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mercredi 15 mai 2013

Leverkusen-Nantes 95: scénario catastrophe

A trois rudmois du terme du championnat et à l'heure d'aborder les quarts de finale de la Coupe UEFA, le FC Nantes s'est déjà quasiment assuré le titre. Tranquille leader avec une marge confortable sur un PSG qu'il a corrigé au Parc en janvier, les joueurs de Suaudeau n'ont pas connu la défaite et régalent spectateurs et observateurs par la géométrie enchanteresse de leur jeu collectif, fondé sur le mouvement et la disponibilité. Même si quelques cadors restent en course dans la compétition (Parme, Juventus, Lazio, Dortmund), il n'est guère aberrant d'estimer que le futur champion de France, bardé de certitudes et en pleine confiance, peut faire mieux que tirer son épingle du jeu sur la scène européenne et, pourquoi pas, devenir la première équipe française à s'adjuger l'UEFA.


Opposés au Bayer Leverkusen, modeste huitième de Bundesliga, les Canaris ont les faveurs des pronostics, d'autant qu'ils joueront le retour à la Beaujoire, mais Suaudeau doit faire face à une situation surréaliste: privé de ses trois portiers (Marraud, Casagrande et Loussouarn), le technicien nantais doit confier les cages à Jean-Louis Garcia, l'entraîneur des gardiens, qui possède toujours une licence mais n'a joué que deux matches en deux ans. La presse sportive fait ses choux gras de ce cas de figure unique et s'interroge sur la capacité du remplaçant de secours à répondre présent et à résister à la pression que ne manqueront pas de faire peser sur ses épaules les joueurs adverses, qui saisiront chaque occasion de le mettre à l'épreuve.

Garcia comme Suaudeau pourront au moins compter sur la défense la plus imperméable de l'hexagone, malgré l'absence de grands noms derrière. Le très travailleur et complémentaire trio Ferri-Makélélé-Karembeu officiera dans l'entrejeu, tandis que les trois compères Pedros, Loko et Ouedec, qui martyrisent les défenses de France, se verront chargés de l'animation offensive et de planter le fameux but à l'extérieur. Emmené par le vétéran Bernd Schuster (36 ans) et sa très teutonne moustache, le Bayer aligne une fameuse paire de teignes des pelouses en attaque avec Ulf Kirsten et Rudi Völler, qui se font toujours un plaisir de jouer des coudes et de se laisser tomber dans la surface au moindre contact.

Outre ces deux pestes notoires, on retrouve dans le onze du Bayer le Roumain Lupescu, le Brésilien Paulo Sergio, qui fera ensuite les beaux jours de la Roma et du Bayern, et l'international Christian Wörns, qui signera au PSG quelques années plus tard. Sur le papier, l'équipe allemande n'a vraiment rien d'une terreur, et la lourdeur de son arrière-garde et de son milieu laisse à penser que les attaquants nantais se procureront des occasions. Pourtant, ce match sent le traquenard à plein nez, et le déroulement de la rencontre ne va faire que confirmer les pires craintes que l'on pouvait avoir avant le coup d'envoi.

Dès la neuvième minute, Garcia se troue sur une frappe lointaine de Lehnhoff qui passe entre ses gants. La fébrilité manifeste du gardien nantais déstabilise l'ensemble de son équipe, et Pignol ne trouve rien de mieux à faire que de lui adresser une passe en retrait hasardeuse, que Kirsten intercepte pour doubler la mise face à un Garcia au fond du trou. En deuxième période, le but de Ouedec sur penalty redonne espoir aux siens, mais l'expulsion de Ferri à l'heure de jeu transforme la dernière demi-heure en cauchemar. En cinq minutes (78ème et 83ème), Paulo Sergio frappe deux fois: d'abord d'une reprise de la tête sur un centre venu de la gauche, puis sur un contre mené à toute allure suite à un corner adverse.

pedTotalement euphoriques, les Allemands s'amusent dans les seize mètres nantais et ajoutent un cinquième but par l'inévitable Ulf Kirsten. Frustré, Pedros provoque dans la foulée une échauffourrée, ce qui lui vaut de rentrer aux vestiaires avant tout le monde. Au coup de sifflet final, le bilan pourrait difficilement être plus négatif pour les hommes de Suaudeau: ils ont encaissé cinq pions, perdu toute chance de qualification, récolté deux cartons rouges et concédé leur première défaite depuis des mois. Guère aidée par les circonstances, ils se sont laissé gagner par la nervosité au fur et à mesure d'un match dont le scénario s'est avéré défavorable sur tous les plans.

Le match retour se solde sur un match nul et vierge qui permet au Bayer de se qualifier sans trembler une seconde pour les demi-finales, où il il se fera rosser par le Parme de Zola et Asprilla, qui remportera ensuite le trophée face à la Juve. Sans Karembeu et Loko, partis à l'intersaison, Nantes signe un superbe parcours en Champions League la saison suivante, finissant deuxième de sa poule devant le FC Porto puis sortant le Spartak Moscou en quarts avant de tomber avec les honneurs contre la Juventus (défaite 2-0 à Turin et victoire 3-2 à la Beaujoire).

A l'été 1996, Pedros signe à Marseille et Ouedec à l'Espanyol Barcelone, mais au terme de la dernière année de Suaudeau sur le banc et de la 34ème saison consécutive du club dans l'élite, les Canaris parviennent à se hisser sur la troisième marche du podium en restant invaincus durant trente journées. Contrarié par les départs de Makélélé (OM) et N'Doram (Monaco), Suaudeau, à une semaine du début du championnat 97-98, décide de raccrocher et de passer la main à Denoueix. Double champion de France en tant que joueur, celui qu'on surnomma Coco a remporté deux nouveaux titres en tant qu'entraîneur et marqué à jamais l'histoire du club.


28 février 1995, BayArena, Leverkusen: Bayer Leverkusen 5 - FC Nantes 1
Buts: Lehnhoff (9), Kirsten (18, 89), Paulo Sergio (78, 83), Ouedec (64)
Bayer Leverkusen: Vollborn (Heinen 62) - Happe - Wörns - Scholz - Schuster - Hapal (Münch 85) - Lehnhoff - Lupescu - Paulo Sergio - Kirsten - Völler (Thom 72)
Nantes: Garcia - Pignol - Decroix - Capron - Guyot - Ferri - Karembeu - Makélélé (Le Dizet 75) - Pedros - Loko - Ouedec (N'Doram 77)







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