
Même s'il
convient de ne pas accorder trop d'importance à une récompense
individuelle sur laquelle certains choix discutables ont à plusieurs
reprises jeté le discrédit, si un joueur méritait de succéder à Luis
Suarez, distingué en 1960, c'est bien Raúl Gonzalez Blanco, sans doute
le meilleur attaquant que l'Espagne ait jamais produit, devant les
Butragueno, Morientes et Villa. En seize saisons au Real Madrid, Raúl a
planté 230 buts en Liga (soit une moyenne supérieure à 14 pions) et
signé huit exercices à plus de quinze pions, avec une pointe à 25 unités
en 1998-99.
Précoce
et efficace au plus haut niveau jusqu'à ses trente-cinq ans, il a
collectionné les records: meilleur buteur de l'histoire du Real,
meilleur buteur de l'histoire de la Champions League, joueur ayant
disputé le plus grand nombre de matches de championnat et européens sous
le maillot merengue. Au même titre que les Zidane, Del Piero ou
Ronaldo, il appartient à la catégorie des cadors qui ont marqué leur
époque de leur empreinte.

Doté
de ce plus indéfinissable qui fait les grands buteurs, Raúl,
contrairement à beaucoup de ses congénères, n'a jamais cherché à briller
au détriment de l'équipe et s'est toujours parfaitement intégré dans le
collectif, faisant souvent marquer ses partenaires d'attaque
(Morientes, Ronaldo, Higuain). Quand Hierro quitta le club en 2003, il
fut logiquement nommé capitaine par Queiroz (une fonction qu'il occupera
jusqu'à son départ en 2010) et devint le patron incontesté d'un
vestiaire que fréquentaient alors des vedettes telles que Zidane,
Cambiasso, Roberto Carlos, Ronaldo ou Figo. Davantage encore qu'un
leader, un symbole ou une figure de proue, Raúl était une véritable
institution, aussi bien au Real qu'au sein de la sélection. Classieux à
souhait, il n'a jamais reçu le moindre carton rouge et disputa deux
championnats entiers sans être averti entre 2005 et 2007.
Lassé
de cirer le bout du banc et persuadé qu'il peut encore évoluer en tant
que titulaire dans une équipe de premier plan, il quitte le Real après
plus de quinze ans de bons et loyaux services et surprend son monde en
signant à Schalke 04. Résultat: 28 buts et 7 passes décisives en
Bundesliga en deux saisons, une première qualification pour les
demi-finales de la Champions League dans l'histoire du club (Raúl plante
un but à l'aller et au
retour contre l'Inter en quart) et une Coupe d'Allemagne remportée en
2011. En une centaine d'apparitions, Raúl a laissé une trace indélébile
dans l'histoire de Schalke 04, à tel point que le club de la Ruhr a
décidé de ne plus attribuer le numéro 7 à aucun autre joueur.
En 1996, alors qu'il restait sur une vingtaine de buts en Liga, Javier Clemente n'avait déjà pas cru bon de le retenir pour l'Euro anglais: avec le sacre de Vienne, la boucle cruelle est bouclée. Pourtant, il serait totalement injuste de faire peser la responsabilité des échecs de la Roja sur les épaules de Raúl, toujours exemplaire dans l'investissement et la combativité.
Auteur de cinq buts en huit
titularisations en Coupe du Monde (il en disputa trois consécutives et
marqua toujours au moins un but), il se blessa lors du huitième de
finale contre l'Irlande en 2002 et dût déclarer forfait pour le quart
contre la Corée du Sud, alors qu'il avait trouvé trois fois le chemin
des filets en poule. Appelé pour la première fois par Clemente en
octobre 1996, Raúl honora sa dernière cape le 6 septembre 2006 contre
l'Irlande du Nord à Belfast. Il laissa le brassard à une autre icône du
Real, Iker Casillas, dont le capitanat reste indéniablement marqué par
une certaine réussite. Lorsque le gardien du Real souleva la coupe Jules
Rimet à Johannesburg, il eut peut-être une pensée pour Raúl.
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