Nous en avions rêvé, les Allemands l'ont fait: danke schön messieurs, les esthètes en l'air et les derniers mohicans à croire encore à une forme de justice sportive vous remercient. Nous aurions même signé pour un vieux 1-0 bien moche avec un but du genou d'Höwedes sur corner, du moment que ce faux Brésil en bois ne voie pas la finale. Le festival teuton est venue confirmer que cette Seleçao était bien la plus laide de toute l'histoire, une escroquerie, un néant, une mauvaise blague, une imposture. Ces sept buts (non mais sept pions qu'ils ont pris dans le cornet quoi ma petite dame) pour l'éternité effacent à eux seuls tant de mauvais moments où l'on a pu croire que ce sport pervers récompensait toujours ceux-là mêmes qui œuvrent à sa destruction et punissait cruellement ses bienfaiteurs. Cette fois, il n'en sera pas ainsi, et le football moche ne l'emportera pas au paradis.
Quelque part, on peut se réjouir que le Chili n'ait pas éliminé la Seleçao en huitièmes: les Brésilos s'en seraient sortis avec les honneurs, on aurait loué leur vaillance et leur combativité dans l'adversité, la malchance, la pression inhumaine qui pèse sur les épaules de simples hommes.
Cette demi-finale (que nous ne manquerons pas de revisionner en intégralité au coin du feu par un de ces soirs solitaires de novembre où rien, mis à part une bonne vieille Suze, ne semble sortir l'homme moderne de sa torpeur) a révélé au grand jour et en mondovision s'il vous plaît l'indigence cataclysmique de cette Seleçao, ses carences techniques abyssales, son absence totale de cohésion, ses errements défensifs invraisemblables, son manque ahurissant d'idées et d'imagination. Rappelons que l'idée de base de Tonton Felipe (pas assez de plans serrés sur lui hier soir à notre goût mais nous en demandons sans doute trop) était de bâtir une équipe solide, qui à l'arrivée réussit l'exploit d'en prendre quatre en six minutes.
Questions au Colonel Moustache: comment pensiez-vous devenir champion du monde, et rien de moins, sans un seul joueur de foot dans votre équipe? Sacré handicap tout de même non? C'était quoi au juste le point de départ? Un pari avec des copains militaires lors d'une soirée trop arrosée? Une envie de mourir avec ses idées pourries et de mort spectaculaire de préférence? Un irrépressible désir d'en finir avec tous les fantasmes que charrie le football auriverde en gagnant un Mondial à la maison de la façon la plus pragmatique et réaliste possible et en proposant un jeu fondamentalement anti-brésilien?
On ne peut qu'espérer que cette mémorable claque sur la joue des adjudants du ballon rond, des tue-le-rêve, des brideurs de talent, des bornés du physico-physique, des blindeurs de coffre-fort, des scientifiques de la chique à la mords-moi les statistiques (pas trop fort hein je viens de me faire opérer), des fossoyeurs de la spontanéité, des empêcheurs de jouer en rond, des braillards de banc de touche, des obsédés de la restriction aura au moins pour effet de remettre le Brésil dans le droit chemin et le sens de son histoire. En attendant, ne comptez pas sur nous pour pleurer. Les chantres du fameux "joga bonito" et du "football samba" (et sans hauts apparemment), les porteurs de tous ces mensonges éhontés sur le "pays du football" qui ne joue plus son jeu depuis des lustres devraient ranger leur djembé pour un moment.

Pas facile de gagner un match contre une si bonne équipe allemande quand sa défense ne sait pas défendre (Marcelo, le Evra touffu), son milieu ne se souvient plus comment faire une passe et son attaque représente pour l'adversaire une menace similaire à un lance-pierres pour une division de Panzer, sans vouloir encore parler des choses qui fâchent (pas aujourd'hui hein "don't mention the war please"). Il y aurait là comme une tendance à croire au miracle toujours renouvelé, mais hier soir, semble-t-il, le Vénérable était occupé à mater "Ces animaux qui nous font rire" sur France 4. Oui Dieu est français monsieur, je paie mes impôts s'il vous plaît monsieur alors attention non mais quoi hein bon je vais appeler Bourdin moi si ça continue.
Ce Brésil indigent a pris dans les ratiches une Mannschaft irrésistible portée par un trident Khedira-Kroos-Schweinsteiger extraordinaire dans l'entrejeu. Ce milieu allemand est sans doute ce qui se fait de mieux sur la planète et hier soir, il a rayonné comme jamais, pulvérisant le brelan de brêles adverse.
A son véritable poste, Lahm fut comme d'habitude parfait et profita largement des espaces laissés par Marcelo, plus à l'aise dans l'art du plongeon que dans celui du tacle glissé (les Brésiliens avaient semble-t-il décidé de se montrer petits et détestables jusqu'au bout, se jetant allègrement dans la surface adverse et collant de jolis taquets de frustration sur les chevilles allemandes), pour venir créer le surnombre à droite et multiplier les centres aux petits oignons. Müller a fait du Müller et lancé la machine, Schürrle signé une entrée de toute beauté et quel bonheur mes enfants de voir Miroslav Klose profiter doublement de cette tranche d'Histoire. Il n'aurait pas pu choisir un meilleur jour pour dépasser Ronaldo.
Cette ébouriffante prestation met a posteriori en valeur celle des Bleus en quart de finale, qui ont autrement tenu le jus face aux Allemands, au milieu de terrain notamment. Efficace, déterminée, impitoyable, cette Mannschaft semble décidée à aller au bout et enfin concrétiser des années de constance au plus haut niveau mondial. Cette fois, elle ne s'est pas délitée à l'heure fatidique, se montrant au contraire plus sereine et sûre d'elle que jamais. Il faudra que les Pays-Bas ou l'Argentine soient très costauds pour empêcher les joueurs de Löw de mettre la main sur ce trophée qu'ils convoitent tant et qui désormais leur tend les bras, mais, à l'instar de Jean Gabin, nous allons vous dire une bonne chose: que ce soit les Allemands, les Bataves ou les gauchos de la pampa qui raflent la mise, nous nous en tapons joyeusement le coquillard. Quoi qu'il arrive désormais, le cauchemar tant redouté n'aura pas lieu, et c'est un soulagement qu'il faut apprécier à sa juste valeur. Patron, une autre Suze, s'il vous plaît. Et sans faux col hein.
Chapeau m'sieur !
RépondreSupprimerEvidemment, incroyable match des allemands que la presse a tendance à minimiser un peu trop, je trouve : "explosion psychologique", ai-je entendu à propos du Brésil. Mouais mouais mouais. Pour ma part j'ai trouvé que le Brésil jouait aussi mal que d'habitude, pas particulièrement moins bien, et que les Allemands étaient pour leur part impériaux. Durant les fameuses "6 minutes", ils ont simplement et parfaitement profité des habituelles erreurs défensives brésiliennes et ont fait un sans faute offensif. Jusqu'à présent, on n'avait presque pas eu l'occasion de voir le Brésil défendre, perso j'ai eu le sentiment que toutes les équipes qu'il avait rencontrées jusqu'à présent nourrissaient un complexe d'infériorité vis-à-vis de cette "grande nation du foot qui joue dans son propre pays" qui les coinçait énormément (et quand c'était pas tout-à-fait le cas - cf. Croatie, l'arbitre aidait à limiter la casse). Là, le choc est monstrueux parce que l'Allemagne est arrivée sûre de son fait et que c'est des killers, les mecs. Sérieusement, même en deuxième mi-temps, ils jouaient en marchant, les Brésiliens étaient censés être survoltés pour l'honneur de leur pays, eh ben en trois passes un teuton se retrouvait seul devant le but adverse. Marcello et David Luiz, les deux joueurs emblématiques de cette sélection, ont brillé par leur monumentale connerie et leur incompétence défensive tout au long du match et de la compétition. 7-1, ouais, un résultat normal, et qu'on vienne pas nous parler de pression (z'ont pas de cerveau les mecs, l'air passe d'une oreille à l'autre sans problème) ni de Neymar ou de Silva. Des gros nullards, voilà tout.