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samedi 20 août 2011

Paolo Maldini, un héros antique

maldini.jpg650 matches de Serie A, 175 rencontres européennes dont huit finales, 7 Scudetti, 5 Champions League, 126 sélections dont 23 en Coupe du Monde, 25 saisons sous le maillot rossonero: les chiffres liés à la carrière de l'immense Paolo Maldini donnent le vertige et ne suffisent même pas à rendre compte de l'empreinte qu'il a laissée sur le jeu. Recordman du nombre de matches joués en championnat d'Italie et de capes avec la Squadra Azzurra, le beau Paolo incarne mieux que quiconque la grandeur et le prestige du Milan AC, club-phare des deux dernières décennies. Sa longévité, son palmarès, son attitude à la fois combative et exemplaire sur le pré lui valent cet unanime respect auxquels seuls les très grands ont droit.


Défenseur de rêve, Maldini avait tout pour lui: beauté, élégance, solidité, intelligence, polyvalence, sérénité. D'un calme olympien, il donnait toujours une aberrante impression de facilité, même s'il ne rechignait jamais à mettre les mains dans le cambouis et à aller au contact: le genre de champion au charisme naturel dont la simple présence rassure et insuffle à l'équipe la certitude de la victoire. Lorsqu'on s'essaie à composer un onze des meilleurs joueurs de tous les temps, il est impossible d'ignorer Maldini, surdoué béni des dieux, inlassable gladiateur à la toison flottante, héros mythologico-footballistique échappé d'un récit épique.

maldini2.jpgComme Giggs ou Totti, Maldini fut l'homme d'un seul maillot, fidèle à son club au point d'en devenir l'un des symboles. Il fit ses débuts sous le maillot rouge et noir en janvier 1985, à l'âge de seize ans, et devint l'un des titulaires réguliers dès la saison 1985-86. Il ne devait se retirer des terrains qu'en 2009, à 41 ans. En un quart de siècle, il a côtoyé les plus grands, de Baresi à Van Basten en passant par Seedorf et Chevchenko, et accumulé assez d'argenterie pour faire pâlir de jalousie Nadine de Rotschild.

Toujours snobé par le jury du Ballon d'Or (qui n'a en revanche pas hésité à attribuer le trophée à Sammer et Cannavaro, une vaste blague, voire une escroquerie caractérisée), il aurait mérité de se le voir décerner au moins une fois, ne serait-ce que pour l'ensemble de son oeuvre. Le fait qu'un George Weah figure à un palmarès dont Maldini est absent relève de l'hérésie pure et simple. Pas moins de cinq de ses partenaires au Milan (Gullit, Van Basten, Weah, Chevchenko, Kaka) ont obtenu la récompense individuelle suprême, toujours refusée à Maldini, troisième en 1994 et 2003. Quand les incompétents notoires du jury décident exceptionnellement de ne pas distinguer un joueur offensif, ils honorent un défenseur qui ne le mérite pas et laissent de côté les cadors de l'arrière-garde: une politique cohérente.

Le Ballon d'Or, le défenseur milanais n'en fut certainement jamais aussi proche que lorsqu'il ouvrit le score en finale de Champions League après cinquante secondes de jeu contre Liverpool à Istanbul, devenait à la fois le buteur le plus rapide et le plus âgé (37 ans) en finale européenne. A la pause, le Milan menait trois buts à zéro, et Maldini se dirigeait tranquillement vers son cinquième succès personnel en C1, après avoir si idéalement ouvert la voie à son équipe. On connaît la suite de l'histoire. Compétiteur féroce, Maldini ne digère pas cette impensable défaite, dont il reconnaît volontiers qu'elle demeure la plus cuisante de toute son incroyable carrière. D'un autre côté, quand on a déjà quatre coupes aux grandes oreilles dans la vitrine, on se console tout de même plus facilement.

En 2007, Maldini prend sa revanche sur ces Reds insolents à Athènes (une ville faite pour lui), formant une paire impeccable avec Alessandro Nesta, et ajoute un cinquième sacre à sa collection. Mis à part les Madrilènes Gento, vainqueur de l'épreuve à six reprises, et Di Stefano, titré cinq fois à une époque où la concurrence n'était pas aussi impitoyable, aucun autre joueur n' a remporté cinq titres européens avec le même club. Des questions dans le fond ou on passe à la suite? 

Le grand regret de cette légende du jeu, qui présente un bilan extraordinaire en club, reste évidemment de ne jamais avoir gagné le moindre trophée avec la Squadra Azzurra. Le coup passa bien près à deux reprises: en 1994, lorsque l'Italie poussa le Brésil aux tirs aux buts en finale de Mondial américain, et en 2000, quand Henry fit signe au banc italien de se rasseoir après l'égalisation de Wiltord dans les arrêts de jeu à Rotterdam. Plus capé que Dino Zoff himself,  il a disputé quarante matches en sept tournois internationaux, alors qu'un joueur comme Ancelotti ne compte que 26 sélections au total. En 1990, il disputa sa première grande compétition mondiale à la maison, faisant déjà partie des cadres de la sélection qui vit s'écrouler ses rêves de gloire sur la pelouse de San Paolo, par une sorte d'ironie patronymique.

Il mit un terme à sa carrière internationale après l'amère et injuste élimination de la Nazionale par la Corée du Sud en 2002. Quatre ans plus tard, l'Italie enlevait son premier sacre mondial depuis 1982, avec une charnière centrale composée de Cannavaro et Materazzi, deux tâcherons sans foi ni loi qui ne possédaient pas le dixième de son talent et de sa classe. Mais quand on s'appelle Paolo Maldini et qu'on a atteint de tels sommets de réussite et d'excellence, on n'a guère le droit d'en vouloir au destin.




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