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mardi 4 mars 2014

Moyes ou l'impossible succession

On savait depuis longtemps que celui à qui incomberait la tâche de succéder à Sir Alex Ferguson connaîtrait forcément des débuts compliqués, mais on pouvait difficilement prévoir que David Moyes traverserait une saison aussi noire. En quelques mois sur le banc de United, l’ancien entraîneur d’Everton a déjà traversé bien des moments pénibles, de l’humiliation dans le derby à la défaite sur le terrain de l’Olympiakos. 


Son équipe enchaîne les prestations ternes et médiocres et affiche une fébrilité et un manque de maîtrise inquiétants. Habitués aux plus grands succès (n’oublions pas que ManU est le tenant du titre), les fans du club se satisfont désormais d’une victoire tirée par les cheveux sur la pelouse de Crystal Palace. S’agit-il d’une année de transition et d’un simple mauvais moment à passer avant de retrouver les sommets ou les dirigeants se sont-ils bel et bien plantés en confiant les rênes à Moyes ?

Au rayon des circonstances atténuantes, il faut bien admettre que l’Ecossais ne peut s’appuyer sur un effectif aussi riche et étoffé que ceux dont disposent Mourinho et Pellegrini, voire même Wenger et Rodgers. United compte dans ses rangs un bon paquet de joueurs anglais surcotés et surpayés à souhait (Smalling, Jones, Cleverley, Welbeck, Young). Vidic et Ferdinand, qui formaient une des meilleurs charnières centrales du continent, font désormais leur âge et prennent régulièrement l’eau, tout comme Evra, clairement sur le déclin. Quelques joueurs majeurs et difficilement remplaçables (Van Persie et Carrick notamment) multiplient les pépins ou reviennent de blessure. Moyes aurait pu espérer des circonstances plus favorables pour prendre ses marques, et les mauvais résultats initiaux ont créé une spirale négative dont l’équipe n’est pas encore sortie.

On a l’impression que Ferguson a tiré tout ce qui pouvait l’être d’un groupe pas extraordinairement talentueux mais essoré jusqu’à la dernière goutte. La saison dernière, la réussite insolente de Van Persie combinée à l’imperméabilité de la défense avait permis à ManU de remporter un maximum de matches sur la plus petite des marges et d’engranger les points sans forcément montrer grand-chose. Comme le Néerlandais manque souvent à l’appel et que l’arrière-garde donne des signes de fatigue, la note se paie cash dans un championnat particulièrement exigeant. A cause des limites de l’effectif (sans doute l’un des plus faiblards de toute l’histoire du club), l’équipe reste trop dépendante du rendement de quelques individualités, problème dont on ne saurait imputer la responsabilité à Moyes.

Le coach des Red Devils aurait en revanche pu mieux gérer le dossier du recrutement. Lors des dernières heures du mercato, il a fait signer un gros chèque à ses patrons pour s’offrir Marouane Fellaini, l’un des éléments essentiels de son système à Everton. Or pour l’heure le Belge n’a strictement rien prouvé sous ses nouvelles couleurs, multipliant les sorties transparentes. Si Fellaini possède bien le profil "box to box" recherché par Moyes , il ne fallait guère compter sur lui pour fluidifier le jeu au milieu et jouer les aiguilleurs de ligne médiane (car c’est bien dans ce domaine que le bât blesse depuis le départ de Scholes). Incontestablement, l’arrivée de Mata constitue un véritable plus et devrait obliger les défenses adverses à relâcher quelque peu la surveillance sur Rooney, qui porte le secteur offensif sur ses épaules depuis plusieurs mois.
 
Roy Keane, souvent aussi pertinent dans ses commentaires qu’il était rugueux dans les contacts, faisait remarquer après le désastre grec que beaucoup de joueurs n’étaient pas au niveau et qu’il manquait à Moyes pas moins de six ou sept cadors de calibre international : on ne peut que lui donner raison. Pour espérer retrouver son standing, United doit renouveler la quasi-intégralité de sa défense, signer des joueurs de couloir meilleurs que Young et Valencia (bien que Mata puisse évoluer sur un côté) et confier les clés de la boutique à une paire de barons (on se demande d’ailleurs comment le club a pu laisser filer Sneijder à Galatasaray et pourquoi il n’a pas cherché à attirer Cabaye avant que Paris ne mette la main dessus). En un mot, il va falloir tout refaire du sol au plafond et dépenser sans compter lors du marché estival. Il convient de rappeler que les premières années de Ferguson à United s’étaient avérées particulièrement délicates. On ne pourra juger de la compétence de Moyes et de sa capacité à entraîner une telle cylindrée que lorsqu’il disposera d’un effectif à la hauteur du prestige et de l’histoire du club.

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