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mardi 5 juin 2012

Fernando Hierro, l'indéboulonnable

Lorsque l'on évoque les meilleurs joueurs espagnols de ces vingt dernières années (pour la simple et bonne raison que l'on a que ça à faire en attendant l'apocalypse qui ne saurait désormais tarder), les noms de Raul, Xavi ou de Luis Enrique viennent plus naturellement à l'esprit que celui de Fernando Hierro. Pourtant, ce joueur au profil atypique fut pendant près de quinze ans l'un des piliers du Real Madrid, avec lequel il s'est forgé un palmarès long comme le bras, et de la sélection nationale.


Milieu de terrain rapidement reconverti libero, Hierro ne brillait ni par sa vivacité ni par ses aptitudes naturelles de défenseur, mais possédait une qualité de frappe exceptionnelle qui lui permettait de jouer long avec une grande précision et d'asséner des coups francs tonitruants. Aussi bien en club qu'avec la Roja, il jouait un rôle semblable à celui de Koeman au sein du Barça de Cruyff, à savoir celui de rampe de lancement, de premier relanceur. Il se distinguait également par ses qualités de meneur d'hommes qui lui valurent de porter le brassard à de nombreuses reprises avec le Real et l'équipe nationale. Posé, calme, intelligent tactiquement, il avait l'étoffe du patron, et a d'ailleurs occupé les fonctions de directeur sportif de la Roja de 2007 à 2011, avant de prendre les commandes de Malaga l'éte dernier.

Au Real Madrid, pour lequel il a disputé plus de 400 matches de Liga et plus de 100 rencontres européennes de 1989 à 2003, Hierro s'est imposé comme le digne héritier du défenseur central Manuel Sanchis, figure historique du club, à qui il succèda le plus logiquement du monde au capitanat. En quatorze saisons de championnat, il a inscrit cinq buts ou plus à douze reprises, statistique tout à fait remarquable pour un joueur évoluant à son poste, même si elle inclut les nombreux penaltys qu'il avait la charge et le privilège de transformer.

En 1991-92, pour sa troisième année au club et alors qu'il évolue dans l'entrejeu (la charnière centrale étant le plus souvent formée de Manuel Sanchis et du Brésilien Ricardo Rocha, que Valdo fit tourner en bourrique au Parc lors du fameux quart de finale retour d'UEFA en 1993), il atteint même le chiffre aberrant de 21 buts en Liga, ce qui lui vaut de finir deuxième meilleur buteur du championnat derrière Manolo, de l'Atletico Madrid, mais devant Stoïchkov. Au total, Fernando Hierro a marqué plus de cent buts en première division espagnole et 29 en 89 sélections, ce qui fait de lui encore à ce jour le troisième meilleur réalisateur de la Roja derrière Villa et Raùl.

Déja vainqueur du championnat en 1990, 1995 et 1997, Hierro étoffe considérablement son palmarès sur la fin de sa carrière et une fois la trentaine passée. En 2001 et 2003, il s'adjuge deux nouveaux titres nationaux, mais remporte surtout trois fois la Champions League en 1998, 2000 et 2002, d'abord aux côtés des Seedorf, Redondo, Mijatovic et Suker, puis plus tard des Figo, Zidane ou McManaman. Hierro fait partie du noyau de joueurs qui ont activement contribué à ces trois succès européens, puisqu'il a participé à plus de 60 rencontres de Champions League entre 1997 et 2002.

Ils ne sont d'ailleurs que quatre à avoir pris part aux trois campagnes victorieuses: Raul, Morientes, Roberto Carlos et Hierro, qui fut cependant remplaçant à l'occasion de la finale de Paris contre Valence en 2000, pour laquelle Del Bosque avait aligné Karanka, Ivan Campo et Helguera au coeur de sa défense à cinq. Une fois le match plié, le futur sélectionneur fit entrer Hierro à cinq minutes de la fin à la place de Salgado pour l'associer au triomphe: à tout seigneur tout honneur. Il eût été inconcevable que Hierro, joueur emblématique de ce Real dominant, reste cloué sur le banc de touche jusqu'au coup de sifflet final. Symboliquement, Del Bosque avait déjà remplacé Anelka par Sanchis cinq minutes auparavant.

Hierro appartient à une génération de joueurs brillants qui n'a jamais rien remporté au niveau international, souvent par malchance ou par fébrilité, et parfois par la faute de ses gardiens (remember Zubizarreta contre le Nigeria en 1998). Dans le groupe pour l'Euro 92, il se révèle véritablement aux yeux du monde lors de la World Cup américaine, après avoir offert le billet pour les Etats-Unis aux siens d'un coup de tête décisif face au Danemark en qualifications. Excellent au milieu de terrain tout aulong du tournoi, il ouvre le score contre la Suisse en huitièmes et contribue au bon parcours de la Roja, qui subit la loi de Baggio en quart.

Capitaine d'une équipe qui avait clairement les moyens d'aller au bout en 2002, il se voit privé de son rêve par un arbitrage scandaleux contre la Corée du Sud, l'un des deux pays hôtes de la compétition. A trente-quatre ans, il s'agissait de sa dernière chance de parachever une longue carrière magnifiquement remplie et marquée du sceau de la régularité, de l'excellence et du professionalisme. Joueur exemplaire et charismatique, Fernando Hierro fait à coup sûr partie des plus grands joueurs de l'histoire du football ibérique. Espérons simplement que le présent article aura contribué à lui rendre justice.





















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