côté droit, renversement du jeu via Jackson Martinez, centre au deuxième poteau, remise de la tête de Cuadrado, muchas gracias, rideau.

Au programme aujourd'hui: une très alléchante affiche entre le Mexique et les Pays-Bas (c'est très loin d'être gagné d'avance pour les Oranje face à une sélection mexicaine qui a tenu le Brésil en échec et éparpillé la Croatie) et surtout un fantasmatique Grèce-Costa Rica qui met l'eau à la bouche. On salive déjà à l'idée des oppositions que nous réserve ce match: Samaras face à Duarte, Campbell face à Sokratis, Karagounis à la baston avec Tejeda, bref la crème de la crème du fouteballe international sur la pelouse de l'Arena Pernambuco de Recife. Sauf accident ou imprévu majeur, une des deux équipes se retrouvera en quart de finale, ce qui nous renvoie à cette citation du trop méconnu Henry Louis Mencken, surnommé "le Nietzsche américain" et très desprogien avant Desproges: "La foi: une croyance absurde dans l'éventualité de l'improbable". Vous n'allez tout de même pas me dire que vous trouverez de semblables références dans L'Equipe Magazine.
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