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mercredi 1 mai 2013

Raùl, exemplaire unique

raul.jpgCherchez l'intrus dans la liste suivante: Sammer, Weah, Rivaldo, Raúl, Figo, Cannavaro. Nul besoin d'être conférencier en histoire du football contemporain ou de s'appeler Robert Pirès (le meilleur consultant jamais vu sur un plateau de télévision) pour savoir que le joueur espagnol, contrairement aux cinq autres nommés, n'a jamais été élu Ballon d'Or, ce qui constitue, disons-le tout net, une aberration manifeste. 

Même s'il convient de ne pas accorder trop d'importance à une récompense individuelle sur laquelle certains choix discutables ont à plusieurs reprises jeté le discrédit, si un joueur méritait de succéder à Luis Suarez, distingué en 1960, c'est bien Raúl Gonzalez Blanco, sans doute le meilleur attaquant que l'Espagne ait jamais produit, devant les Butragueno, Morientes et Villa. En seize saisons au Real Madrid, Raúl a planté 230 buts en Liga (soit une moyenne supérieure à 14 pions) et signé huit exercices à plus de quinze pions, avec une pointe à 25 unités en 1998-99.


Précoce et efficace au plus haut niveau jusqu'à ses trente-cinq ans, il a collectionné les records: meilleur buteur de l'histoire du Real, meilleur buteur de l'histoire de la Champions League, joueur ayant disputé le plus grand nombre de matches de championnat et européens sous le maillot merengue. Au même titre que les Zidane, Del Piero ou Ronaldo, il appartient à la catégorie des cadors qui ont marqué leur époque de leur empreinte.

raul2.jpgPhysiquement quelconque et d'apparence plutôt gracile, Raúl se distinguait par son sens du jeu, son flair et sa précision chirurgicale devant les cages. Au début de sa carrière, le petit génie, qui fait ses début chez les professionnels dès l'âge de dix-sept ans, impressionne par la qualité de ses enchaînements et sa subtilité technique. A trente-cinq ans, il continue à planter avec une régularité impeccable, en s'appuyant toujours sur les mêmes armes: c'est précisément parce que son rendement et son efficacité n'ont jamais été fondés sur la vitesse ou la puissance qu'il a fait preuve d'une telle longévité au plus haut niveau.

Doté de ce plus indéfinissable qui fait les grands buteurs, Raúl, contrairement à beaucoup de ses congénères, n'a jamais cherché à briller au détriment de l'équipe et s'est toujours parfaitement intégré dans le collectif, faisant souvent marquer ses partenaires d'attaque (Morientes, Ronaldo, Higuain). Quand Hierro quitta le club en 2003, il fut logiquement nommé capitaine par Queiroz (une fonction qu'il occupera jusqu'à son départ en 2010) et devint le patron incontesté d'un vestiaire que fréquentaient alors des vedettes telles que Zidane, Cambiasso, Roberto Carlos, Ronaldo ou Figo. Davantage encore qu'un leader, un symbole ou une figure de proue, Raúl était une véritable institution, aussi bien au Real qu'au sein de la sélection. Classieux à souhait, il n'a jamais reçu le moindre carton rouge et disputa deux championnats entiers sans être averti entre 2005 et 2007.

Sous le maillot du Real, celui qui est passé par les équipes de jeunes de l'Atletico a collectionné les titres: six sacres en Liga (le premier en 1995 et le dernier en 2008), trois en Champions League et deux en Coupe Intercontinentale. Après avoir planté quarante buts en Liga en deux saisons entre 1995 et 1997, Raúl se montre au sommet de son art entre 1998 et 2003, période faste pendant laquelle ses statistiques forcent l'admiration: 96 buts en 173 matches de Liga et 39 en 69 rencontres européennes. Aussi incroyable que cela puisse sembler, il n'apparaît qu'une seule fois sur le podium du Ballon d'Or au cours de ces cinq années de rêve, lorsqu'il se classe deuxième derrière Michael Owen en 2001.

Lassé de cirer le bout du banc et persuadé qu'il peut encore évoluer en tant que titulaire dans une équipe de premier plan, il quitte le Real après plus de quinze ans de bons et loyaux services et surprend son monde en signant à Schalke 04. Résultat: 28 buts et 7 passes décisives en Bundesliga en deux saisons, une première qualification pour les demi-finales de la Champions League dans l'histoire du club (Raúl plante un but à l'aller et au retour contre l'Inter en quart) et une Coupe d'Allemagne remportée en 2011. En une centaine d'apparitions, Raúl a laissé une trace indélébile dans l'histoire de Schalke 04, à tel point que le club de la Ruhr a décidé de ne plus attribuer le numéro 7 à aucun autre joueur.

Sans doute en grande partie parce qu'il veut tirer un trait définitif sur une génération douée mais qui déçoit systématiquement dans les tournois internationaux (celle des Hierro, Valeron, Joaquin et autres Mendieta), Aragones choisit de se passer de Raúl pour l'Euro 2008: la Roja remporte son premier titre depuis 1964 sans celui qui est alors le meilleur buteur de l'histoire de l'équipe nationale (44 buts en 102 sélections).

En 1996, alors qu'il restait sur une vingtaine de buts en Liga, Javier Clemente n'avait déjà pas cru bon de le retenir pour l'Euro anglais: avec le sacre de Vienne, la boucle cruelle est bouclée. Pourtant, il serait totalement injuste de faire peser la responsabilité des échecs de la Roja sur les épaules de Raúl, toujours exemplaire dans l'investissement et la combativité.

Auteur de cinq buts en huit titularisations en Coupe du Monde (il en disputa trois consécutives et marqua toujours au moins un but), il se blessa lors du huitième de finale contre l'Irlande en 2002 et dût déclarer forfait pour le quart contre la Corée du Sud, alors qu'il avait trouvé trois fois le chemin des filets en poule. Appelé pour la première fois par Clemente en octobre 1996, Raúl honora sa dernière cape le 6 septembre 2006 contre l'Irlande du Nord à Belfast. Il laissa le brassard à une autre icône du Real, Iker Casillas, dont le capitanat reste indéniablement marqué par une certaine réussite. Lorsque le gardien du Real souleva la coupe Jules Rimet à Johannesburg, il eut peut-être une pensée pour Raúl.

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