Parmi les huit équipes encore en lice
(si vous voulez connaître l'origine de cette expression, relisez
Ivanhoe), quatre n'ont jamais remporté la Coupe du Monde, et parmi
elles, seuls les Pays-Bas ont déjà atteint la finale. Après les
sacres de la France en 1998 et de l'Espagne en 2010, il restent la
seule nation majeure du football mondial à ne pas figurer au
palmarès de la plus prestigieuse des compétitions.
Les Pays-Bas ont
remporté l'Euro 88 grâce à la génération Rijkaard-Gullit-Van
Basten, joué et perdu trois finales mondiales en 1974, 1978 et 2010
et régulièrement atteint le dernier carré des grands tournois
internationaux. Ses trois clubs les plus réputés (Ajax Amsterdam,
PSV Eindhoven et Feyenoord Rotterdam) ont compilé onze trophées
européens. Quelque part, le fait que les Oranje ne fasse pas partie
du club des vainqueurs de Coupe du Monde constitue une forme
d'injustice sportive. Question à cent mille balles: est-ce enfin la
bonne année pour eux?

Ils ont fini tranquillement le
premier tour, battant le solide Chili grâce à l'apport du banc.
Enfin, ils ont sauvé leur peau contre le Mexique dans les dernières
minutes, et abordent la suite des opérations dans la peau d'un
survivant à qui semble-t-il, rien ne peut arriver. Gare à l'excès
de confiance, mais la dynamique ne pourrait être meilleure.
Il faudra commencer par mettre un terme
à la course folle du Costa Rica et jouer le quart sans penser qu'il
est gagné d'avance, complexe de supériorité que Van Gaal se sera
sans doute chargé de désamorcer. Les Pays-Bas retrouveraient ensuite
le vainqueur d'Argentine-Belgique: rien d'insurmontable a priori,
même s'il vaudrait sans doute mieux jouer l'Albiceleste que les
voisins belges dans un derby qui mettrait le feu à la Flandre.
Et
finalement, une quatrième finale et la bouteille à l'encre: tout
ceci relève évidemment du football-fiction, mais les Oranje ne
retrouveront pas des circonstances aussi favorables avant un bail.
Ils se voient offrir une chance quasi-historique (ils l'ont gagnée
plutôt, grâce à un parcours impeccable) de mettre une jolie étoile
sur le maillot: à eux de ne pas la gâcher en se mettant une
pression négative sur les épaules.

Le
souci majeur de Van Gaal probablement: la perméabilité de sa
défense, qui a déjà encaissé quatre buts, soit davantage que les
sept autres équipes présentes en quarts de finale. On se doutait
que l'arrière-garde néerlandaise n'était pas la meilleure du
monde, et cette relative fragilité est sans doute également
inhérente au 3-5-2, dans lequel les deux latéraux participent
beaucoup au jeu. Il faudra également composer avec l'absence de De Jong, semelleur en chef essentiel à l'équilibre de l'ensemble.

Mais le divin chauve se moque bien de ce qu'on peut penser
de lui: il est en quête de revanche, quatre ans après son fameux
face-à-face manqué avec Casillas en finale, et est sûrement plus
convaincu que jamais que cette Coupe du Monde doit être la sienne.
Il a déjà vaincu une partie de ses démons en offrant la Champions
League au Bayern la saison dernière et lorgne désormais sur le
titre suprême et le Ballon d'Or.
Puisque Robben attire toute la lumière sur lui, on finirait presque par oublier qu'il évolue aux côtés d'un des meilleurs attaquants de la planète, auteur de 46 pions en 88 sélections et qui reste sur 85 buts en 120 matches de Premier League. Les palmarès respectifs de Robben et Van Persie sont incomparables: le premier a gagné sept titres nationaux dans quatre championnats différents et une grande coupe d'Europe, tandis que le second a dû attendre 2013 pour enfin mettre la main sur un trophée majeur. Une victoire en Coupe du Monde serait une énorme cerise sur le gâteau pour l'un et une consécration pour l'autre. Les deux hommes ont le même âge (30 ans), semblent au sommet de leur art (six buts à eux deux sur ce Mondial, soit la moitié du total de l'équipe) et savent qu'ils portent les espoirs de tout un pays. Il ne leur reste que trois matches à gagner: trois petites marches à monter, et une montagne à gravir.
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