PSG: une histoire de Coupe

     Le 14 mai prochain face à Lille, le Paris Saint Germain disputera la douzième finale de Coupe de France de son histoire, et la neuvième depuis 1993. Créé en 1970, le club a déjà gagné la compétition à huit reprises et occupe la deuxième place au palmarès devant Saint-Etienne, Monaco, Bordeaux ou Nantes. Seul Marseille fait mieux avec dix titres, mais le dernier en date remonte tout de même à 1989. Même quand le PSG traverse des crises et des saisons pourries dont il a le secret, même quand il termine totalement à la rue en championnat, il trouve souvent les ressources pour se qualifier pour le dernier match de la vénérable épreuve et, la plupart du temps, pour le gagner. Cette stupéfiante régularité, maintenue malgré les soubresauts qui agitent régulièrement le club, a valu à Paris la réputation sans doute justifiée d'équipe de coupe. Retour en détail sur les huit finales jouées par les Parisiens depuis 1993.

     12 juin 1993: PSG 3 - Nantes 0

Demi-finaliste de la Coupe UEFA et tombeur du Real Madrid en quart de finale, deuxième du championnat derrière un OM intouchable, le PSG signe une superbe saison et son retour au premier plan du football français. Il lui manque un titre pour couronner une année riche de succès et de belles promesses pour l'avenir. Ils l'obtiennent à la maison face à Makélélé, Pedros, Ouedec et compagnie au terme d'un match houleux marqué par les expulsions de Karembeu, Vulic et Lima en seconde période. Kombouaré ouvre la marque à la cinquantième sur un penalty consécutif à une faute de Karembeu sur Fournier, avant que Ginola, sur coup franc, puis Roche, d'un coup de tête sur corner, n'assomment définitivement les Canaris en dix minutes. Le Guen peut présenter le trophée à un Parc aux anges: Paris tient sa première Coupe depuis dix ans et son premier titre depuis celui de champion en 1986. Opposée à Bordeaux et Monaco lors des tours précédents, l'équipe n'a pas encaissé le moindre but au cours de la compétition.

     13 mai 1995: PSG 1 - Strasbourg 0

Encore une fois, le PSG a brillé sur la scène européenne, se qualifiant pour le dernier carré de la Champions League après un duel de toute beauté avec le Barça et un grand chelem en poule. Sur le plan domestique, les joueurs de Luis Fernandez ont subi la domination de Nantais imbattables et virevoltants et doivent se contenter de la troisième place derrière Lyon. Après avoir éliminé l'OM en demie-finale, les Parisiens affrontent le Strasbourg de Leboeuf, Sauzée, Mostovoï et Keller, seule équipe à avoir battu Nantes en championnat cette saison-là et qui a sorti le voisin messin au tour précédent. A la 48ème minute d'une rencontre sans éclat, Le Guen chipe le ballon dans les pieds de Garde, prend appui sur Rai et trompe Vencel d'une superbe frappe enroulée à l'entrée de la surface. Le score n'évoluera plus. Alain Roche, capitaine heureux, remporte sa quatrième Coupe de France.

     2 mai 1998: PSG 2 - Lens 1

Pour la première finale au Stade de France, le PSG affronte le RC Lens, sur le point d'être sacré champion grâce à une fin de saison en boulet de canon. Pour les Parisiens, entraînés par le tandem Bats-Ricardo et seulement huitièmes en championnat, une victoire constituerait une jolie consolation après le succès en Coupe de la Ligue contre Bordeaux. Déjà buteur face aux Girondins, Rai ouvre le score d'une superbe tête à la 23ème, avant que Simone ne fusille Warmuz au début de la deuxième mi-temps. Les deux joueurs marquent le match de leur empreinte. Malgré le but tardif de l'inévitable Smicer, Paris se paie le scalp de l'équipe en forme du moment et fait de Saint-Denis son nouveau jardin. Domi fête joliment ses vingt ans et  Rai quitte le club sur un titre qui marque la fin d'un cycle: Fernandez, Roche, Gava et Maurice partent également vers d'autres cieux tandis que Le Guen raccroche les crampons après près de 350 matches sous le maillot parisien.

     31 mai 2003: PSG 1 - Auxerre 2

 Malgré la présence dans ses rangs de Ronaldinho et de bons joueurs importés d'Espagne par Luis Fernandez (Cristobal, Pocchetino, Heinze), le PSG, battu à douze reprises en championnat, finit l'exercice 2002-2003 à une piteuse onzième place, à quatorze longueurs de Lyon et derrière des équipes comme Guingamp ou Sochaux. Cinq ans après la victoire contre Lens, le club dispute une nouvelle finale de Coupe de France face à un redoutable adversaire, l'AJ Auxerre, sixième à quatre points du champion et emmenée par une bande de jeunes joueurs de grand talent (Mexès, Boumsong, Fadiga, Cissé, Kapo) ainsi que par l'excellent Yann Lachuer. Une nouvelle fois, les Parisiens se montrent à la hauteur de l'événement. Transparent tout au long de la saison, le Portugais Hugo Leal donne l'avantage aux siens avant d'être très sévèrement expulsé par M. Layec pour un pied haut à l'heure de jeu. En infériorité numérique, et alors qu'ils ont manqué plusieurs balles de break, les Parisiens craquent et s'inclinent à la dernière minute sur un but de Boumsong. Une cruelle désillusion pour le club, qui perd sa deuxième finale de Coupe en six participations.

     29 mai 2004: PSG 1 - Châteauroux 0

 Dauphin de l'Olympique Lyonnais en championnat, le PSG sort d'une saison solide et pleine de satisfactions. Pour sa première année au club, Pauleta a flambé (18 buts), fer de lance d'une équipe outillée dans toutes les lignes (Dehu, Cana, Sorin, Heinze, M'Bami, Ljuboja). C'est d'ailleurs le Portugais qui marque de la tête le seul but de ce petit match entre amis sur un corner frappé de la droite par Fiorèse. Un an après l'énorme déception face à Auxerre, le PSG retrouve son bien et couronne sa remarquable année d'un titre. Tour irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si la nouvelle de la signature de Frédéric Dehu, capitaine par ailleurs irréprochable, chez le rival marseillais, n'avait pas filtré avant la finale. Les sifflets de supporters imbéciles au moment de la remise du trophée gâchent la fête et donnent un goût très amer à ce nouveau succès en Coupe.

     29 avril 2006: PSG 2 - Marseille 1

Toute la France du football attend cette finale inédite entre les deux meilleurs ennemis héréditaires. Même s'il a pris quatre points en deux matches contre l'OM en championnat, le PSG ne part clairement pas favori. Portée par un Ribéry inarrêtable et un Niang qui a enfin trouvé ses marques dans l'équipe, Marseille finit la saison plus fort que son adversaire du jour, qui se traîne une nouvelle fois en milieu de classement. Mais Paris sait toujours se sublimer lors de ses grands rendez-vous avec la Coupe et va prendre le meilleur sur l'OM grâce à deux héros inattendus: Kalou, invisible depuis des mois, qui trompe Barthez dès la cinquième minute et instille le doute dans le camp adverse, et Dhorasoo, au centre de nombreuses critiques, qui sort la frappe de sa vie au retour des vestiaires. Solidaire et organisée, l'équipe parisienne tient bon après la réduction du score de Maoulida à vingt minutes de la fin et offre à ses supporters un grand moment de bonheur au terme d'une finale vraiment pas comme les autres.

     24 mai 2008: PSG 0 - Lyon 1 a.p.

 A priori, il n'y a pas photo entre les deux équipes. Champion de France pour la septième fois consécutive, Lyon possède dans ses rangs le meilleur buteur du championnat. Le PSG, lui, a lutté jusqu'au bout pour ne pas descendre et ne finit la saison qu'avec trois petits points d'avance sur Lens, premier relégué. Pourtant, une nouvelle fois, Paris élève son niveau de jeu et pousse l'ogre lyonnais en prolongations. Dans le temps réglementaire, Reveillère sauve sur sa ligne une frappe de Pauleta, Yepes trouve la barre de Coupet de la tête et Mendy rate une balle de match dans les arrêts de jeu. A la 102ème minute, Benzema centre au deuxième poteau et trouve Keita dont le contrôle profite à Govou, qui fusille Alonzo. Au micro de la télévision, juste après le coup de sifflet final, Coupet reconnaît que son équipe a fait "un joli hold-up". Réaliste, Lyon s'offre le premier doublé de son histoire, tandis que Paris doit se contenter d'un succès controversé en Coupe de la Ligue.

     1er mai 2010: PSG 1 - Monaco 0 a.p.

Anonymes treizièmes, les Parisiens ont comme d'habitude connu les pires galères en championnat, ne remportant même pas un tiers de leurs matches. Ils comptent sur la Coupe pour décrocher une qualification européenne. Honorables huitièmes, les Monégasques, emmenés par le futur Parisien Nene et le Coréen Park Chu-Young, espèrent donner au club son premier titre depuis dix ans. Globalement, même si Pino provoque quelques sueurs froides, le PSG domine mais se montre maladroit ou bute sur un excellent Ruffier. En deuxième période, l'arbitre oublie un penalty évident sur Erding, qui trouve ensuite la barre. C'est finalement Hoarau qui délivre les siens en prolongations, suite à une frappe de Jallet remarquablement décalé par un Makélélé des grands soirs qui remporte sa première Coupe de France à 37 ans.