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mardi 24 décembre 2013

OM: la grinta et rien d'autre

Comme souvent, pour ne pas dire comme toujours quand les résultats ne sont pas à la hauteur des attentes et que le peuple gronde, le banc de touche se transforme en siège éjectable: Elie Baup, limogé après une défaite de trop au Vélodrome contre Nantes, n'aura même pas tenu jusqu'à la trêve. Humilié en Champions League par une opposition bien supérieure, largué en championnat par un trio de tête qui carbure à plein régime, l'OM a d'ores et déjà raté sa saison et se voit contraint de revoir ses objectifs à la baisse. Pour sauver ce qui peut encore l'être et créer le fameux "choc psychologique" (un des clichés les plus éculés du microcosme footballistique), Labrune a fait appel à José Anigo, l'homme du cru censé remettre de l'ordre dans la maison et transmettre au vestiaire les "valeurs profondes" du club.



Que reprochait-t-on au juste au coach à casquette? Un déficit de points, bien évidemment, sur le plan strictement comptable, mais également un manque d'ambition dans le jeu et dans le coaching. Or, accuser Baup de ne pas faire du Tele Santana, c'est un peu comme demander à Bozidar Maljkovic d'entraîner les Harlem Globe-Trotters. La saison dernière, l'entraîneur de l'OM était parvenu à tirer son groupe médiocre jusqu'à une inespérée deuxième place à grands coups de 1-0 dégueulasses et en grande partie grâce au leadership technique de Valbuena. Tout le monde tirait à boulets rouges sur ce Marseille à l'italienne mais tirait son chapeau à Baup et vantait la solidarité, la vaillance et la combativité de son équipe, autant de vertus qu' Anigo doit précisément exalter: une logique imparable. Si Labrune voulait du panache, il n'avait qu'à draguer Laurent Blanc.

Baup a dû composer avec un effectif limité, largement façonné par son inconséquent président, qui prétend avoir fait du Borussia Dortmund son modèle de développement (il vaut mieux entendre ça que le dernier single d'Etienne Daho). Certes, Labrune est allé chercher Payet, excellent avec Lille et que personne ne s'attendait à voir plonger ainsi (sauf peut-être les abonnés de Geoffroy-Guichard), mais pourquoi recruter des gamins et mettre en avant une vision à long terme pour recourir aux mesures d'urgence et aux bonnes vieilles méthodes après quelques semaines compliquées? Une stratégie fondée sur la progression de jeunes talents s'accommode mal d'instabilité chronique et de décisions à l'emporte-pièce. Dortmund a prolongé le contrat de Jürgen Klopp au printemps 2009 alors que l'équipe stagnait en milieu de classement et Arsène Wenger tient les commandes d'Arsenal depuis 1996. En virant Baup pour donner les clés à José, illustre formateur-pédagogue, Labrune n'a fait que discréditer son soi-disant "projet".

Lors des dernières journées de championnat, Baup a aussi payé la blessure d'Andre Ayew et l'évidente lassitude de Mathieu Valbuena. Déjà guère flamboyant le reste du temps, le collectif marseillais ne ressemble à rien lorsque que ces deux indispensables tauliers manquent à l'appel. Si les pépins physiques relèvent de l'impondérable, on peut se demander comment les dirigeants phocéens ont pu sérieusement envisager d'attaquer la saison avec seulement trois défenseurs centraux (disons deux et demi, puisque Diawara joue goal volant) et pourquoi ils n'ont pas cherché à se renforcer dans ce secteur plutôt que de claquer quinze millions pour Thauvin, d'autant que les latéraux de service ne connaissent manifestement pas la règle du hors-jeu. Alors que l'OM version 2012-2013 avait fait son fond de commerce de son imperméabilité, Mandanda a déjà encaissé vingt pions à mi-championnat, soit un de plus que Guingamp, nouveau coffre-fort impénétrable de la Ligue 1.

Qu'Anigo assure un intérim jusqu'à la trêve pouvait à la limite se justifier. Qu'on lui confie l'équipe jusqu'au terme de la saison et s'en tienne à une solution de facilité tient de la démagogie. Fort de ses compétences technico-tactiques, l'éternel revenant va marteler son argumentaire maison à la moindre occasion, exhorter les minots à "mouiller le maillot" et à "se battre pour leurs couleurs", demander l'union sacrée, prôner l'engagement, l'agressivité, l'intimidation, puiser volontiers dans le vocabulaire guerrier devant les micros. Et sinon, de fouteballe, on en parle quand? Peu importe,  tant que René Malleville opine du chef ("José, c'est l'un des nôtres") et qu'on maintient la paix sociale. Après le nul miraculeux de l'OM à Gerland (un match que Lyon doit gagner 4-0 tranquille), il ne s'est pas privé de louer l'état d'esprit de ses troupes, qui selon lui méritaient d'arracher un point. Avec Anigo, Labrune a fait un choix clair: la grinta et rien d'autre. Il est vrai que les techniciens de métier qui tiennent un discours sensé et défendent une conception plus élaborée du jeu passent dans l'ensemble moins souvent que les autres sur RMC.



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