
Nedved
possédait l'endurance d'un milieu défensif et la justesse technique
d'un meneur de jeu, et incarne mieux que beaucoup le rôle du milieu dit
relayeur, poste aux contours souvent mal définis qui désigne les
inclassables capables de s'acquitter de toutes les tâches dans
l'entrejeu. Il pouvait récupérer la chique dans les pieds adverses,
allumer une mèche des trente mètres (sa frappe de balle était
redoutable), se lancer dans une chevauchée en solitaire, trouver un
attaquant d'une ouverture parfaite ou poser une volée aberrante sur un
ballon traînant à mi-hauteur. Indispensable au bon fonctionnement du
collectif et éminnement altruiste, il était en outre doté d'un
remarquable sens du but pour un milieu de terrain, talent qui lui valut
de marquer un bon paquet de pions dans tous les clubs qui ont eu la
chance et les moyens de pouvoir s'attacher ses services.
Révélé
sous le maillot du Sparta Prague, qu'il porte entre 1992 et 1996,
Nedved tape dans l'oeil de la Lazio lors de l'Euro 96, au cours duquel
il flambe aux côtés des Poborsky et Berger avec une sélection tchèque
qui atteint la finale du tournoi. C'est le début d'une grande histoire
d'amour avec le football italien. Avec la Lazio, il remporte son premier
titre de champion en 2000 au sein d'un effectif ahurissant de classe et de profondeur,
ainsi que la Coupe des Coupes 1999 face à Majorque (il plante le but de
la gagne à dix minutes de la fin en finale) et deux Coupes d'Italie en
1998 et 2000. Lors de la saison 1997-98, il marque pas moins de 11 buts
en 26 rencontres de Serie A, ce qui fait de lui le meilleur réalisateur
de l'équipe devant Boksic et Fuser.

Cela
faisait un moment que la Juventus rêvait de faire signer Nedved, et
lorsque Zidane quitte Turin pour Madrid à l'été 2001, Agnelli saisit
l'occasion et signe un gros chèque pour le Tchèque (précisons qu'à
l'époque, peu de présidents de club étaient des cheiks). La Vieille Dame
ne regrettera pas d'avoir misé sur Nedved, qui remporte deux nouveaux
Scudetti lors des ses deux premières saisons au club, formant un
extraordinaire tandem avec Edgar Davids. Epoustouflant en 2002-2003, il
marque des buts cruciaux en Champions League (en quart de finale retour à
Barcelone et en demi-finale retour à Turin contre le Real notamment)
pour conduire son équipe jusqu'en finale. Malheureusement, il reçoit
face au Real un avertissement qui le prive de la finale d'Old Trafford,
perdue aux tirs aux buts contre le rival milaniste.
Joyau
de la sélection tchèque pendant douze ans (91 sélections, 18 buts),
Nedved eut par deux fois l'occasion d'ajouter le Championnat d'Europe
des Nations à son imposant palmarès: en 1996, quand Bierhoff arracha la
victoire pour l'Allemagne en prolongations à Wembley, et en 2004,
lorsque la République Tchèque, sûrement la meilleure équipe du tournoi,
se fit sortir par les Grecs en demi-finale. Etrangement, il a dû
attendre 2006 et l'âge de 34 ans pour jouer sa première Coupe du Monde,
persuadé par le sélectionneur Karel Brückner de sortir de sa retraite
pour donner un coup de main à l'équipe nationale en Allemagne.
Nedved
et ses partenaires gagnent facilement leur premier match contre les
Etats-Unis mais s'inclinent ensuite face au Ghana et à l'Italie, et
terminent finalement troisièmes de leur poule. Lors de la rencontre
décisive face à la Squadra Azzurra, Nedved se démène comme un mort de
faim et voit plusieurs de ses tentatives repoussées par Buffon, son
coéquipier à la Juve. Il s'agit de sa dernière apparition avec l'équipe
nationale, même si le sélectionneur tenta à nouveau de le convaincre de
rechausser les crampons pour l'Euro 2008. Mais cette fois, Nedved avait
une fois pour toutes décidé qu'il en avait fait assez.
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