Ces
mecs-là
savent à peu près tout faire sur le rectangle vert et promènent leur
talent aux quatre coins du terrain. Ultra-complets, ils sont aussi
capables de sortir un tacle rageur dans leurs trente mètres que
d'envoyer une transversale impeccable ou de poser un coup de tronche
dans la surface adverse. Naturellement, ce sont les milieux de terrain
qui trustent cette sélection, même si les profils et les compétences
varient, des ailiers convertis relayeurs aux récupérateurs techniques en
passant par les all around players de nature. Huit des dix
sélectionnés jouent ou ont joué en Premier League, championnat où ces
phénomènes à tout faire trouvent un champ d'expression idéal, dans la
grande tradition du box to box. Les Néerlandais, inventeurs du
football total et docteurs ès polyvalence, placent trois représentants
dans la liste. A la manière des décathloniens en athlétisme, dieux du
stade trop peu célébrés, ces inclassables qui brillent dans tous les
domaines du jeu devraient sans doute être considérés comme les meilleurs
footballeurs toutes catégories, devant les génies offensifs et les
collectionneurs de buts. Pouvoir jouer (quasiment) partout sans baisser
de pied, voilà qui n'est pas à la portée du premier Ballon d'Or venu.

Michael Ballack (Allemagne, né en 1976)
Sous
le maillot de la Mannschaft, dont il fut le taulier incontesté entre
2002 et 2008, Ballack a planté la bagatelle de 42 buts en 98 sélections,
statistique époustouflante pour un joueur évoluant dans l'entrejeu. A
la fois très facile techniquement et puissant physiquement (1,90m,
85kg), il brillait tout autant dans le domaine aérien que dans le jeu au
sol, et rarement fut pareil gabarit aussi à l'aise avec la chique dans
les pieds. Ni milieu défensif ni véritable meneur de jeu, il pouvait
redescendre très bas et orienter la manoeuvre en sortant des ballons
toujours propres ou porter le danger dans le camp adverse en se
rapprochant de ses attaquants. Buteur, passeur, relanceur, relayeur,
intimidateur, remarquable tireur de coups francs, Ballack pouvait se
rendre utile à l'équipe de mille façons différentes, et sa capacité à
jouer dans diverses zones du terrain et s'adapter au contexte tactique
le rendait très difficile à contrôler pour l'adversaire. Un monstre.

Philip Cocu (Pays-Bas, né en 1970)
Joueur
sobre
et élégant doté d'un pied gauche très fiable, Philip Cocu a joué à
quasiment tous les postes possibles sous le maillot du FC Barcelone,
qu'il a rejoint en 1998 après dix ans passés au pays. Il est l'un des
rares internationaux hollandais de sa génération à ne pas avoir été
formé à l'Ajax, ce qui ne l'empêchait pas de faire montre d'une
technique sans faille et d'une remarquable intelligence de jeu.
Incontestablement à son meilleur dans un rôle de milieu défensif
relanceur où il pouvait faire parler ses qualités naturelles de passeur
et d'organisateur, il a sorti nombre de copies impeccables en tant
qu'arrière latéral ou de défenseur central, voire même parfois attaquant
de soutien. On oublie d'ailleurs souvent que cet homme à tout faire a
marqué douze buts en Liga lors de sa première saison catalane et au
total plus de cent pions au cours de sa carrière en club. Homme de base
du onze néerlandais pendant dix ans (101 sélections, 10 buts), Cocu
détient le record de matches joués par un joueur étranger avec le Barça
avec 294 apparitions sous le maillot blaugrana.

Steven Gerrard (Angleterre, né en 1980)
Si v
ous
pensez qu'il existe une seule chose que le capitaine des Reds ne sache
pas faire sur un terrain, merci de nous faire part de votre suggestion.
Que peut-on dire sur lui qui n'ait pas déjà été écrit? Protoype du
milieu de terrain polyvalent et dit "moderne", quoi que cet adjectif
veuille dire, il peut prendre les commandes du jeu depuis une position
reculée à la Pirlo , où la précision de son jeu long fait merveille,
comme évoluer au soutien direct de l'attaquant, qu'il apprivisionne
alors en caviar, comme ce fut le cas avec Torres. Longiligne et
athlétique, il est redoutable dans les duels et sa puissance de frappe a
nourri sa légende (140 buts pour le LFC). Sa science du placement, la
qualité de ses tacles et son engagement de tous les instants en font un
élément performant sur le plan défensif. Ce leader dans l'âme, sur qui
l'entraîneur peut toujours compter pour assurer la bonne tenue technique
du collectif, donne également l'exemple par son attitude rageuse et
combative. Steven Gerrard, c'est l'aristocrate du jeu qui vient prêter
main forte dans la salle des machines.

Dirk Kuyt (Pays-Bas, né en 1980)
Lor
sque
que Kuyt rejoint les rangs de Liverpool en 2006, c'est avec une
étiquette de buteur, puisqu'il reste sur 70 buts en trois saisons avec
Feyenoord. Depuis, le Hollandais a certes marqué un total respectable de
pions avec les Reds (66) mais a surtout su se rendre indispensable au
collectif par son sens du dévouement et du sacrifice, son pressing
incessant et son précieux travail de sape. Kuyt appartient à la
catégorie des joueurs de devoir qui font ce qu'on leur dit de faire et
appliquent les consignes à la lettre. Qu'il s'agisse de se coltiner les
sales besognes seul en pointe, de soutenir l'avan-centre ou de bloquer
un couloir, il répond toujours présent. Infatigable, il est devenu un
des favoris du public d'Anfield, qui apprécie à sa juste valeur son
engagement et son irréprochable état d'esprit. On connaît peu
d'attaquants qui abattent un tel boulot tout en restant capables de se
montrer décisifs sur le plan offensif. Pas toujours reconnu, Kuyt, dont
l'abnégation finit toujours par convaincre ses entraîneurs successifs,
reste l'un des joueurs majeurs du club et de la sélection néerlandaise.

Luis Enrique (Espagne, né en 1970)
Pas
sé
du Real au Barça en 1996 après cinq saisons sous le maillot merengue,
Luis Enrique mit rapidement les socios catalans dans sa poche, faisant
preuve d'autant de grinta que de finesse technique et d'efficacité (46
buts en Liga sur ses trois premières saisons au club). Compétent dans
tous les registres, rapide, à l'aise balle au pied, dur au mal,
endurant, adroit devant le but, il a occupé toutes les fonctions
possibles au sein de l'équipe blaugrana, sauf celle de défenseur
central. Souvent utilisé comme arrière latéral par Bobby Robson, il
évolue ensuite souvent en position de milieu offensif sous les ordres de
Louis Van Gaal. C'est d'ailleurs dans ce rôle qu'il a disputé trois
Coupes du Monde avec l'Espagne et été titularisé à dix reprises dans la
reine des compétitions. Pour Clemente et Camacho, pouvoir compter sur un
élément aux compétences multiples comme Luis Enrique, joueur de
sélection idéal, était un rêve de sélectionneur. Sacré champion avec les
deux géants du football espagnol, il a marqué plus de cent buts en
quatre cent rencontres de Liga et marqué au moins huit fois en
championnat lors de six saisons différentes: autant dire que l'aligner
en attaque n'était pas franchement un problème.

Park Ji-Sung (Corée du Sud, né en 1981)
Phé
nomène
d'endurance, le petit soldat de Ferguson, arrivé à Manchester en 2005
après deux excellentes saisons avec le PSV Eindhoven, est avant tout un
joueur de couloir qui peut évoluer des deux côtés du terrain. Suivant
les consignes et la physionomie du match, il peut multiplier les appels
de balle et les débordements sur l'aile ou travailler sans relâche pour
bloquer le bord de touche et empêcher les montées adverses. Son volume
de jeu et sa qualité technique lui permettent de jouer dans l'axe sans
aucun problème. Inusable et ultra-discipliné, Park donne dans ses
meilleurs jours l'impression de se démultiplier, et c'est tout sauf un
hasard si SIr Alex lui fait souvent confiance lors des grandes
confrontations européennes (il a disputé 26 rencontres de Champions
League sur les trois dernières saisons, soit davantage que Fletcher ou
Anderson), au cours desquelles sa rigueur tactique et son énergie
s'avèrent précieux. Sélectionné plus de cent fois avec la Corée du Sud,
il a marqué au moins un but dans chacune des trois Coupes du Monde qu'il
a disputées, devenant le premier joueur asiatique de l'histoire à
réussir cet exploit.

Robert Pirès (France, né en 1973)
Ailie
r
dribbleur lors de ses années messines, Pirès n'a jamais perdu ses
facultés d"élimination et de percussion, comme en attestent son entrée
en jeu décisive en finale de l'Euro 2000 ou ses déboulés à répétition
avec Arsenal. Mais peu à peu, sous la houlette de Wenger, il a su
diversifier son jeu et quitter le bord de touche pour devenir un milieu
au profil atypique, à la fois relayeur et accélérateur. Il fut le
meilleur joueur de la Coupe des Confédérations 2001 dans un rôle de
récupérateur-relanceur axial, enchaînant des prestations de haut niveau
et bluffant les observateurs par sa son intelligence tactique et sa
capacité à fluidifier le jeu. Rien ne laissait présager un telle
transformation au début de sa carrière. Elément important des Bleus
pendant huit ans avec ses 79 sélections, il a énormément manqué lors de
la Coupe du Monde asiatique. A trente-sept piges, il rendait encore de
précieux services à Villareal.

Paul Scholes (Angleterre, né en 1974)
Le di
vin
roux, moins souvent mis en avant que certaines stars qui furent ses
partenaires en club et en sélection, est sans doute ce que le football
anglais a produit de meilleur au mileu du terrain au cours des quinze
dernières années avec Gerrard et Lampard . Jamais en reste quand il
s'agissait de mettre un taquet (120 avertissements reçus au cours de sa
carrière), Scholes pouvait envoyer des modèles de transversales, trouver
son attaquant de pointe d'une balle en cloche par-dessus la défense,
pourrir la vie du meneur de jeu adverse, envoyer de la grosse mine des
trente mètres (plus de cent buts avec MU tout de même) ou venir couper
un centre de la tête au premier poteau. Il n'était ni un récupérateur,
ni un relayeur, ni un meneur de jeu, mais les trois à la fois. Surtitré
avec son club, il n'a jamais vraiment réussi à devenir l'un des tauliers
de l'équipe nationale malgré ses 66 sélections, notamment à cause de
l'émergence du duo Gerrard-Lampard (encore eux) dans l'axe qui a souvent
poussé Scholes sur le côté gauche, position qui ne lui permettait pas
d'exprimer toutes ses qualités. Comme quoi, abondance de biens peut
nuire.

Yaya Touré (Côte d'Ivoire, né en 1983)
Atta
quant
de formation, Yaya Touré a progressivement reculé pour devenir un
milieu défensif d'exception. Rare combinaison de finesse technique et de
densité physique, ce qui le rend aussi redoutable dans le jeu vers
l'avant que dans le duel homme à homme et la récupération, il n'est pas
rare de le voir gratter un ballon, éliminer deux adversaires et offrir
une balle de but à ses partenaires d'attaque. Très mobile pour un joueur
de son gabarit, il n'a pas de véritable point faible, si ce n'est un
certain dilettantisme qui peut lui jouer des tours. Dans un bon jour,
son volume de jeu et son rayonnement ont peu d'équivalents. Meneur de
jeu occasionnel, milieu récupérateur et même parfois défenseur central
de secours avec le Barça, il peut jouer et briller dans toutes les
positions axiales. City a sorti le chéquier pour s'offrir ses services,
et, dans le contexte ultra-concurrentiel qui règne au club, Touré fait
partie des rares joueurs dont Mancini ne se passe jamais. On comprend
pourquoi.

Giovanni Van Bronckhorst (Pays-Bas, né en 1975)
Sur
nommé
"Gio", Van Bronckhorst, capitaine des Pays-Bas lors du dernier Mondial,
a connu son moment de gloire planétaire en ouvrant le score lors de la
demi-finale contre l'Uruguay d'une frappe hallucinante de plus de trente
mètres. Ce fut une juste reconnaissance pour ce joueur propre et
discret, qui fut milieu offensif avec le Feyenoord Rotterdam, meneur de
jeu des Rangers de Dick Advocaat pendant trois saisons avant de rendre
quelques services en tant que milieu à tout faire à Arsenal puis de
s'installer définitivement dans un rôle de latéral gauche avec Barcelone
en 2003. Il fut le seul joueur blaugrana à disputer tous les matches de
la campagne européenne victorieuse de 2005-2006. Intelligent
tactiquement, plutôt véloce et doté d'un physique inoxydable, Van
Bronckhorst possédait toutes les compétences requises pour le poste mais
un profil bien plus complet que beaucoup de latéraux de formation.
Sélectionné à 106 reprises, il est le troisième joueur le plus capé de
l'histoire des Oranje derrière Van der Sar et Frank de Boer.

Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire