Conflictuel, insolent et
volontiers provocateur, José Mourinho se complaît dans la
polémique, ce qui fait de lui un client privilégié des médias.
Quand beaucoup d'entraîneurs se plaignent de ne pas pouvoir bosser
dans la sérénité, il concentre volontairement la lumière sur lui,
joue au chat et à la souris avec les journalistes et donne systématiquement du grain à moudre aux
experts et observateurs. Que ce soit un trait de caractère ou une
stratégie de management et de communication, il cherche
systématiquement la confrontation et le contre-pied, n'hésitant pas
pour cela à remettre en cause les valeurs les plus établies et à
bousculer les institutions, à l'image du traitement infligé à Iker
Casillas au Real. Cette politique du «seul contre tous» qui fit ses
preuves par le passé et contribua à créer une sorte de mythe autour du technicien
portugais, semble aujourd'hui à bout de souffle.
A Madrid, la méthode
Mourinho a échoué sur bien des plans. Du point de vue des stricts
résultats, même s'il a remporté une Liga, son bilan reste mitigé,
puisque sa mission première consistait à conquérir la dixième
Coupe d'Europe de l'histoire du Real. Tactiquement, il n' pas jamais
trouvé la solution pour contrarier le Borussia et le Bayern, et si Nani n'avait pas été expulsé à Old Trafford, il aurait sans doute reçu une leçon de Ferguson. Mais là n'est
pas le plus grave. Sur le banc de l'Inter, Mourinho se battait déjà
contre ciel et terre mais bénéficiait du soutien indéfectible de
son vestiaire: les Thiago Motta, Eto'o, Samuel et autres Maicon se
dépouillaient sur le terrain pour leur entraîneur. En trois ans sur
le banc du Real, il n' a réussi qu'à se mettre tous les cadres de
l'équipe à dos et à semer la zizanie dans le groupe. A force de
vouloir avoir raison contre tout le monde, il s'est placé dans une
situation intenable d'isolement total, sans les joueurs, ni ses
dirigeants, ni le public de son côté.
La gestion du cas Lukaku a également provoqué bon nombre de critiques outre-Manche. Auteur de 17 buts avec West Bromwich Albion en 2012-13, le jeune attaquant belge a accepté d'être prêté à Everton parce que Mourinho lui a fait comprendre qu'il ne disposerait que d'un temps de jeu limité s'il restait à Chelsea. Depuis son départ, l'ancien joueur d'Anderlecht a claqué quatre buts en trois rencontres pour les Toffees et un doublé en Croatie qui a permis à la sélection belge de se qualifier pour le Brésil. Or à eux trois, Torres, Ba et Eto'o n'ont pas planté le moindre pion en Premier League. Si Mourinho a défendu son choix en affirmant que celui-ci s'avérerait profitable à Chelsea aussi bien qu'au joueur sur le long terme, on ne peut s'empêcher de penser que la puissance et l'efficacité de Lukaku, actuellement en pleine confiance, feraient le plus grand bien à l'attaque des Blues.

Question à dix mille
livres: et si, après tout, le Portugais s'ennuyait à Chelsea? Il a
déjà gagné deux titres avec les Blues et ne peut plus être le
premier à leur offrir la Champions League. Il ne peut même plus se
friter avec Ferguson par médias interposés. En partie grillé par
ses excès sur le banc madrilène (le fameux coup du doigt dans
l'oeil de Villlanova), Mourinho n'a sans doute pas croulé sous les
propositions intéressantes à l'heure de quitter l'Espagne, de telle
sorte que Chelsea pourrait en fait constituer un choix par défaut.
Quel grand club aurait pris le risque d'engager un technicien précédé
d'une réputation aussi sulfureuse ? Si l'on en croit la presse
anglaise, et notamment The Guardian, il n'aurait pas digéré que
Manchester United n'ait pas fait appel à lui pour succéder à Sir
Alex. Voilà qui jette un nouvel éclairage sur les raisons d'un
retour annoncé que Mourinho l'ambitieux vit peut-être comme une
régression.
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