Avant
tout réputé pour la qualité de ses techniciens et dribbleurs, le Brésil
a toujours produit des arrières latéraux d'exception, de Nilton Santos à
Maicon en passant par Junior, Jorginho et Roberto Carlos.
Traditionnellement, le rôle du latéral brésilien s'apparente à celui de
milieu excentré, voire carrément d'ailier en cas de forte domination
territoriale. Chargé d'apporter sa vitesse et le surnombre sur le flanc,
ainsi que de venir dédoubler sur les phases de possession, il brille
généralement davantage par ses talents d'attaquant que par ses qualités
défensives.
Inépuisable
piston sur son côté favori, Cafu, sans doute le meilleur latéral droit
de l'histoire du football brésilien, multipliait les déboulés ravageurs
mais, en féroce gardien de son couloir, s'avérait également redoutable
dans les duels et sur l'homme. Rapide, râblé et d'une endurance à toute
épreuve, il régnait le long de sa ligne de touche, alternant
inlassablement entre montées pleines d'engagement et retours défensifs,
et pouvait au cours d'un même match mettre au supplice l'ailier et le
latéral adverses. Infranchissable, il disposait d'un bagage technique
complet qui lui permettait de combiner à son aise avec ses partenaires
et d'adresser de remarquables centres. Sans collectionner les passements
de jambes ni donner dans le superflu, il s'acquittait des tâches
spécifiques à son poste avec beaucoup de sérieux et de régularité.
Sélectionné
à 142 reprises en équipe nationale (record à battre) entre 1990 et
2006, c'est avant tout avec la Seleçao que Cafu s'est imposé comme l'un
des meilleurs spécialistes de l'histoire du poste. Seul joueur à avoir
disputé quatre Coupes du Monde consécutives pour un total de 21 matches,
il connut son premier moment de gloire lorsqu'il remplaça Jorginho,
blessé, à la 22ème minute de la finale de la World Cup américaine en
1994. Titulaire dans le onze battu par la France à Saint-Denis, il
remporte le titre mondial comme capitaine en 2002 avant de se faire à
nouveau sortir par les Bleus quatre ans plus tard, à l'âge de trente-six
ans.

Après
cinq saisons fructueuses sous le maillot de Sao Paulo (deux Copa
Libertadores et deux Coupes Intercontinentales remportées en 1992 et
1993 face à Barcelone et au Milan AC), c'est précédé du titre de
meilleur joueur sud-américain 1994 que Cafu débarque au Real Saragosse
en 1995. Même pas présent sur la feuille de match de la finale de C2
marquée par l'incroyable but de Naym au Parc contre Arsenal, il ne reste
que six mois au club avant de retourner dare-dare au pays. Le groupe
industriel Parmalat, propriétaire de Palmeiras, fait le nécessaire pour
s'attacher les services du joueur, manifestement pas encore prêt pour
l'aventure européenne.
Afin
de contouner une clause qui l'empêchait de resigner immédiatement pour
un club pauliste, Cafu passe quelques mois à Juventude à son retour
d'Espagne avant de s'engager pour Palmeiras, où il évoluera de 1995 à
1997, années au cours desquelles il acquiert le statut d'indiscutable en
sélection. Mais, malgré une première expérience peu concluante,
l'Europe n'a pas oublié ce joueur aussi talenteueux que dur au mal, qui
sait que la progression de sa carrière passe obligatoirement par un
séjour longue durée outre-Atlantique. A vingt-sept ans, après avoir
démontré l'étendue de ses qualités sur toutes les pelouses du Brésil, il
franchit le pas et rejoint l'AS Roma à l'été 1997
Sacré
à nouveau champion en 2004, il ajoute trois ans plus tard à sa carte de
visite plus que fournie la seule ligne majeure qui lui manquait: la
Champions League, conquise au terme d'une finale en forme de revanche
contre Liverpool à laquelle il ne participe cependant pas. Malgré deux
Coupes du Monde, deux Copa America, une Champions League, deux Copa
Libertadores, deux Coupes Intercontinentales et deux Scudetti, il n'est
pas tout à fait exact d'affirmer que Cafu a tout gagné. Il faudrait
plutôt dire que les seuls compétitions qu'il n'a pas remportées sont
celles qu'il n'a pas disputées. On a beau être Cafu, on n'en est pas
moins homme.

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