Que reprochait-t-on au juste au coach à casquette? Un déficit de points, bien évidemment, sur le plan strictement comptable, mais également un manque d'ambition dans le jeu et dans le coaching. Or, accuser Baup de ne pas faire du Tele Santana, c'est un peu comme demander à Bozidar Maljkovic d'entraîner les Harlem Globe-Trotters. La saison dernière, l'entraîneur de l'OM était parvenu à tirer son groupe médiocre jusqu'à une inespérée deuxième place à grands coups de 1-0 dégueulasses et en grande partie grâce au leadership technique de Valbuena. Tout le monde tirait à boulets rouges sur ce Marseille à l'italienne mais tirait son chapeau à Baup et vantait la solidarité, la vaillance et la combativité de son équipe, autant de vertus qu' Anigo doit précisément exalter: une logique imparable. Si Labrune voulait du panache, il n'avait qu'à draguer Laurent Blanc.

Lors des dernières journées de championnat, Baup a aussi payé la blessure d'Andre Ayew et l'évidente lassitude de Mathieu Valbuena. Déjà guère flamboyant le reste du temps, le collectif marseillais ne ressemble à rien lorsque que ces deux indispensables tauliers manquent à l'appel. Si les pépins physiques relèvent de l'impondérable, on peut se demander comment les dirigeants phocéens ont pu sérieusement envisager d'attaquer la saison avec seulement trois défenseurs centraux (disons deux et demi, puisque Diawara joue goal volant) et pourquoi ils n'ont pas cherché à se renforcer dans ce secteur plutôt que de claquer quinze millions pour Thauvin, d'autant que les latéraux de service ne connaissent manifestement pas la règle du hors-jeu. Alors que l'OM version 2012-2013 avait fait son fond de commerce de son imperméabilité, Mandanda a déjà encaissé vingt pions à mi-championnat, soit un de plus que Guingamp, nouveau coffre-fort impénétrable de la Ligue 1.
Qu'Anigo assure un intérim jusqu'à la trêve pouvait à la limite se justifier. Qu'on lui confie l'équipe jusqu'au terme de la saison et s'en tienne à une solution de facilité tient de la démagogie. Fort de ses compétences technico-tactiques, l'éternel revenant va marteler son argumentaire maison à la moindre occasion, exhorter les minots à "mouiller le maillot" et à "se battre pour leurs couleurs", demander l'union sacrée, prôner l'engagement, l'agressivité, l'intimidation, puiser volontiers dans le vocabulaire guerrier devant les micros. Et sinon, de fouteballe, on en parle quand? Peu importe, tant que René Malleville opine du chef ("José, c'est l'un des nôtres") et qu'on maintient la paix sociale. Après le nul miraculeux de l'OM à Gerland (un match que Lyon doit gagner 4-0 tranquille), il ne s'est pas privé de louer l'état d'esprit de ses troupes, qui selon lui méritaient d'arracher un point. Avec Anigo, Labrune a fait un choix clair: la grinta et rien d'autre. Il est vrai que les techniciens de métier qui tiennent un discours sensé et défendent une conception plus élaborée du jeu passent dans l'ensemble moins souvent que les autres sur RMC.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire