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lundi 10 mars 2014

Diego Simeone, monsieur grinta

Aujourd'hui reconnu comme un remarquable technicien grâce à son travail à la tête de l'Atletico Madrid, Diego Simeone reste l'un des meilleurs milieux de terrain de l'histoire du football argentin. Capable des plus mauvais coups (c'est lui qui fit péter les plombs à Beckham en 1998 à Geoffroy-Guichard) et des tacles les plus assassins (pas moins d'une centaine de cartons récoltés au cours de sa carrière en club), El Cholo savait jouer des coudes et pourrir la vie de ses adversaires.



L'Argentine a toujours produit autant de joueurs rugueux et durs au mal que d'artistes des pelouses, et Simeone s'inscrit dans cette lignée de besogneux qui ont su se faire une place au soleil à force de hargne et de combativité. Rien ni personne ne lui faisait peur sur un terrain et c'est souvent lui qui posait le premier taquet histoire de marquer son territoire. Jouer avec lui, c'était l'assurance que quelqu'un se chargerait des basses besognes dans l'entrejeu. Jouer contre lui, c'était la certitude qu'on allait se coltiner un lâche-rien de compétition de la première à la dernière minute.

Il serait toutefois injuste de réduire Simeone à cette image de teigneux et d'intimidateur, car s'il ne brillait pas par son aisance technique, il plantait son lot de pions avec une grande régularité (une trentaine en Liga avec un pic à douze réalisations avec l'Atletico en 1995-96 et à peu près autant en Serie A). Malgré un gabarit plutôt commun (1,77m pour 70kg), il excellait dans le jeu aérien et réussissait souvent à placer sa tête sur coup de pied arrêté. Peu de joueurs peuvent se vanter d'avoir atteint son niveau dans ce domaine, et le danger qu'il faisait peser dans la surface adverse constituait une arme redoutable. Il possédait également une solide frappe de balle dont il n'hésitait pas à faire usage à l'occasion. Joueur très complet, Simeone impressionnait par son volume de jeu et son abattage, sa capacité à multiplier les courses et les efforts et à faire parler son goût pour le duel et le contact aux quatre coins du terrain. Dans un bon jour, il donnait le sentiment d'être partout, et il était très souvent dans un bon jour.

La première expérience européenne de Simeone, arrivé à Pise en provenance de Velez Sarsfield à vingt ans, se solde par un échec et une relégation, mais l'Argentin a tapé dans l’œil du FC Séville qui l'arrache à la Serie B en 1992. Il franchit un nouveau palier en rejoignant deux ans plus tard les rangs de l'Atletico, club avec lequel il va remporter ses premiers trophées et se faire connaître du grand public. En 1996, aux côtés des Santi, Vizcaino, Penev, Caminero et Kiko, il signe une saison du feu de dieu et s'offre un doublé coupe-championnat resté dans les mémoires des supporters des Colchoneros. L'année suivante, l'équipe atteint les quarts de finale de la Champions League mais ne termine que cinquième en Liga.

Désormais considéré comme l'un des références mondiales à son poste et donc très convoité, Simeone cède aux sirènes de Moratti et opte pour l'Inter en même temps que quelques autres grosses pointures comme Ronaldo, Djorkaeff ou Recoba. Dès sa première année sous le maillot nerazzurri, il s'offre la Coupe UEFA au Parc des Princes face à la Lazio mais voit le Scudetto lui échapper d'un rien au profit de la Juve, l'éternel rival. Il remporte enfin le titre à l'arraché en 2000 au sein d'une Lazio bardée de talent et à très forte coloration argentine (Crespo, Almeyda, Sensini, Veron), et peut retourner à l'Atletico (son club de coeur) l'esprit tranquille pour boucler la boucle en 2005, après quinze années passées en Europe.

Troisième joueur le plus capé de l'histoire de l'Albiceleste derrière deux autres monuments (Zanetti et Ayala), Simeone totalise 106 sélections accumulées entre 1998 et 2002 et a participé à trois Coupes du Monde consécutives, n'atteignant malheureusement jamais le dernier carré (une aberration pour la génération des Batistuta, Ortega, Redondo, Zanetti, Veron, Balbo, Crespo). Pas franchement en réussite avec la sélection, Simeone ne s'adjuge pas le moindre titre international, puisque l'Argentine subit la loi du Brésil en Copa America et que l'équipe olympique de 1996 dont il fait partie s'incline en finale du tournoi face au Nigeria de Kanu, son futur coéquipier à l'Inter. Comble d'infortune, c'est sur l'incroyable débâcle de 2002 (alors qu'elle fait partie des grands favoris, l'Albiceleste ne passe pas le premier tour) qu'il met un terme à sa carrière internationale. Ces échecs répétés en bleu ciel et blanc restent la seule tache sur un parcours que, pour bien des raisons, on ne saurait qualifier d'exemplaire, mais incontestablement exceptionnel.

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