Maudit
sur la scène européenne, Crespo n'a jamais gagné la Champions League,
lui qui pensait avoir donné un avantage décisif au Milan en claquant un
doublé contre Liverpool lors de la fameuse finale d'Istanbul. Il demeure
à ce jour le seul joueur à avoir marqué dans la compétition reine avec
cinq clubs différents. Comme Batistuta, il a empilé les pions avec une
régularité stupéfiante (dix saisons à plus de dix buts en championnat)
sans franchement remplir la vitrine à trophées.
S'il
marquait peu de loin, il était capable de planter dans toutes les
positions imaginables devant les cages et faisait preuve d'une ténacité
qui le rendait cauchemardesque à prendre au marquage. Crespo est le
prototype du joueur qui surgit du hors-champ pour envoyer la chique au
fond: un buteur né, un tueur, un goleador doté en prime d'une classe
folle, contrairement à beaucoup de ses congénères (Inzaghi, Bierhoff,
Amoroso). Son seul tort: avoir succédé en sélection à Batigol et ne pas
avoir été apprécié à sa juste valeur à cause de l'ombre projetée par son
prédécesseur.

Crespo
file à l'Inter, avec qui il atteint le dernier carré en Champions
League, marquant neuf fois en douze rencontres. Malgré son départ pour
Chelsea, l'Argentin ne rompt pas totalement les liens avec l'Italie,
son pays d'adoption. Prêté par le club londonien au Milan AC, il
revient causer des misères aux défenses de Serie A, et dispute sa seule
finale de Champions League, avant de revenir chez le rival intériste
pour trois années riches en succès. Partout où il est passé, Crespo n'a
jamais déçu et a toujours gagné le respect du staff et l'admiration des
fans.
En
335 matches de Serie A, il a planté la bagatelle de 153 buts. Au total,
il a disputé 86 rencontres
européennes et marqué à 39 reprises. A près
de trente-six ans, Crespo, revenu donner un coup de main à son ancien
club de Parme en grande difficulté, a trouvé neuf fois le chemin des
filets cette saison et va sans doute encore dépasser la barre des dix
buts. Plus convoqué en sélection depuis l'émergence des Higuain et
autres Aguero, Crespo occupe la deuxième place au classement des
meilleurs buteurs de l'histoire de l'Albiceleste, derrière Batistuta et à
égalité avec un certain Maradona.

Aussi
malheureux en sélection qu'en club, il n'a pas remporté le moindre
trophée avec l'Argentine, malgré ses trois Coupes du Monde disputées. En
2006, onze ans après sa première sélection, il montra enfin l'étendue
de son talent lors d'un tournoi mondial, ouvrant le score face à la Côte
d'Ivoire avant de planter le quatrième face à la Serbie et d'égaliser
en huitième contre le Mexique. Insuffisant pour emmener l'Argentine au
bout. A son âge, et vu le club dans lequel il évolue, il est à peu près
certain que Crespo n'ajoutera plus aucune ligne à son palmarès. Mais
bien malin celui qui peut prédire quand il marquera son dernier but.

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