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dimanche 9 octobre 2011

Christian Vieri, colosse fragile

En 1997, Christian Vieri remporte avec la Juventus son premier titre de champion, à vingt-quatre ans. Ce qu'il ignore alors, c'est qu'il n'en gagnera jamais d'autre, en Italie ou ailleurs, et devra se contenter de deux succès en Coppa Italia et d'une Coupe des Coupes avec la Lazio: un palmarès famélique pour un des tout meilleurs attaquants de sa génération, qui ne s'est jamais trouvé au bon endroit au bon moment. Joueur d'une puissance dévastatrice et au gabarit de déménageur (1,87m, 80kg), Vieri dominait physiquement mais faisait également montre d'une finesse technique au-dessus de la moyenne et d'une grande subtilité gestuelle devant le but.


A la fois redoutablement efficace, costaud dans le jeu aérien et intelligent dans ses déplacements, il présentait le profil du parfait avant-centre. Malheureusement, la carrière de ce géant des surfaces fut perturbée par des blessures en tous genres qui lui laissèrent trop rarement l'occasion de disputer une saison dans son intégralité et d'atteindre des sommets statistiques. Si son corps avait bien voulu le laisser tranquille, il aurait peut-être planté les quelques pions supplémentaires qui lui auraient permis d'étoffer son palmarès. A l'heure du bilan, il peut légitimement nourrir quelques regrets.

Révélé sous le maillot de la Vecchia Signora aux côtés de Zidane et Deschamps, avec qui il dispute une finale de Champions League contre le Borussia Dortmund, Vieri prend tout le monde à contre-pied en signant pour l'Atletico Madrid du légendaire Jesus Gil. En Espagne, il prend une dimension nouvelle et se voit sacré pichichi avec 24 réalisations en autant d'apparitions. Ses performances marquent les esprits, tout comme son improbable but marqué depuis la ligne de sortie de but, et attisent les convoitises au pays. C'est finalement la Lazio qui rafle la mise, mais Vieri ne dispute qu'une vingtaine de matches de Serie A avec les bleu ciel, marquant tout de même sa douzaine de buts au passage, dont un en finale de Coupe des Coupes contre Majorque à Villa Park.

Guère rebuté par la fragilité du joueur, Moratti rêve d'associer Vieri à Ronaldo sous les couleurs nerrazzurri, après avoir copieusement bavé sur Batistuta. A l'été 1999, le président de l'Inter se fend d'un chèque extravagant pour attirer le buteur de la Nazionale à Milan. Aux anges, les tifosi du club pensent voir débarquer le fuoriclasse qui va permettre à leurs favoris de dominer la concurrence et s'installer durablement au sommet de la Serie A. Vieri, quant à lui, intègre une formation ambitieuse à la hauteur de son talent.

Dans les faits, le tandem Vieri-Ronaldo n'existe que de manière intermittente, tant l'un comme l'autre sont embêtés par les pépins physiques. Après avoir changé de tunique pour la troisième fois en trois ans, l' attaquant italien se sédentarise et dispute six saisons consécutives avec l'Inter, à qui il donne ses meilleures années. Entre 1999 et 2005, il marque 103 buts en 143 rencontres de championnat, ne descendant jamais sous la barre des treize buts. Impressionnant de régularité, il franchit deux fois le cap des vingt réalisations, finissant capocanoniere en 2003 avec 24 buts en 23 matches.

Sa présence sur le terrain représentait quasiment l'assurance d'un but, et nul doute que si les blessures l'avaient épargné il aurait atteint à plusieurs reprises le total de trente buts. Au début des années 2000, Vieri, inarrêtable, est à son zénith, et son départ de l'Inter coïncide avec le début d'un laborieux périple qui le mènera sans grand succès de Monaco à Florence en passant par Bergame: une fin de parcours pas très glorieuse qui lui valut non sans raison d'être accusé de courir le cachet. A 38 ans ans, il évolue aujourd'hui au Boavista Saquarema, club de l'état de Rio. 


En deux Coupes du Monde avec la Squadra Azzurra, Vieri a planté neuf buts en neuf matches, ce qui fait de lui le quatorzième meilleur buteur de l'histoire de la compétition à égalité avec des pointures comme Baggio et Rossi et en dit long sur sa capacité à se sublimer lors des grands rendez-vous. En 1998, il bute sur la défense française en quart de finale après avoir planté dans chacun des matches précédents. Quatre ans plus tard, il ouvre le score contre la Corée du Sud en huitièmes avant que la Nazionale ne se fasse littéralement voler au coin du bois. Malchanceux comme souvent, il rate l'Euro 2000 à cause d'un choc avec Buffon, qui déclarera lui aussi forfait, et se blesse au ménisque avec Monaco contre le PSG en mars 2006, à quelques semaines du Mondial allemand remporté par la Nazionale.

Lippi a depuis ouvertement admis que Vieri aurait figuré sur sa liste s'il avait été sur pied. Les mauvaises langues diront que l'équipe nationale a obtenu de meilleurs résultats sans lui et le classeront volontiers dans la catégorie des chats noirs (en 2004, il reste muet et l'Italie se fait sortir au premier tour), mais la vérité n'est pas aussi simple. Avec Del Piero et Totti, il fut pendant quelques années l'atout offensif numéro un de la sélection (23 buts en 49 capes), et il faudrait être sacrément pervers pour considérer a posteriori ses absences comme l'une des raisons des derniers succès italiens.




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