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vendredi 10 février 2012

Pavel Nedved, l'homme à tout faire

nedved Assurément l'un des tout meilleurs milieux de terrain de ces vingt dernières années, Pavel Nedved appartient à cette catégorie rare de joueurs ultra-polyvalents qui semblent faits pour le football et maîtrisent tous les aspects du jeu. Il promenait son gabarit ramassé et sa très reconnaissable tignasse blonde aux quatre coins du terrain et faisait montre d'une activité et d'un volume de jeu impressionnants, où se mêlaient engagement et lucidité, combativité et finesse.


Nedved possédait l'endurance d'un milieu défensif et la justesse technique d'un meneur de jeu, et incarne mieux que beaucoup le rôle du milieu dit relayeur, poste aux contours souvent mal définis qui désigne les inclassables capables de s'acquitter de toutes les tâches dans l'entrejeu. Il pouvait récupérer la chique dans les pieds adverses, allumer une mèche des trente mètres (sa frappe de balle était redoutable), se lancer dans une chevauchée en solitaire, trouver un attaquant d'une ouverture parfaite ou poser une volée aberrante sur un ballon traînant à mi-hauteur. Indispensable au bon fonctionnement du collectif et éminnement altruiste, il était en outre doté d'un remarquable sens du but pour un milieu de terrain, talent qui lui valut de marquer un bon paquet de pions dans tous les clubs qui ont eu la chance et les moyens de pouvoir s'attacher ses services.

Révélé sous le maillot du Sparta Prague, qu'il porte entre 1992 et 1996, Nedved tape dans l'oeil de la Lazio lors de l'Euro 96, au cours duquel il flambe aux côtés des Poborsky et Berger avec une sélection tchèque qui atteint la finale du tournoi. C'est le début d'une grande histoire d'amour avec le football italien. Avec la Lazio, il remporte son premier titre de champion en 2000 au sein d'un effectif ahurissant de classe et de profondeur, ainsi que la Coupe des Coupes 1999 face à Majorque (il plante le but de la gagne à dix minutes de la fin en finale) et deux Coupes d'Italie en 1998 et 2000. Lors de la saison 1997-98, il marque pas moins de 11 buts en 26 rencontres de Serie A, ce qui fait de lui le meilleur réalisateur de l'équipe devant Boksic et Fuser.

nedved2Avec la tunique bleu ciel, il plante toutes compétitions confondues 54 pions en 204 matches et s'installe comme une des individualités les plus brillantes du championnat italien. Les tifosi de la Lazio vouent un véritable culte (mieux vaut à lui qu'à d'autres, n'est-ce pas?) à ce joueur venu du froid constant et irréprochable et dont l'impact sur le jeu de l'équipe fut aussi évident qu'immédiat. Il faut dire que Nedved a tout du porte-bonheur aux yeux du public: en cinq saisons, il glane quatre trophées avec les biancocelesti.

Cela faisait un moment que la Juventus rêvait de faire signer Nedved, et lorsque Zidane quitte Turin pour Madrid à l'été 2001, Agnelli saisit l'occasion et signe un gros chèque pour le Tchèque (précisons qu'à l'époque, peu de présidents de club étaient des cheiks). La Vieille Dame ne regrettera pas d'avoir misé sur Nedved, qui remporte deux nouveaux Scudetti lors des ses deux premières saisons au club, formant un extraordinaire tandem avec Edgar Davids. Epoustouflant en 2002-2003, il marque des buts cruciaux en Champions League (en quart de finale retour à Barcelone et en demi-finale retour à Turin contre le Real notamment) pour conduire son équipe jusqu'en finale. Malheureusement, il reçoit face au Real un avertissement qui le prive de la finale d'Old Trafford, perdue aux tirs aux buts contre le rival milaniste.

Il est certain que l'absence de Nedved fut un énorme handicap pour la Vecchia Signora. Auteur d'une année de toute beauté, le joueur se voit logiquement attribuer le Ballon d'Or, récompense qui n'a pas souvent sacré des travailleurs-créateurs tels que lui. Aussi adulé à Turin qu'il pouvait l'être à Rome, Nedved devient une véritable icône locale lorsqu'il choisit de rester au club, tout comme Trézéguet, Buffon ou Del Piero, après la relégation de la Juve en Serie B en 2006. Lors de son dernier match avec les bianconeri en 2009, Ranieri lui confie le brassard et le fait sortir avant la fin pour lui permettre de recevoir une mémorable standing ovation. 

Joyau de la sélection tchèque pendant douze ans (91 sélections, 18 buts), Nedved eut par deux fois l'occasion d'ajouter le Championnat d'Europe des Nations à son imposant palmarès: en 1996, quand Bierhoff arracha la victoire pour l'Allemagne en prolongations à Wembley, et en 2004, lorsque la République Tchèque, sûrement la meilleure équipe du tournoi, se fit sortir par les Grecs en demi-finale. Etrangement, il a dû attendre 2006 et l'âge de 34 ans pour jouer sa première Coupe du Monde, persuadé par le sélectionneur Karel Brückner de sortir de sa retraite pour donner un coup de main à l'équipe nationale en Allemagne.

Nedved et ses partenaires gagnent facilement leur premier match contre les Etats-Unis mais s'inclinent ensuite face au Ghana et à l'Italie, et terminent finalement troisièmes de leur poule. Lors de la rencontre décisive face à la Squadra Azzurra, Nedved se démène comme un mort de faim et voit plusieurs de ses tentatives repoussées par Buffon, son coéquipier à la Juve. Il s'agit de sa dernière apparition avec l'équipe nationale, même si le sélectionneur tenta à nouveau de le convaincre de rechausser les crampons pour l'Euro 2008. Mais cette fois, Nedved avait une fois pour toutes décidé qu'il en avait fait assez.

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