Luis Enrique, comme Raul, Morientes ou Hierro,
appartient à cette remarquable génération de joueurs ibériques qui
aurait sans douté mérité d'offrir à l'Espagne son premier titre
international. Chacune des trois Coupes du Monde qu'il a disputées se
sont terminées de façon douloureuse. En 1994, en quart de finale de la
World Cup américaine, il reçut un violent coup de coude du très
oubliable Mauro Tassotti et perdit un demi-litre de sang, et
accessoirement le match. En 1998, la sélection espagnole se fit sortir
dès le premier tour, à cause notamment d'une boulette mémorable de
Zubizarreta contre le Nigeria. Enfin, en 2002, alors qu'elle semblait
armée pour aller au bout, l'équipe de Camacho fut victime d'un arbitrage
maison qui permit à la Corée du Sud de se qualifier.
A la même enseigne que ses compagnons d'infortune, Luis Enrique n'a jamais accédé au dernier carré d'un tournoi international, et ne doit sa place parmi les tout meilleurs joueurs européens des années 90 qu'à ses performances en club. Il ne connut pourtant jamais, contrairement à nombre de ses partenaires en sélection, le bonheur d'embrasser la grande Coupe d'Europe.
A la même enseigne que ses compagnons d'infortune, Luis Enrique n'a jamais accédé au dernier carré d'un tournoi international, et ne doit sa place parmi les tout meilleurs joueurs européens des années 90 qu'à ses performances en club. Il ne connut pourtant jamais, contrairement à nombre de ses partenaires en sélection, le bonheur d'embrasser la grande Coupe d'Europe.
Joueur
incroyablement complet, Luis Enrique a occupé à peu près toutes les
positions imaginables sur un terrain. Si ce sont avant tout ses talents
de finisseur qui tapent dans l'oeil du Real Madrid (14 buts avec le
Sporting Gijon en 1990-91), il se distinguera par la suite par une
polyvalence peu commune qui fera de lui un joueur aussi atypique
qu'utile. Adroit devant le but, excellent de la tête, propre
techniquement, il pouvait aussi bien évoluer au soutien direct des
attaquants que faire parler sa vitesse sur un côté.
Luis
Enrique, malgré un physique longiligne, ne craignait pas le contact et
s'engageait avec une intensité de tous les instants, le mot grinta
semblant avoir été inventé pour lui. Il apportait à l'équipe non
seulement d'indéniables qualités footballistiques, mais également une
rage de vaincre, un tempérament de feu, un supplément d'âme. Son intelli
gence
défensive et son sens tactique lui permirent de réussir une saison
éblouissante dans un rôle de latéral droit avec le Barça. En prime, le
bonhomme possédait une caisse de marathonien et cavalait de la première à
la dernière minute. Doué, combatif, dévoué au collectif, Luis Enrique
ressemble au portait-robot du joueur idéal sur qui tout entraîneur
aimerait pouvoir compter.

Titulaire au Real Madrid de 1991 à 1996, il profite de l'exposition
médaitique du club pour décrocher la première de ses soixante-deux
sélections en 1991. En cinq saisons au sein de la maison blanche, il ne
remporte qu'un seul championnat, le Barça de Cruyff imposant alors sa
loi à son rival, qui doit également batailler avec le Deportivo. En
1994, le grand Michael Laudrup,
stratège de l'équipe blaugrana, quitte Barcelone pour l'ennemi
héréditaire. Deux ans plus tard, Luis Enrique effectue le chemin
adverse, déclenchant l'ire des socios madrilènes.
Malgré
son étiquette de joueur estampillé Real, il ne tarde pas à gagner le
coeur des supporters catalans, signant trois premières saisons de toute
beauté (95 matches, 46 buts, 16 passes décisives) et finissant même par
hériter du brassard de capitaine. Il remporte deux fois la Liga en 1998
et 1999, gagnant ses galons de all-around player et conservant
son rôle d'homme de base malgré l'arrivée massive des Néerlandais
recrutés par Van Gaal. Aux côtés de Figo et Ronaldo, il s'adjuge la
Coupe des Coupes en 1997, prenant ainsi une forme de revanche contre le
PSG.
Rares
sont les joueurs espagnols à avoir effectué la quasi-intégralité de
leur carrière sous les couleurs des deux géants du football ibérique.
Chacun des deux clubs s'appuyait alors sur des joueurs emblématiques
(Hierro, Sanchis, Butragueno, Guardiola, Bakero, Ferrer) qu'il aurait été inconcevable de voir changer de camp. Luis Enrique, natif de Gijon, dans les Asturies (province dont Iniesta est également originaire), se sentait sans doute moins viscéralement attaché à l'identité madrilène ou catalane, ce qui ne l'empêcha pas d'officier sous les deux maillots avec la même conviction.
(Hierro, Sanchis, Butragueno, Guardiola, Bakero, Ferrer) qu'il aurait été inconcevable de voir changer de camp. Luis Enrique, natif de Gijon, dans les Asturies (province dont Iniesta est également originaire), se sentait sans doute moins viscéralement attaché à l'identité madrilène ou catalane, ce qui ne l'empêcha pas d'officier sous les deux maillots avec la même conviction.
Aussi
bien en club qu'en sélection, il côtoya des joueurs de calibre Ballon
d'Or (Raul, Rivaldo, Kluivert, Ronaldo, Figo), ce qui explique
probablement qu'il ne bénéficie pas de toute la reconnaissance qu'il
mérite, d'autant qu'il n'était guère du genre à se mettre en avant ou
chercher la lumière. Il fut pourtant bien plus qu'un simple soldat (100
pions en 400 matches de Liga tout de même), mais plutôt, pour filer la
métaphore militaire, un premier lieutenant fiable avec qui on pouvait
monter à l'assaut. De par sa capacité à s'adapter et à intégrer tous les
aspects du jeu, il laissera l'image d'un joueur non seulement
talentueux, mais éminemment moderne.

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